Le Comité central du FLN opte pour le statu quo

Le Comité central du FLN opte pour le statu quo

Belkhadem savoure sa “victoire”

Par : Azzedine Bensiouah, Liberté, 26 décembre 2010

Cette fondation, par le truchement de députés nostalgiques de l’Algérie française, a déposé un projet de loi devant criminaliser le FLN et l’ALN pour “crimes contre l’humanité, commis entre le 19 mars 1962 (date du cessez-le-feu) et le 31 décembre 1963, contre des civils français”.
En clair, ce projet de loi, s’il venait à être adopté par le parlement français, dominé par la droite, devrait envoyer directement les responsables du FLN et de l’ALN devant le TPI.
Abdelaziz Belkhadem, dont le parti préside l’alliance présidentielle, sait ce que son parti risque et prépare déjà la riposte à travers la rencontre devant se tenir le 19 mars 2011, dans le cadre d’un vaste programme s’étalant jusqu’au 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.
Il sait que l’année 2012 sera déterminante pour les Algériens, qui organisent les législatives, mais aussi pour les Français qui organisent les présidentielles. La montée en puissance des idées de l’extrême droite fait craindre que la question de la mémoire risque d’être une carte électorale maîtresse en France. “Ils nous ont colonisés et terrorisés pendant 130 ans et maintenant ils veulent nous criminaliser ?”
se demande Belkhadem dans une conférence de presse tenue hier au lendemain de la tenue de la troisième session du comité central du FLN. Pour lui, le projet de loi criminalisant le colonialisme n’a pas été enterré, mais ce sont les questions de procédure qui ont fait que sa présentation soit ajournée. Il a laissé entendre que la riposte serait commune, pas seulement des partis de l’alliance présidentielle, sans donner plus de détails. Par ailleurs, et pour ce qui est de la vie interne du parti, Abdelaziz Belkhadem semble savourer sa “victoire”, après avoir subi et laissé faire les redresseurs pendant plusieurs mois. “La présence en force des cadres du parti aux travaux du comité central a une signification politique. C’est une réponse à nos détracteurs”, et d’enchaîner : “le parti a vaincu par la forte présence des militants et la pertinence des résolutions du comité central.”
Belkhadem est revenu sur ses déclarations concernant la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle de 2014, en tentant de justifier cette sortie inattendue. Pour lui, c’est une position naturelle, en raison du fait que le FLN plébiscite toujours son président. Pourquoi le déclarer maintenant ? Pour Belkhadem, “trop de choses sont dites au sujet des présidentielles, trop de conjectures. C’est pour clarifier les choses. Le pays ne doit pas attendre, ne doit pas douter. Il s’agit de l’avenir du pays. L’incertitude ne devrait pas être de mise. Lorsque les gens le savent (position du FLN), ils se calment. Certains font sortir leurs chevaux et les fatiguent avant même que la course ne démarre”. Fait-il allusion aux intentions prêtées au frère du président ? Ou veut-il démentir ses propres ambitions pour la magistrature suprême ? Lui est catégorique : “Si je dis que Bouteflika est notre candidat, comment pourrais-je être candidat ?” Belkhadem s’embourbera dans la sémantique pour tenter d’expliquer sa déclaration à l’ouverture des travaux du comité central : “je voulais dire : si Dieu me donne longue vie. Je ne visais pas le président Bouteflika.”