Lycées techniques: «La grève suivie à 80%»

PROTESTATION DANS LES LYCÉES TECHNIQUES

«La grève suivie à 80%»

L’Expression, 10 avril 2007

Les enseignants exigent l’abandon du plan de démantèlement des lycées techniques et technicums.

Le mouvement de grève de deux jours, initié par la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (Cnltt) a pris fin hier. Au dernier jour de leur débrayage, les enseignants du technique ont observé, à travers les 250 lycées techniques et technicums que compte le pays, des sit-in devant les directions de l’éducation des wilayas. Sur le terrain, et à en croire les initiateurs du débrayage, «la grève a été suivie, en moyenne, à 80%». Rappelons que les enseignants ont organisé ce mouvement de protestation de deux jours pour transmettre à la tutelle leurs deux principales revendications, à savoir l’abandon du plan de démantèlement des lycées techniques et technicums et le maintien en place des équipes pédagogiques et du patrimoine matériel, secundo, l’ouverture du dialogue sur les perspectives pour un enseignement rénové et de qualité. Il faut souligner, en outre, que les enseignants protestataires réitèrent, à travers le mouvement de débrayage, leur refus de voir rallier les lycées techniques et technicums au ministère de la Formation professionnelle. Cette nouvelle restructuration ne plait guère aux enseignants qui ne voient en elle qu’un danger imminent, ne visant de surcroît qu’à faire perdre leurs postes de travail aux 6500 enseignants activant dans l’enseignement technique. Sur ce point, il y a lieu de rappeler que le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, El-Hadi Khaldi, avait bel et bien mis les points sur les «i» en soulignant que «ce transfert ne sera pas automatique ni collectif». Et de préciser: «Si les enseignants du technique constatent que leur place est au sein de notre département et que leur contribution devient plus positive et favorable dans l’enseignement professionnel, notre secteur est à leur écoute et toutes les portes leur sont ouvertes pour procéder au transfert de leurs dossiers». Cependant, le ministre a ajouté: «Si les enseignants du technique préfèrent rester dans leur département, personne ne parlera aujourd’hui ni demain d’une mutation ou d’un transfert d’office des enseignants du technique de l’éducation nationale vers l’enseignement professionnel». Clair, net et précis. Contacté hier par nos soins, Mme Zaydi, enseignante dans un lycée technique à Alger et non moins membre de la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (Cnltt) a indiqué que le recours au mouvement de débrayage n’a été fait qu’après avoir épuisé toutes les autres formes de protestation. «Nous avons saisi, à plusieurs reprises, le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, mais nos doléances sont toutes restées lettres mortes. Nous avons beau demander des audiences auprès de M.Benbouzid, mais en vain, toutes nos demandes sont ignorées» a indiqué Mme Zaydi. Dans un communiqué, parvenu hier à notre rédaction, la Cnltt estime que «ce mouvement de protestation, qui a atteint un taux de suivi très large, se veut une réponse claire au ministre de l’Education nationale qui ne cesse d’afficher un mépris à l’égard des enseignants, en refusant tout dialogue et tout débat sérieux autour de l’avenir de l’enseignement technique». Dans ce contexte, est-il opportun d’élaborer des réformes, à tort et à travers, pour qu’au dernier moment on s’aperçoive que ces mêmes réformes connaîtront un échec cuisant? Dans le communiqué parvenu à notre rédaction, la Cnltt rappelle qu’«il ne peut y avoir de réforme au sens propre du terme, sans qu’elle soit débattue au préalable par l’ensemble de la société». De ce fait, les enseignants ne comptent pas baisser les bras en dépit des assurances de la tutelle. «Nous allons vers des réformes et nous refusons de gérer les problèmes des syndicats», a rétorqué le ministre de tutelle, avant-hier, lors de la conférence des directeurs de l’éducation. Hier, toutes les tentatives de prendre attache avec le ministère de l’Education nationale se sont avérées vaines.

Hakim KATEB