Bouteflika au Sud : «Je n’ai pas pardonné aux terroristes

Il reconnaît que les éléments de la sécurité ont commis des dépassements

Bouteflika au Sud : «Je n’ai pas pardonné aux terroristes

 

Par Hasna Yacoub, La Tribune, 25 mars 2004

«Je ne suis pas là pour demander des comptes au pouvoir. Moi-même, je dois rendre des comptes», a déclaré, hier à partir de Béchar, le candidat Bouteflika. Cette déclaration a été faite juste après qu’il eut reconnu que «des dépassements ont été commis par certains membres de la sécurité». Auparavant, il fera l’éloge de l’ANP (Armée nationale populaire) en affirmant que ses enfants sont les descendants de l’ALN (Armée de libération nationale) : «Il nous faudra leur être reconnaissant d’avoir sauvé la République.» Le candidat Bouteflika reconnaîtra par la suite que «certains dépassements auraient été commis par des éléments de la sécurité». Mais ces dépassements, renchérit l’orateur, «ont été commis pour vous, pour votre sécurité, pour la sécurité de vos enfants […]».Il affirmera par la suite qu’il n’est pas là «pour demander des comptes». Aujourd’hui, ce qui compte, selon lui, «c’est d’aller vers la stabilité, seul moyen permettant le développement au pays». Devant une assistance nombreuse et un accueil des plus chaleureux à Béchar comme à Adrar et Naama où il s’est rendu pour ce septième jour de campagne, Bouteflika a, encore une fois, prôné les bienfaits de la concorde nationale. «La concorde a été acceptée par les deux chambres du Parlement. Elle a été également adoptée par tout le peuple algérien», dira-t-il sous les applaudissements des citoyens. Du sud-ouest du pays, Bouteflika, qui tient à la concrétisation de la «réconciliation nationale», s’adressera aux familles victimes du terrorisme : «Nous avons lutté contre le terrorisme. Nous en avons éradiqué une partie, non par vengeance mais par justice.» Il a, en outre, affirmé : «A ceux qui disent que nous tendons la main aux terroristes, je jure par Dieu que nous les exterminerons. Quant à ceux qui se repentissent la justice et la loi sont devant eux.» Précisant le concept de la concorde civile, le candidat dira : «J’ai pardonné aux criminels condamnés à mort mais pas aux terroristes.» Pour ces derniers, le candidat à sa propre succession offre le choix au peuple : «Je ne suis pas adepte de la condamnation à mort mais si c’est ce que voudra le peuple alors sa volonté sera respectée dans le cadre de la loi.» «Il y a une frange dans mon pays qui est très blessée. Des blessures qui ne se referment pas, j’en suis conscient. Mais que faire si nous aspirons à la paix dans notre pays», se demande-t-il avant de répondre : «Nous voulons une Algérie pour tous les Algériens.» A Adrar, le président-candidat s’adresse de nouveau aux familles victimes du terrorisme : «En quelle langue dois-je m’adresser à ces personnes qui ont beaucoup souffert du terrorisme, et en quelle langue dois-je leur demander pardon de parler de la réconciliation nationale. Mais elles savent que des gens se sont égarés et ont cru s’orienter vers le droit chemin en utilisant le couteau.» «Je cherche le pardon chez ceux qui ont souffert. Beaucoup souffert. Que Dieu apaise leurs souffrances», répétera à plusieurs reprises Bouteflika. Il dira également à l’adresse des «égarés» que ces derniers «doivent reconnaître qu’ils ont fait beaucoup de tort au pays».D’El Meniaa, Bouteflika, qui reviendra sur ses réalisations durant son premier mandat, affirmera pouvoir arriver à «la prospérité», mais pour ce faire, «nous devons améliorer nous-mêmes notre situation. Je ne vous demande pas d’aller à pied à La Mecque mais juste de respecter la loi et la Constitution». Soutenant pouvoir apporter la «guérison» à l’Algérie, Bouteflika appellera les populations du Sud à voter pour lui : «Voilà mon programme et nous allons de l’avant. Vous avez rendez-vous avec l’histoire le 8 avril prochain. Je vous propose la guérison de l’Algérie. Le choix est clair, je pense, mais si vous voulez gager le pays, vous êtes libres.» en ce qui concerne l’affaire du FLN, Abdelaziz Bouteflika a réaffirmé que le FLN est le parti du peuple. «Je refuse que le FLN soit instrumentalisé par une faction. ‘‘Redresseurs’’ ou pas, c’est eux le parti du FLN», a-t-il affirmé. Il ajoutera, de Naama : «Nous ne sommes pas des traîtres. Ce n’est pas une faction qui pourra l’accaparer.» «Si je fais un serment avec une personne dans l’Armée, il n’y a que la mort qui peut nous séparer», a-t-il précisé.

H. Y.