Sahara Occidental: Impasse à l’horizon des négociations ?

Sahara-Occidental

Impasse à l’horizon des négociations ?

par Sofiane .M., Le Quotidien d’Oran, 9 août 2007

Le deuxième round des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, prévu vendredi et samedi à Manhasset, près de New York, entre le Maroc et le Front Polisario, a peu de chances de déboucher sur des avancées. La position figée et intransigeante du royaume chérifien qui s’obstine à faire passer son projet d’autonomie du Sahara-Occidental sous souveraineté marocaine risque une fois de plus de miner ce deuxième round des négociations.

D’ailleurs, le premier round des négociations qui s’est tenu les 18 et 19 juin dernier n’a abouti à aucune avancée en raison de cette position intraitable de la délégation marocaine qui ne veut rien concéder aux Sahraouis. Hier, le représentant sahraoui à Washington, M. Mouloud Saïd, a confié «ne pas croire à la bonne volonté du Maroc» et craindre que ses tergiversations, son intransigeance et ses manoeuvres dilatoires n’aboutissent à «une impasse et ne fassent échouer» les pourparlers de paix lancés en juin dernier. «Les différentes déclarations faites par le gouvernement marocain ne nous laissent pas optimistes» quant à l’issue de ces pourparlers, a-t-il affirmé à l’APS.

Mohammed VI avait, en effet, déclaré, fin juillet dans un discours à l’occasion du 8ème anniversaire de son intronisation, que l’autonomie représentait l’ultime solution pour régler le conflit du Sahara-Occidental. Il avait soutenu que «la solution (…) à ce conflit artificiel est le projet d’autonomie consensuel sous la souveraineté du Maroc et rien d’autre que ce projet d’autonomie». Mais cette proposition est rejetée par le Front Polisario qui réitère le droit des Sahraouis à l’autodétermination. «Toute solution qui ne respecte pas le droit du peuple du Sahara-Occidental à exercer son droit à l’autodétermination ne sera pas acceptée par le peuple sahraoui», a assuré M. Mouloud Saïd tout en affirmant que «le diktat et la fuite en avant de Rabat ne sauraient constituer des solutions à la paix et à la stabilité dans la région du Maghreb».

Interrogé par l’APS sur le fait que certains analystes à Washington pronostiquent déjà une éventuelle rupture des négociations, du fait même de l’unilatéralisme et de l’intransigeance des Marocains, il répondra que le Front Polisario est décidé à aller aux négociations «avec les meilleures volontés». «S’il y a rupture du dialogue, cela reviendrait à la position du royaume du Maroc qui cherche seulement à consacrer son occupation du Sahara-Occidental, faisant fi des résolutions onusiennes appelant à l’organisation d’un processus d’autodétermination qui inclut aussi l’option d’indépendance», a-t-il expliqué. «La seule solution acceptable est celle qui représente et respecte le libre choix du peuple du Sahara-Occidental tel que garanti par la dernière résolution 1754 du Conseil de sécurité, du 30 avril 2007», a-t-il estimé. Abordant la position américaine face à ces négociations de paix, il notera qu’il y a certaines forces à l’intérieur de l’administration qui essaient de privilégier la position marocaine et de pousser le gouvernement Bush vers une position qui soit en rupture totale avec la légalité internationale et renie la position constructive adoptée par le passé par Washington et soutenant l’autodétermination. «Cet alignement sur la position de Rabat ne peut pas faire avancer la recherche d’une solution politique et diplomatique, parce que toute solution qui ne respecte pas la volonté du peuple sahraoui sera vouée à l’échec. Elle ne sera pas une solution pour le peuple sahraoui et le peuple sahraoui ne sera pas partie prenante dans cette solution», a-t-il estimé.

Cette position de l’administration américaine est vivement critiquée aussi bien par des militants des droits civils et des citoyens que des sénateurs et congressmen, qui viennent, une nouvelle fois, de saisir le président Bush, lui demandant d’appuyer le principe de l’autodétermination du Sahara-Occidental. En effet, plusieurs parlementaires américains ont adressé, cette semaine, une lettre au président George W. Bush dans laquelle ils réaffirment le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et dénoncent, comme une violation du droit international, le projet d’autonomie que propose Rabat.