Abdallah Djaballah: “Ali Benhadj m’a exprimé sa confiance »

ABDALLAH DJABALLAH A « TAHAOULAT »

“Ali Benhadj m’a exprimé sa confiance »

Le Soir d’Algérie, 19 juin 2003

Invité de l’émission Tahaoulat d e la radio nationale chaîne I, diffusée hier, le président du Mouvement islamiste El Islah, Abdallah Djaballah, a révélé l’existence d’un échange épistolaire entre lui et Ali Benhadj. L’exnuméro 2 du Front islamique du salut dissous (FIS) emprisonné, l’a rendu destinataire, il y a quelques jours, a-t-il avoué, d’une missive dans laquelle il le félicite pour ses positions et en même temps lui renouvelle sa confiance. “J’ai reçu, il y a quelques jours, la famille de Ali Benhadj. Elle était porteuse d’une lettre à mon adresse de Ali Benhadj. Une lettre dans laquelle il nous a félicités pour nos positions et nous a renouvelé sa confiance ».

Sofiane Ait Iflis – Alger (Le Soir) – On savait Djaballah et Benhadj nourris à la même sève idéologique. En revanche, on ignorait, jusqu’à hier, que les deux hommes étaient en étroite relation, si proches, dirions-nous, au point où l’emprisonné de Blida place toute sa confiance en Djaballah. Et le président du Mouvement El Islah a tenu à ce que la connivence se sache. Aujourd’hui la libération de Ali Benhadj accapare une proportion non négligeable de la préoccupation médiatique, et même politique. Il est difficile, aussi, de ne pas voir, en arrière fond, dans la confidence consentie un investissement électoral. Djaballah n’a pas révélé incidemment avoir reçu la famille de Ali Benhadj, encore moins le contenu politique de la lettre que cette dernière lui a remise, même si son propos prolongeait une appréciation de la fameuse déclaration des “10”. Une appréciation qu’il a choisie ainsi formulée : « Nous avons refusé leur emprisonnement (les dirigeants de l’ex-FIS, ndlr). Nous avons toujours milité pour leur élargissement. Aujourd’hui, nous insistons pour dire qu’ils doivent être libérés, leur peines purgées mais aussi qu’ils recouvrent l’entièreté de leurs droits civiques et politiques, qu’ils puissent reprendre leurs activités politiques. » Mais le Mouvement El Islah n’est-il pas effrayé par un retour de l’ex-FIS ? A la question posée, Djaballah a rétorqué : ”Nous n’avons aucune crainte. S’ils le désirent (les dirigeants de l’ex-FIS, ndlr), la loi leur permet de créer un parti politique. Et même s’il faut qu’ils choisissent un autre sigle, l’important, en politique, c’est de parvenir au but. D’ailleurs, je leur ai, moi-même, suggéré, depuis longtemps, d’opter pour un autre sigle. » Sollicité à apprécier la récente sortie médiatique du chef d’état-major de l’armée, le général de corps d’armée, Mohamed Lamari, le président du Mouvement El Islah, candidat annoncé à la magistrature suprême, a dit comprendre que les institutions ont commencé à tirer les conclusions des expériences passées. Pour lui, ce qu’a affirmé le chef d’état-major de l’armée constitue une assurance quant à la consolidation du processus démocratique et pluraliste. Mais, lorsque Lamari met l’accent sur la nécessité d’accompagner la lutte armée contre le terrorisme par un combat politique, Djaballah préfère le comprendre comme effort de réconciliation nationale. » La scène politique est en ébullition. Les entités se réclamant éradicatrices sont des entités parasitaires. La sécurité et la stabilité ne se réaliseront pas par l’affrontement. Nous avons toujours milité pour la réconciliation nationale. Le président du Mouvement El Islah a saisi l’opportunité de son passage à la radio pour plaider la réforme du système juridique national, les lois s’entend, qu’il a estimé être en inadéquation avec le vécu politique. L’occasion aussi, pour lui, de faire la promotion de l’initiative des parlementaires de son parti qui ont déposé un projet de loi révisant la loi électorale.

S.A.I.