Le FLN privé de direction

Un comité provisoire pour gérer le parti

Le FLN privé de direction

El Watan, 20 avril 2004

C’est fait : M. Ali Benflis a officiellement remis, hier, au siège du parti, son mandat devant les membres du Comité central (CC) du FLN, issu du 7e congrès.

Il a été suivi par le Bureau politique (BP). Les militants du parti étaient hier unanimes à appeler à «la réunification des rangs», maintenant que le motif de discorde, l’élection présidentielle, fait partie du passé. «Plus que jamais soucieux de garantir au parti la stabilité et l’unité des rangs indispensables au bon fonctionnement de ses structures et la validité de l’action de ses militants, je décide en toute liberté et en toute conscience de remettre à l’autorité du comité central le mandat que vous m’avez confié le 20 septembre 2001», a déclaré dans son discours M. Benflis. Autre signe de l’aspiration à calmer les esprits, M. Benflis a déclaré que les réserves émises sur les conditions de déroulement du scrutin étaient personnelles. J’assume bien évidemment la responsabilité de ce constat qui n’engage que ma personne, car je sais que faire partager un tel constat aujourd’hui peut occasionner à certains de la gêne», a-t-il indiqué. Devant la vacance du poste de secrétaire général, et du bureau politique, le CC issu du 7e congrès s’est attelé, hier, à huis clos, à la nomination d’un comité provisoire pour gérer les affaires du parti. Ledit comité devra, à son tour, désigner une commission de préparation d’un congrès de réunification, afin de se conformer aux lois et aux statuts du parti. Des membres du FLN nous ont assuré que les contacts avec le chef de file des «redresseurs», M. Abdelaziz Belkhadem, sont sur le point d’aboutir en vue de trouver un terrain d’entente pour sortir avec une commission unifiée. De fait, le hic est que le mouvement de «redressement» a déjà créé, les 22 et 23 janvier dernier, lors du congrès d’étape, un bureau national chargé de préparer le congrès en question. Le FLN va-t-il se retrouver avec deux commissions et deux congrès ? Persister dans cette voie conduirait forcément à son implosion. D’où, estiment certains observateurs, le fait que la réunion du CC n’a pas dégagé hier pareille structure afin de se donner une chance de fédérer en son sein les «redresseurs». L’aile du FLN conduite par M. Belkhadem avait appelé les membres du CC à ne pas prendre part à la réunion d’hier. Selon M. Benflis, le quorum a été atteint grâce à la présence de 124 membres, et 5 autres par procuration, sur un total de 243 que compte le comité. Il était difficile dans la salle exiguë du siège du FLN de pouvoir vérifier ces chiffres tant la salle était ouverte aussi bien aux membres des 7e et 8e congrès, à des députés et à de simples militants. «La réunion peut se tenir, néanmoins, avec le nombre des présents, quels qu’ils soient, une heure après constatation de la faiblesse du quorum. Les statuts du parti le permettent. A vrai dire, la session servira beaucoup plus au secrétaire général sortant Ali Benflis de cadre pour remettre sa démission du secrétariat général du parti», a déclaré, hier, M. Belkhadem dans les colonnes du journal Liberté, tout en affirmant que le plus important était la mise en place d’une commission nationale de préparation du congrès réunificateur. «Un accord devrait être trouvé entre les partisans des deux ailes du FLN plus vite que les gens ne le croient, peut-être avant vendredi», estime un cadre du parti. Cet appel à la «raison» a également été lancé par l’ancien secrétaire général du parti, M. Boualem Benhamouda, qui a prononcé un discours devant le CC. «L’Algérie a maintenant son président de la République. Il a des attributions certes, mais il a aussi des obligations constitutionnelles, légales, politiques et morales. La meilleure position du parti, c’est celle d’analyser l’activité du président de la République et d’arrêter les décisions en fonction de notre programme (…) et s’opposer à toute initiative qui ne respecte pas l’esprit de la Constitution, des lois de démocratie véritable ou qui est contraire à ce qui aura été arrêté au niveau des instances légales du parti», a-t-il proclamé. En d’autres termes, un retour à «la normale», comme l’a confirmé de son côté le chef du groupe parlementaire du parti, M. Mekhalif, indiquant que les députés poursuivront leurs travaux quasi habituellement. Interrogé sur une éventuelle enquête parlementaire sur la fraude électorale, dénoncée par M. Benflis et ses partisans, M. Mekhalif a répondu que cette éventualité n’était pas envisageable. «Pour nous, Bouteflika est le président de tous les Algériens. Le problème que nous avons entre les bras concerne maintenant uniquement le FLN», a-t-il conclu.

Par Am. H.