Les manifestations empêchées à Alger

Les manifestations empêchées à Alger

Le Quotidien d’Oran, 21 avril 2003

Décor inhabituel aux pourtours des instituts de l’université d’Alger à l’occasion des festivités marquant le 23e anniversaire du printemps berbère. Le déploiement des forces de sécurité a frappé par son ampleur aussi bien à Alger-centre, aux alentours de la faculté centrale, qu’à Bouzaréah, à la faculté des sciences humaines.

Dès les premières heures de la journée, les brigaades anti-émeutes ont investi les rues dissuadant toute tentative de manifestation publique. Les étudiants voulaient marcher à l’occasion de cet anniversaire qui coïncide aussi avec les émeutes du printemps noir. Les forces de la police quadrillant la faculté centrale ont empêché les étudiants de franchir le seuil de l’université. Les agents de l’ordre armés de boucliers et de matraques, assistés de nombreux policiers en civil, disposés en colonnes dans les rues qui jouxtent l’université, épiaient le moindre attroupement.

A l’intérieur de la Fac, les étudiants scandaient des slogans antipouvoir. «Y en a marre de ce pouvoir», «Police complice, pouvoir assassin», «Jugez les assassins, libérez les détenus», «Pas de pardon»…, entendait-on de la rue qui fait face à la faculté d’où l’on pouvait apercevoir qu’une foule compacte s’est massée devant le portail d’entrée principale. La tentative de sortie a été vigoureusement repoussée par les éléments des forces anti-émeutes. Un gros camion à canon à eau veille au grain à quelques mètres de là. Un autre est stationné devant la Grande Poste où sont disposées d’autres unités d’intervention.

Bref, le coeur d’Alger a compté plus de policiers que de piétons. Le moindre attroupement est vite suspecté d’être une réponse à l’appel des organisations estudiantines. Une rumeur sur un appel discret similaire, qui émanerait du mouvement des ârchs, explique le déploiement aussi imposant des forces de sécurité qui n’ont commencé à se retirer qu’à la dispersion des universitaires aux alentours de 13 heures.

A Bouzaréah, une marche à l’appel de membres de la fondation Maatoub de l’université d’Alger vers le Palais du gouvernement a été annulée. La forte présence des brigades anti-émeutes les en a dissuadés. Mais cela n’a pas empêché une centaine d’étudiants de se regrouper à l’entrée de l’université dans l’enceinte de cette dernière. Les mêmes slogans étaient repris tandis que les organisateurs de la manifestation veillaient à éviter toute sortie vers la rue.

Les étudiants se sont dispersés dans le calme sous les chants de Maatoub Lounès.

M. Aziza et O. Sadki