M. Bouteflika à la présidence du FLN

Algérie : M. Bouteflika à la présidence du FLN

Le Monde, 3 février 2005

Abdelaziz Bouteflika cumule désormais les fonctions de chef de l’Etat et de président du Front de libération nationale (FLN), l’ex-parti unique hérité de la guerre d’indépendance. Entre deux déplacements – à Abuja, où il participait aux travaux du sommet de l’Union africaine et en Turquie où il a entamé, mercredi 2 février, une visite d’Etat de trois jours -, le président Bouteflika a fait savoir dans un message écrit qu’il acceptait l’offre « honorifique » des participants au huitième congrès.

Réunis du 31 janvier au 2 février au matin à Alger, après de nombreuses tentatives avortées, les congressistes avaient manifesté le souhait, lundi, « lors d’un plébiscite à la majorité absolue », de voir M. Bouteflika prendre la présidence du parti. Ce poste nouvellement créé – il n’existait pas jusque-là dans les statuts du FLN – devrait permettre au président d’éviter la réédition d’un scénario « à la Benflis ». En 2003, le vieux parti a failli lui échapper jusqu’à ce que la justice s’en mêle et gèle les activités du FLN, en janvier 2004.

Démis de ses fonctions de chef de gouvernement en mai 2003, mais conservant son poste de secrétaire général du FLN, Ali Benflis s’est posé en rival de M. Bouteflika à l’élection présidentielle de mai 2004. Une élection au cours de laquelle l’ancien « dauphin » a finalement été battu avec le score officiel de 7,9 % des suffrages, contre 83,5 % au président sortant.

Le huitième congrès qui vient de s’achever à Alger était en réalité un congrès « bis », une réédition de celui qui s’était déroulé en mars 2003 sous la houlette d’Ali Benflis et avait provoqué l’éclatement du FLN. Quelques semaines après la tenue de ce congrès, alors qu’Ali Benflis venait d’être limogé de son poste de chef de gouvernement, une aile dissidente avait vu le jour au sein du parti. Baptisés « redresseurs », ces contestataires, partisans du chef de l’Etat, s’étaient choisi comme tête de file le ministre des affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem.

C’est ce dernier qui, sans surprise, a été nommé, mercredi matin, secrétaire général du parti, par l' »instance exécutive » créée par les nouveaux statuts du parti et composée de 121 membres, eux-mêmes élus par le conseil national, remplaçant l’ancien comité central.

Rentré dans le rang, le FLN nouvelle mouture issu de ce huitième congrès consacre la ligne du président Bouteflika et l’élimination de son ancien rival. Ali Benflis avait choisi de ne pas participer à ces assises dont il ne reconnaît pas la légalité et qui officialisent sa défaite. Les ténors du FLN étaient d’ailleurs absents, soit qu’ils aient décidé de boycotter le congrès, soit qu’ils n’y aient pas été invités. Ainsi, l’ancien secrétaire général du parti, Abdelhamid Mehri, ou l’ancien chef de gouvernement réformateur Mouloud Hamrouche, ou encore l’ancien président de l’Assemblée nationale, Karim Younès, n’étaient pas là.

La voie est désormais tracée pour un FLN au service du chef de l’Etat et de son projet. Le congrès a ainsi donné sa caution à la politique de « réconciliation nationale » du président Bouteflika. Le référendum sur l’amnistie qui se prépare aura lieu dans le courant de l’année 2005. Témoin de la reprise en main du pays à tous les niveaux, la presse privée ne s’est pas risquée à émettre la moindre critique à propos du huitième congrès, ces derniers jours. « Le FLN, comme au bon vieux temps », a tout de même ironisé El-Watan.

Florence Beaugé