3e congrès du CNES

3e congrès du CNES

Vers une nouvelle vision syndicale ?

Par : Hafida Ameyar, Liberté, 28 mars 2007

Les congressistes éliront le bureau national de l’organisation, qui devrait ensuite désigner un coordinateur national.

Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) tient depuis hier son 3e congrès à l’hôtel Sveltesse, à Chéraga (Alger). Quelque 500 délégués, venus de 29 établissements et représentant une trentaine de sections du Cnes sur les 41 sections existantes, y ont pris part. Outre l’élection d’un bureau national qui devra ensuite choisir un nouveau coordinateur national de ce syndicat, les congressistes auront, notamment, à trancher le contenu du programme d’action et surtout revoir le statut et les textes à la lumière de “la crise” qui a frappé la direction du Cnes depuis plus de 10 mois. Pour le coordinateur national sortant, Ali Boukaroura, les pratiques de “l’autre aile”, beaucoup plus versée dans les grèves, sont en contradiction avec “l’avis de la majorité du conseil national, qui était en faveur de la décision judiciaire de ne pas aller en grève en mai dernier”.
“C’est la première fois de ma vie que j’ai mis les pieds au tribunal et j’avais peur”, a-t-il révélé lors d’une conférence de presse, qualifiant les membres de l’autre aile d’irresponsables. “Nous assumons le passé syndical, mais en plus de la grève, le Cnes doit se transformer en une force de proposition et de construction”, a poursuivi M. Boukaroura, estimant que son syndicat reste un cadre “revendicatif” conformément à sa création en 1992 et qu’il doit réadapter ses méthodes et ses moyens à la nouvelle conjoncture, “dans le cadre des lois algériennes”. Une conjoncture marquée par “les réformes LMD et la loi d’orientation”, ainsi que par l’émergence d’“un projet sur la privatisation des universités”.
Concernant ce dernier projet, M. Boukaroura fera part des “inquiétudes réelles” de son organisation, car “par principe, l’enseignement supérieur, comme l’éducation et la santé, fait partie de la raison d’être d’un État”. “Si ce projet porte préjudice à l’enseignement public, nous riposterons”, a-t-il ajouté en précisant que ce dossier figurera dans l’agenda des priorités de la nouvelle direction du Cnes.
L’autre dossier, tout aussi important, est celui du statut particulier de l’enseignant-chercheur, qui aura un impact certain sur les salaires.
“Le nouveau bureau national se chargera de ce dossier”, a affirmé le premier responsable sortant du Cnes.
Ce dernier soutiendra par ailleurs, que pendant les trois jours de congrès, les délégués approfondiront “la réflexion” sur les questions d’organisation, notamment sur “la réhabilitation du travail des sections syndicales pour ne plus revenir à l’anarchie”.
De son côté, M. Rahmani, coordinateur adjoint, présent à la conférence de presse, a affirmé : “Le Cnes est à la croisée des chemins. Nous profiterons de la crise organique pour régler certains points jusque-là occultés.”
Référence faite au programme d’action du syndicat qui sera élaboré pour les 3 années à venir et à la “nouvelle vision du Cnes”.

H. Ameyar


ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Le congrès du CNES sans les dissidents

par Salah-Eddine K., Le Quotidien d’Oran, 28 mars 2007

En soulignant le caractère revendicatif du Cnes, les responsables du syndicat des enseignants du supérieur optent pour une conduite «sage».

Reporté plus d’une fois, le 3ème congrès du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a finalement pu se tenir. Les raisons de ces reports a expliqué le coordonnateur national Ali Boukaroura sont que « nous n’avions voulu éliminer personne », « nous avons voulu reprendre les personnes ayant fait l’objet de sanctions par la commission de discipline du Cnes mais, hélas, les tentatives pour ramener les « exclus » du Cnes à de meilleurs sentiments n’ont pu aboutir, fait constater ce même interlocuteur. Pis, fait-t-il remarquer, ces sections qui ont quitté le conseil national en mai dernier « se sont organisées en coordination pour rivaliser avec le Cnes » et ce, « en dépit » de nos appels pour l’organisation d’un congrès qui n’exclurait personne.

Alors même que le caractère revendicatif est prôné haut et fort par les responsables du Cnes, il n’en demeure pas moins que le changement de stratégie recherchée sera celui de la « normalisation » du Cnes. A ce propos, dira le premier responsable du Cnes, que le syndicat qu’il représente «a besoin d’une visibilité pour mener à termes les revendications.

Dans une allusion à ses opposants que le Cnes « ne doit pas être un syndicat des assemblées générales et de revendications rentières, voire corporatistes où les intérêts supérieurs de l’université sont totalement omis ». Ce sont là, globalement, les affirmations du coordonnateur national du Cnes, en ce premier jour du congrès, qui indiquent bel et bien que des « changements » attendent le Cnes au moins pour les trois années à venir. Le Cnes est appelé à changer sa stratégie en optant pour un « syndicalisme professionnel » avec des droits et des devoirs..

Pour ce qui concerne la journée d’hier, les travaux des délégués syndicaux ont consisté à l’installation de 2 commissions. L’une, aura la tâche de s’occuper du statut fondamental du Cnes. Un document qui a été élaboré et discuté par la base durant les trois derniers mois, et peaufiné récemment, à Annaba, sera mis à l’approbation des congressistes pour son adoption. Selon Malik Rahmani, coordonnateur adjoint, le statut devra « cristalliser » l’expérience vécue depuis la crise de mai 2006, qu’a connue le conseil des enseignants et surtout de « stabiliser » le Cnes a-t-il indiqué. La seconde commission, installée hier, aura pour mission, lors de ce congrès, de définir un programme d’action du syndicat des enseignants pour la protection des acquis de l’université à l’heure où l’on parle, de plus en plus, de privatisation par la création d’écoles supérieures qui échapperaient au contrôle de l’université, et par conséquent, de l’Etat.

«Le Cnes défendra avec acharnement le caractère public de l’université » a précisé le coordonnateur du Cnes. Ce document fait référence aux tâches prioritaires du Cnes. Ce congrès, qui se tiendra jusqu’à jeudi, aura regroupé les délégués de 31 sections syndicales sur un nombre total de 41. Une nouvelle direction sera élue aujourd’hui.