L’opposition en hibernation

RENTRÉE POLITIQUE

L’opposition en hibernation

L’Expression, 29 août 2006

L’attitude de ces partis politiques, dans une conjoncture marquée par des changements de fond, dénote leur incapacité à se redéployer.

La rentrée politique de cette année s’annonce timide, voire même sans perspectives. En raison, d’une part, de l’absence- exception faite des universités d’été du FLN et du MSP- d’une activité partisane et, d’autre part, au vu des entraves auxquelles sont confrontées les formations politiques. Des entraves liées, notamment, à la fermeture des champs politique et médiatique et au manque d’alternatives, leur permettant de se placer comme forces de propositions.
L’amélioration de la situation sécuritaire, l’embellie financière générée par l’augmentation, au cours de ces quatre dernières années des prix du pétrole, ainsi que la mise en oeuvre des mesures inhérentes à la réconciliation nationale a mis les formations politiques de l’opposition devant une véritable impasse. La prise en charge du dossier des disparus, la dissipation du «qui tue qui», l’augmentation des salaires de la Fonction publique, ainsi que la réforme initiée dans divers secteurs névralgiques, n’a laissé aucune marge de «manoeuvre» aux partis politiques. Ces derniers n’arrivent, d’ailleurs, même pas à tenir les préliminaires de leurs congrès annoncés pour la fin de l’année en cours. C’est le cas, notamment du FFS qui, depuis deux années, se débat dans des problèmes d’ordre «technique», indiquent des sources proches de la formation de M.Aït Ahmed. Même si cette formation était restée égale à elle même en termes de sa conception de la vie politique.
D’ailleurs, depuis la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le plus vieux parti de l’opposition ne s’est, à aucun moment, exprimé ouvertement contre cette démarche. Ce serait remettre en cause l’une de ses principales revendications, même si la conception de cette dernière est tout autre. Idem pour le RCD, qui préfère travailler dans la discrétion, en privilégiant l’action de proximité. Il est clair que le parti de Saïd-Sadi, qui est rongé depuis quelque temps par une véritable crise tentera de se ressaisir à temps. La non-tenue, depuis quelques mois, du conseil national de ce parti est, on ne peut plus édifiant. Pour sa part, le mouvement El Islah, qui s’est enlisé dans un bicéphalisme préjudiciable pour la crédibilité du parti, trouve, lui aussi, des difficultés pour tenir ses assises annoncées pour la fin de l’année.
La dernière décision de justice interdisant à Djaballah de s’exprimer au nom du mouvement pèsera de tout son poids lors de ce congrès.
En effet, Djaballah, qui a gardé sa carte de militant et ses partisans ne manqueront pas de monter au créneau et de tenter de tirer leur épingle du jeu.
En somme, l’attitude des trois partis politiques sus-cités, dans une conjoncture marquée par des changements politiques et économiques de fond, dénote de leur incapacité à se redéployer. A quand la fin de l’hibernation?

Arezki LOUNI