Syndicats autonomes et associations dénoncent dialogue de sourds

Syndicats autonomes et associations dénoncent dialogue de sourds

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 28 avril 2008

Le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a insisté hier sur l’implication de la société civile dans la gestion des affaires publiques, en marge de l’ouverture officielle du séminaire organisé par le ministère des Relations avec le Parlement sur le thème (parlement, société civile, démocratie) à l’hôtel Aurassi. Belkhadem a estimé que la société civile est devenue une nécessité incontournable pour concrétiser la bonne gouvernance. Si le Chef du gouvernement et le ministre des Relations avec le Parlement ont plaidé pour la promotion de la démocratie participative impliquant la société civile, les invités, en l’occurrence des représentants de syndicats autonomes, ont exigé une définition claire de «la société civile ». Le président du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), Docteur Mohamed Yousfi, a demandé à ce que soit définie qui est cette société civile. « Est-ce que la société civile regroupe l’ensemble des citoyens, l’ensemble des syndicats et des associations ? » s’est-il interrogé en ajoutant « sinon pourquoi exclure les syndicats autonomes du dialogue, pourtant la base de toute démocratie est le dialogue ». Et pour illustrer son idée, il précise que malgré « plusieurs demandes d’audience, le gouvernement n’a jamais répondu favorablement à nos maintes requêtes ». « Le Chef du gouvernement nous répond seulement par voie de presse en affirmant que le dialogue est ouvert ». Yousfi conclut en disant qu’il y a un grand fossé entre le discours et la réalité sur le terrain, « il est intéressant de débattre les questions relatives à la promotion de la démocratie participative mais il faut voir si elles sont applicables sur le terrain », a-t-il souligné. Des experts et des universitaires ont affirmé que la démocratie participative permettra au citoyen de contester une loi et que le citoyen aura également la possibilité de faire des propositions, par le biais des organisations et associations, ou à travers l’élu local, ou à travers les parlementaires. Est-ce que cela est possible, notamment quand on sait que des parlementaires trouvent du mal à faire passer leurs propositions ? La présidente de l’association nationale de soutien aux personnes handicapées « El Baraka» a déploré l’absence d’un espace de concertation entre la société civile et le pouvoir. « Nous avons formulé des propositions mais sans obtenir aucune réponse, ni favorable, ni défavorable », a-t-elle précisé en regrettant le fait que son association obtienne difficilement un rendez-vous auprès du ministère de l’Intérieur. «Comment peut-on impliquer la société civile si on ferme les portes et s’il n’y a pas d’écoute et des réponses. Pourquoi donner des agréments à des associations pour les lâcher ensuite dans la nature», a-t-elle ajouté. La présidente de l’association a préconisé, dans ce sens, la création d’un ministère des Relations avec les Associations et la Société civile. La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoun, a plaidé pour sa part à la redynamisation des rôles du parlement et l’élargissement des prérogatives des élus et ce, pour éviter les abstentions massives au vote, comme c’était le cas dans les dernières élections législatives. Elle s’est dite, pourtant, contre l’ingérence des ONG dans la gestion des affaires publiques, notamment les ONG étrangères.