«Nous étions contre l’arrêt du processus électoral»

BELAYAT A L’UNIVERSITE D’ETE DU FLN

«Nous étions contre l’arrêt du processus électoral»

Le Quotidien d’Oran, 27 juillet 2003

C’est dans une atmosphère suffocante qu’Ali Benflis et Abderrahmane Belayat ont fait leurs discours respectifs.

Cette salle a été choisie parce que ce sont nos militants qui la surveillent et l’électricité ne risque pas d’être coupée», dira Benflis à propos du lieu de l’université d’été. C’est sous une température infernale -la climatisation faisant défaut en ces temps de canicule- qu’il a discouru hier devant une foule dense composée de militants et d’un grand nombre d’invités.

D’emblée, il réfutera le terme «rupture» pour noter «qu’il a pris le parti de la continuité dans l’action (…) afin de lui permettre de mener son oeuvre de renouveau». Il dénoncera «la marginalisation des diplômés», de la femme, des jeunes, «la déperdition de l’expertise algérienne expatriée», «la limitation des prérogatives des élus locaux» et trouvera «inconcevable» que l’Algérie ne dispose pas d’instituts spécialisés ou de recherche. «La formation à la citoyenneté» est le thème que Benflis choisit avec une référence à «la réapparition dans notre pays de maladies et d’épidémies qu’on croyait disparues à jamais». «Parce que la responsabilité dans ce domaine est collective», l’ex-chef du gouvernement estimera que «le véritable challenge de la réforme du système éducatif ne réside pas dans un débat stérile et interminable sur l’enseignement des langues étrangères et la primauté des langues nationales». L’accès gratuit aux technologies modernes «aux établissements d’éducation, aux maisons de jeunes et aux centres culturels» et la réduction du prix du livre sont évoqués comme défis à gagner.

A condition qu’il y ait «une forte et réelle volonté politique et une détermination dans la décision». Il saluera «le courage et la bravoure de l’ANP» pour avoir combattu le terrorisme.

Benflis rappelle l’opposition du FLN à la privatisation de Sonatrach et son rejet du «démantèlement systématique du secteur public et sa privatisation».

Ainsi l’ex-chef du gouvernement aura-t-il tracé hier les grandes lignes «du projet politique, économique, social et culturel que le FLN soumettra au peuple algérien». Projet qu’il qualifie de «cohérent qui présente des alternatives viables et qui introduit un changement radical dans la culture de l’exercice du pouvoir et dans les méthodes de travail».

Après la pause, Benflis donne la parole à Belayat. De palabre à une autre, ce sénateur avouera que le FLN était contre l’arrêt du processus électoral. «Quand ils sont venus nous voir, même en nous proposant un tiers pour chacun, nous étions contre cette action», dira-t-il. «Ils sont venus jusqu’au bureau du secrétaire général de l’époque -Si Mehri-, pour nous le demander… » La salle applaudit. «Vous croyez que vous aimez Mehri tous seuls, nous aussi, nous l’aimons mais nous ne nous sommes pas entendus avec notre frère, nous l’avons dit sans appeler à des interventions et sans nous plaindre à qui que ce soit» rétorque-t-il. Toujours par une allusion impersonnelle et citant le HCE et le CNT, Belayat précisera que «nous leurs avons dit vous avez pris le pouvoir, vous avez saisi la légitimité, mais nous refusons d’intégrer des institutions qui n’ont pas été élues par le peuple». Et d’ajouter que «nous leurs avons envoyé une contribution dans laquelle nous leur disons qu’ils ont transgressé la Constitution». Belayat conclura son intervention en annonçant à la salle que le congrès extraordinaire prévu par le FLN présentera la candidature de Benflis pour la présidentielle de 2004. «Vous nous connaissez, nous sommes habitués à faire des présidentielles», lancera-t-il.

Benflis remerciera chaleureusement Belayat, promettra de bonnes choses aux cadres et dénigrera «une administration qui fonctionne à l’injonction». Au-delà des conférences qui seront données durant cette université d’été, les participants débattront dans leurs lieux d’hébergement sur la loi électorale, le rôle des militants dans les élections et le candidat du parti pour 2004.

Ghania Oukazi