Karim Tabbou: « Il faut une nouvelle élite politique »

Karim Tabbou à Tizi Ouzou

« Il faut une nouvelle élite politique »

El Watan, 9 mai 2009

Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) a réitéré, jeudi dernier à Tizi Ouzou, la disponibilité de son parti pour des alliances avec les personnalités et les forces politiques autonomes.

Dans une allocution prononcée à l’ouverture de la rencontre régionale des militants du FFS et à laquelle étaient conviés des étudiants et des adhérents de l’école de formation politique Ali Mecili, Karim Tabbou a rappelé que le FFS, qui s’était déjà associé, dans le passé, avec « toute la classe politique » dont le FLN, le RCD et les islamistes, est prêt à s’allier avec les personnalités politiques dont l’engagement en faveur de la paix et de la démocratie ne souffre d’aucun doute. « Nous sommes en train de payer les conséquences des choix politiques désastreux pour le pays. Nous devons recréer la politique avec une nouvelle élite », a plaidé l’orateur, ajoutant : « Les Algériens sont en attente d’une alternative politique de changement. Aujourd’hui, l’élite nationale est mise en demeure d’engager une réflexion profonde et sérieuse pour construire une alternative démocratique (…) Le peuple veut le changement. Il incombe à l’élite non compromise avec le régime de trouver les modes d’organisation et d’action qui permettent un regroupement des forces du changement. » Il précisera : « Il ne s’agit pas d’additionner des sigles ou d’organiser un carnaval prétendument pluraliste de l’opposition (…) Nous voulons que le peuple algérien casse la gangue des archaïsmes dans laquelle on cherche à l’enfermer, desserre l’étau de la pauvreté et de la répression qui l’empêche de vivre et de respirer, prenne conscience de sa force et devienne le moteur déterminant du changement. » Revenant sur l’élection présidentielle du 9 avril, il a souligné : « Ce scrutin a été vécu comme une énième violence faite au peuple algérien.

Il a subi cette élection. Il a été révolté par l’impudence et l’impudeur qui ont marqué les résultats officiels. Une fraude gigantesque et sans pareille qui se voit transformée en victoire, avec la bénédiction de l’Elysée et d’autres gouvernements occidentaux. C’est une élection contre le changement. » Pour Karim Tabbou, « si au sein du régime les choses sont figées, dans la société les choses bougent », argue-t-il. « Un cap psychologique a été franchi tant par l’élite que par la société. Les Algériens ont bien vu que cette élection a été un acte de guerre contre eux. Ils sentent bien que les relations entre le pouvoir et la population ne peuvent être que de l’ordre du conflit et de l’affrontement. Ils ont bien senti que ce régime assume la violence de sa gestion et de son projet et qu’il se donne les moyens de son action. » Le premier secrétaire du FFS a annoncé par ailleurs la constitution d’un collectif d’avocats qui aura pour mission de défendre les travailleurs, les associations et les personnes victimes de toutes sortes de dépassements. « Nous recevons quotidiennement des dizaines de requêtes de citoyens sollicitant l’intervention des partis politiques », a noté Karim Tabbou, dénonçant au passage « les saisonniers politiques » qui ne se manifestent , selon ses dires, qu’à l’occasion des rendez-vous électoraux.

Par Ahcène Tahraoui