Amar Saadani lâché par ses sponsors

Campagne pour un retrait de confiance au SG du FLN

Amar Saadani lâché par ses sponsors

El Watan, 9 mai 2016

Ce qui n’était qu’un simple texte accusant Amar Saadani, secrétaire général du FLN, de s’être «éloigné des principes fondamentaux» du parti et d’avoir «trahi» sa ligne de conduite, a fini par se transformer en une campagne de collecte de signatures au niveau national pour un retrait de confiance.

Le sulfureux secrétaire général du FLN, Amar Saadani, commence à perdre pied non seulement au sein du parti qu’il dirige, mais aussi auprès de ses principaux soutiens au plus haut niveau de l’Etat. Une pétition suggérant le retrait de confiance a récolté 97 signatures de parlementaires en quelques jours seulement, alors qu’une campagne pour son élargissement aux cadres et militants du parti à travers les 48 wilayas du pays est actuellement menée. Visiblement, les sorties médiatiques de Amar Saadani risquent de lui coûter son poste à la tête du FLN. Non pas parce qu’elles provoquent la grogne au sein de son parti, mais plutôt parce qu’elles ont fini par irriter ses sponsors au plus haut sommet de l’Etat.

D’abord ses déclarations contre Tahar Khaoua, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et membre du comité central du FLN, qui le contredisait au sujet de la nomination du Premier ministre : selon Saadani, ce dernier est désigné parmi la majorité parlementaire, mais Tahar Khaoua lui a rappelé que ce poste relève de la prérogative absolue du président de la République, allant jusqu’à qualifier ceux qui prétendent le contraire d’«auteurs de spéculations».

Amar Saadani accuse mal les propos du ministre, et ce sont ses plus proches collaborateurs qui vont se charger de réagir à sa place à travers une pétition contre le ministre, signée par une trentaine de députés, dans une ambiance marquée par la colère contre la déliquescence des instances parlementaires mais aussi de l’Etat en raison de comportements qui échappent à toute morale partisane.

Les violentes réactions de Saadani n’ont épargné ni les ministres de sa formation politique, comme Tahar Khaoua, ni ceux n’ayant aucune casquette partisane, à l’image de Sid-Ahmed Ferroukhi, ministre de l’Agriculture, et encore moins les hauts cadres de l’Etat, comme le gouverneur de la Banque d’Algérie. Depuis des mois, Saadani fait et défait la politique interne du pays, annonçant des décisions avant même qu’elles soient prises à un très haut niveau. Il s’est carrément autoproclamé porte-parole du président de la République, tout en tirant à boulets rouges sur son directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, l’accusant d’avoir trahi la confiance de Bouteflika.

Mais la goutte qui fait déborder le vase est cette réaction de Saadani à l’égard des partis qui ont dénoncé la diffusion, par le Premier ministre français, Manuel Valls, de la photo du Président le montrant ravagé par la maladie. En effet, dès son retour de France après un long séjour, Amar Saadani, sur insistance des journalistes, a fini par ironiser sur l’affaire tout en évitant de citer le nom du Premier ministre français, avant de s’attaquer à l’opposition qui est l’une de ses bêtes noires.

Ses sorties médiatiques sont devenues aussi provocatrices qu’agaçantes. Les nombreux rappels à l’ordre qui lui ont été adressés par les plus hautes instances de l’Etat, considérées comme ses sponsors, nous dit-on, n’ont pas réussi à calmer son «ambition politique incontrôlable». Raison pour laquelle, expliquent nos interlocuteurs, «ces mêmes sponsors» ont cautionné l’initiative qui devrait aboutir à son écartement de la direction du FLN.

Le texte accompagnant la pétition est révélateur d’un grand malaise suscité par les déclarations de Saadani, accusé d’ailleurs de s’être «éloigné des principes fondamentaux» du parti et d’avoir «trahi» sa ligne de conduite. C’est, en fait, un appel à un «redressement» du FLN à travers un retrait de confiance, une initiative à laquelle adhère un nombre de plus en plus important de parlementaires et de cadres du parti. Serait-ce le début de la fin de Saadani ? Le temps nous le dira.

Salima Tlemçani