Des signes qui s’apparentent à une forme de désobéissance civile

ANNABA VIT AU RYTHME DES ÉMEUTES

Des signes qui s’apparentent à une forme de désobéissance civile

Le Soir d’Algérie, 30 mars 2010

Annaba vit ces derniers jours au rythme des émeutes. Chômage, logement et autres tracasseries de la vie quotidienne sont les principales causes du mécontentement des citoyens. Dimanche, en fin d’après-midi, la populeuse localité de Boukhadra a vécu une soirée que certains ont qualifiée de début de révolte. Il y a eu d’abord la protestation des bénéficiaires de logements sociaux dans la commune de Oued Aneb, daïra de Berrahal, à quelque 30 km de leurs habitations précaires.
Refusant cette deuxième proposition d’être transférés de leur commune d’origine, El-Bouni en l’occurrence, où ils avaient été inscrits pour bénéficier de logements ruraux, ils ont fermé la route durant plusieurs heures, à l’aide de grosses pierres et de pneus brûlés. Quelques instants après le début de cette protesta, les proches et les amis des deux jeunes blessés la semaine écoulée par arme à feu par l’un des agents de police en civil qui allaient procéder à l’arrestation d’un malfaiteur recherché pour divers délits se sont joints aux manifestants. Pour rappel, les policiers, ont été empêchés par les amis du mis en cause d’embarquer ce dernier menotté. Une altercation s’est produite entre les jeunes présents et les policiers, avant de se transformer en un affrontement entre les jeunes du quartier et ces derniers qui ont fait venir du renfort, devant la tournure des événements. Une fois le calme revenu, les deux jeunes atteints par balle ainsi qu’un policier blessé grièvement à la tête à l’aide d’une pierre, ont été évacués vers les urgences hospitalières. Jeudi dernier, c’était le quartier de Sidi-Salem qui a vécu une matinée mouvementée. En effet, une opération de destruction de 35 constructions illicites sur ordre des autorités locales a tourné à l’émeute. Les occupants de ces baraques ont catégoriquement refusé de quitter les lieux en s’opposant aux engins qui s’apprêtaient à détruire leur habitat précaire, érigé sur un terrain appartenant à un privé, au lieudit Bouakkadia. Les manifestants ont fait face aux forces de l’ordre, les échauffourées ont fait cinq blessés parmi les policiers, alors que neuf manifestants ont été arrêtés. La présence sur les lieux de policiers en grand nombre a cependant permis à l’opération de destruction des baraques d’aller à son terme. Ces refus de permettre aux forces de l’ordre d’accomplir leur mission et qui se sont reproduits ces derniers jours à Annaba n’ont pas manqué d’être assimilés par des observateurs locaux à des actes qui s’apparentent à une forme de «désobéissance civile».
A. Bouacha