Débrayage annoncé du CNES contre la nouvelle grille

Débrayage annoncé du CNES contre la nouvelle grille

Les syndicats autonomes en appellent à Bouteflika

par Sofiane M., Le Quotidien d’Oran, 22 septembre 2007

La nouvelle grille de salaire de la fonction publique annoncée par les pouvoirs publics et censée calmer le front social semble provoquer l’effet contraire chez les syndicats autonomes qui s’accordent désormais à rejeter ce nouveau système de rémunération. Un bras de fer entre les syndicats autonomes et les pouvoirs publics paraît, aujourd’hui, inévitable et risque de secouer, durant les prochains mois, le front social du pays.

Dans une première réplique commune à l’approbation de la nouvelle grille de salaire de la fonction publique, les six syndicats autonomes des secteurs de l’Education nationale et de celui de l’Enseignement supérieur ont condamné avec vigueur leur exclusion du processus ayant abouti à l’élaboration de ce nouveau système de rémunération.

Dans une déclaration commune, les six syndicats autonomes (CNES, SNCP, SNPDSM, SNMASM, UNPEF et SNAPEST), qui se sont réunis mercredi dernier, ont énergiquement dénoncé «l’attitude des pouvoirs publics» et l’opacité totale qui a conduit à l’élaboration de cette grille. Les syndicats accusent les pouvoirs publics de créer la confusion en recourant à l’utilisation de la rumeur comme seul canal de communication. Réagissant aux déclarations faites par le DG de la Fonction publique, mercredi dernier, qualifiant les syndicalistes qui avaient contesté la nouvelle grille d’agitateurs, les co-signataires ont exprimé leur indignation devant ces propos «gravissimes», «irresponsables» et «infantiles». Les syndicalistes ont saisi l’occasion pour rappeler au DG de la Fonction publique que l’obligation de réserve lui incombe comme tout haut fonctionnaire et particulièrement dans ce cas précis. Ils reprochent également au DG de la Fonction publique d’avoir maintenu au secret l’adoption express des dispositions relatives au régime indemnitaire des fonctions supérieures de l’Etat qui sont méconnues pour l’ensemble des fonctionnaires. Les co-signataires ont aussi assumé la totalité des «positions exprimées par les différents syndicats représentatifs des fonctionnaires». Cependant, le point fort de cette déclaration commune est le rejet des co-signataires de «cette grille présentée comme la panacée des revendications socio-professionnelles des fonctionnaires». Mais, selon les concernés, elle «n’est, en fait, qu’un simple jeu d’écriture comptable aboutissant à une augmentation destinée à être engloutie par l’inflation galopante». Pour justifier leurs critiques, les syndicats précisent que les deux principales indemnités l’ISS et l’ICC qui représentent, actuellement, à elles seules plus de 70 % du salaire ont été diluées par la nouvelle grille dans le salaire. Une mesure qui anéantit la revalorisation de la valeur du point indiciaire à 45 dinars, qui ne représente, selon les syndicats, par le «jeu d’écriture comptable» que 21 dinars seulement. Les syndicats autonomes déplorent que les engagements des pouvoirs publics pour l’amélioration des conditions socio-professionnelles des fonctionnaires se sont révélés en fin de compte un «leurre». «Par cette supercherie qualifiée de grille de salaire, censée consacrer le savoir et la compétence, le devenir du pays se retrouve largement compromis. L’espoir né des promesses et engagements non tenus est tout simplement confisqué», dénoncent les co-signataires qui lancent un appel pour la mobilisation de tous les syndicats de la fonction publique afin de contraindre les pouvoirs publics à revoir cette «grille de salaire». Les six syndicats autonomes ont également sollicité l’intervention du président de la République pour «corriger ce déni de justice». Si ces syndicats autonomes n’ont pas décidé pour l’instant d’actions concrètes à entreprendre, le Conseil National des Enseignants du Supérieur (CNES) est passé à l’action en annonçant jeudi dans une déclaration l’organisation de trois journées de protestation avec arrêt de travail les 20, 21 et 22 octobre prochain. Le CNES a aussi décidé de tenir des AG le samedi 20 octobre prochain dans tous les établissements universitaires ainsi qu’un conseil extraordinaire pour adopter le plan d’action du syndicat.