« La présidence a bien reçu les propositions de Abassi Madani»

FAROUK KSENTINI REVELE

« La présidence a bien reçu les propositions de
Abassi Madani»

L’Expression, 11 décembre 2003

L’institution que dirige Ksentini a «enregistré la requête de Abassi pour la transmettre, dans un deuxième temps, à la présidence de la République».

Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (Cncppdh), M.Ksentini vient de battre en brèche les déclarations émanant de grandes instances de l’Etat concernant l’initiative de Abassi Madani. En effet, le défenseur des droits de l’homme a, dans une déclaration faite à L’Expression, affirmé que le numéro un de l’ex-FIS a bel et bien pris contact avec cette commission au sujet des fameuses propositions de sortie de crise. L’institution que dirige Ksentini a «enregistré la requête de Abassi pour la transmettre dans un deuxième temps à la présidence de la République», informe le président du Cncppdh.
Et à M.Ksentini de revenir à la charge pour préciser: «Nous sommes une institution publique et nos portes sont ouvertes à tout le monde.» Une façon élégante de dégager l’implication du pouvoir dans ce dossier. Notant que l’initiative de Abassi Madani prévoit principalement une amnistie générale et présidentielle pour «tous les détenus dans les prisons algériennes» et à l’adresse des terroristes ayant commis des crimes de sang. Dans le même document, il est également précisé que des garanties seront données «aux décideurs pour qu’aucune vengeance ne soit exercée contre eux». Ces mesures permettront, à en croire l’initiateur de cette plate-forme, «le retour de la paix en Algérie».
A travers ces affirmations pour le moins extrêmement importantes, parce que venant d’une voix quasi officielle, M.Ksentini vient quelque peu confirmer les déclarations de Abassi Madani qui a annoncé, le 12 novembre dernier, sur le plateau de la chaîne Al-Jazira dans son exposé de son «plan de paix», que «le document y afférent se trouve entre les mains du pouvoir et de nombreux acteurs politiques». Il a ajouté que «le pouvoir n’a pas rejeté catégoriquement cette initiative même si la réponse est encore au stade verbal».
Quarante-huit heures après, Abassi Madani explicite cette déclaration dans un entretien accordé à l’AFP (Agence France Presse) et précise que «l’armée a apporté une réponse verbale positive» à sa plate-forme. Chose que le ministère de la Défense (MDN) a catégoriquement démentie, niant par là même «avoir reçu quelque document que ce soit concernant une prétendue initiative émanant de certaines parties».
Mieux encore, dans une déclaration faite à L’Expression, une source autorisée du MDN a également tenu également à démentir «de la manière la plus catégorique, tout contact verbal avec ces parties».
De part ces mises au point successives, l’ANP a tenu à réaffirmer son retrait de la scène politique. Elle s’est empressée de se démarquer d’un projet prônant l’impunité en renvoyant ainsi la balle à la classe politique.
Dans ce chapitre l’on signale le mutisme de la présidence, qui n’a ni infirmé ni confirmé les propos de Abassi Madani.
Quant aux partis politiques, notamment ceux impliqués dans le contrat de Rome, ils n’ont pas manqué, pour leur part, de nier avoir pris connaissance «du plan de paix» de Abassi. C’est le cas de la formation d’Aït Ahmed qui a tenu à se démarquer de cette initiative. «Nous ne nous sentons pas concernés par ce projet. D’ailleurs, nous ne partageons plus l’approche de l’ex-Fis en ce qui concerne la crise politique algérienne» nous a déclaré M.Djoudi Mammeri le premier secrétaire du FFS.
Notons enfin que Abassi Madani a attesté que «les destinataires de ce document ont tous promis de ne pas le divulguer avant qu’un accord ferme ne soit trouvé».

Achira MAMMERI