L’ANP a tenu son engagement


L’ANP a tenu son engagement

par Mustapha A. , Le Jeune Indépendant, 10 avril 2004

L’élection présidentielle de 2004 restera à jamais inédite dans l’expérience algérienne dans le processus démocratique qui a évolué, faut-il le souligner, en dents de scie depuis les événements d’octobre 1988, durant lesquels la jeunesse s’était soulevée contre le système du parti unique et ses iniquités sociales.

A l’époque, les analyses de la presse internationale, notamment occidentale, sur les événements d’octobre avaient expliqué le blocage du système par deux facteurs influents de la vie politique : l’armée en tant qu’épine dorsale du système et le FLN, en sa qualité d’appareil redoutable du régime.

Depuis, l’armée n’a pas cessé d’être sous les feux de la rampe, notamment depuis l’arrêt du processus électoral de 1991, et le FLN n’a pas réusssi à concrétiser son ambition d’être le parti «moteur» du pays avec l’ouverture politique de février 1989, en raison du lien ombilical qui le maintient en relation permanente avec le pouvoir, malgré la petite parenthèse d’Abdelhamid Mehri.

Cependant, le premier enseignement à tirer de cette élection, hormis le fait que les Algériens se sont exprimés en toute liberté et même en Kabylie, est que l’institution militaire a tenu son engagement de neutralité vis-à-vis du scrutin, même si certains politiques voyaient dans cette neutralité une option favorable au candidat Bouteflika.

En effet, par la concrétisation, sur le terrain du vote, de cet engagement, les responsables militaires du pays – appelés communément les décideurs – ont montré à l’opinion nationale et internationale et à nos partenaires qu’ils ne voulaient pas rester éternellement des «faiseurs de roi».

Quoique récusant cette «mission» politique des militaires, les politiques algériens, toutes tendances confondues, n’hésitent toujours pas, dans des circonstances particulières, à interpeller l’ANP sur des questions imminemment politiques.

Pour le cas de l’élection présidentielle, il faut souligner qu’en dépit des appels du pied, des candidats et des politiques, hostiles à Bouteflika, ont exercé une pression pour que cette institution intervienne sur la scène politique pour, de ce fait, l’amener à trancher en faveur d’un camp ou d’un autre.

Mais l’armée est restée de marbre, ne cédant à aucune pression ou tentation pour d’abord honorer son engagement en gardant son impartialité et, ensuite, soigner son image ternie par des écrits de presse et des déclarations de politiques, notamment depuis son intervention en janvier 1992 pour interrompre les législatives, remportées par le FIS.

Sous un autre angle, on peut maintenant dire qu’à travers sa décision de quitter la scène politique et de laisser les Algériens «assumer leurs options électives», la hiérarchie militaire réitère, de cette façon, qu’elle est désormais tournée en direction de la professionalisation de son corps afin de se conformer pleinement à ses missions constitutionnelles.

Cette facette positive de la présidentielle 2004, due à la position de l’ANP, a entraîné, en conséquence, la neutralité de l’administration et de la justice, notamment durant le déroulement du scrutin, même si les trois candidats «malheureux» crient à la fraude «massive» sans pour autant apporter les preuves de leur accusation.

En tout état de cause, la hiérarchie militaire a tenu son engagement en ne gênant ni favorisant personne, et ceux qui espéraient une quelconque intervention pour bloquer Bouteflika se sont lourdement trompés d’appréciation. Finalement, ceux qui entretenaient l’invraisemblable conflit Bouteflika-ANP ont dû remarquer que c’était là une véritable duperie.

Hamrouche a-t-il bien apprécié la tendance ? L’avenir nous le dira… M. A.