Atteintes aux libertés syndicales: Le FFS dresse un tableau noir

Atteintes aux libertés syndicales

Le FFS dresse un tableau noir

El Watan, 2 mai 2013

Des intervenants, lors du forum du FFS, ont mis en évidence les contradictions entre le s lois algériennes et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie.

Le Front des forces socialistes a vivement critiqué, hier, l’état des libertés syndicales et du monde du travail en Algérie. Organisant un forum à l’occasion de la Journée internationale du travail, le FFS, qui a regroupé des représentants de différents syndicats autonomes, a établi un constat peu reluisant. «Sur le plan des libertés, aucune avancée n’est à souligner. 50 ans après l’indépendance, alors que l’Algérie a ratifié les différentes chartes internationales sur le respect des libertés syndicales, que ces libertés sont consacrées par la Constitution, la réalité sur le terrain montre le déni de ces libertés», a indiqué Ali Laskri, premier secrétaire, dans son discours d’ouverture.

Il dénonce dans ce sillage l’administration qui «détient et exerce un pouvoir exorbitant et discrétionnaire pour la délivrance d’agréments aux nouveaux syndicats autonomes». Il regrette qu’un seul syndicat soit l’interlocuteur des autorités politiques et économiques. «Combien de manifestations interdites ? Combien de grèves déclarées illégales ? Combien de syndicalistes réprimés ? La liste est bien longue et elle n’est pas close», a-t-il poursuivi. Le FFS a insisté sur le fait que le pluralisme syndical est «une garantie solide pour la défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs, le développement économique, la démocratie politique et les droits de l’homme». Relevant la détresse de nombreux Algériens qui pataugent dans divers problèmes socioprofessionnels, Ali Laskri estime qu’«il n’y a pas de solution miracle : la mobilisation pacifique est le seul remède pouvant mettre un terme à cette dégringolade sans fin». D’autres intervenants parlent de la marginalisation et de la répression que subissent, au quotidien, les syndicalistes qui se sont évertués à défendre les droits des travailleurs.

Nouar Larbi, coordinateur du Cnapest, a mis en avant le fossé entre les textes juridiques garantissant les droits syndicaux et la pratique sur le terrain qui n’obéit à aucune loi ni règle.«Le droit à la grève reste bafoué par l’administration qui a toujours recours à la voix judiciaire pour freiner les mouvements de grève», a-t-il dénoncé. Azedine Aït Khelifa du Syndicat autonome des communaux a insisté, lui aussi, sur le droit à la grève souvent bafoué par l’administration, dénonçant le refus de la réintégration des syndicalistes arbitrairement suspendus.

De son côté, le coordinateur du Comité national de défense des droits des chômeurs, Tahar Belabas, a appelé à une véritable «coordination des chômeurs, des jeunes et des étudiants» pour permettre «à coup sûr de mettre fin à cette féodalité moderne». Tahar Belabas a cependant précisé que l’objectif de son mouvement «est d’être agréé comme syndicat des chômeurs». Il dit compter sur «toutes les voix libres» pour les aider à faire avancer leur cause, assurant qu’il n’est «ni extrémiste ni autonomiste». D’autres intervenants ont mis en évidence les contradictions entre les lois algériennes et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Des contradictions hautement préjudiciables au libre exercice syndical.

Mokrane Ait Ouarabi