Le FFS appelle les “forces du changement” à l’action

Il estime que le régime est dans une logique de négation de l’opposition

Le FFS appelle les “forces du changement” à l’action

Par :Karim Kebir, Liberté, 25 avril 2009

Au lendemain de la “gueule de bois électorale” des démocrates algériens, l’heure est désormais à la comptabilité. On compte ses “amis”, ses “ennemis”, mais on dresse aussi le bilan de ses activités. “Cette élection a donné l’alerte aux forces du changement sur la nécessité pour elles de se déterminer sur le terrain et mener le combat. Il faut qu’elles sortent de la posture du donneur de leçons”. Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, est convaincu que seule l’action sur le terrain est à même de permettre aux “forces du changement”, vocable qu’il utilise souvent, de desserrer l’étau sur la société asphyxiée par le régime. Lors d’un point de presse animé hier en marge de la réunion de ses militants d’Alger, en perspective du congrès de fédération de la wilaya prévu en juin prochain, le premier secrétaire du FFS a réitéré le devoir et la nécessité pour les forces démocratiques d’établir leur bilan et d’investir le terrain, maintenant que le système “s’est restructuré en déstructurant la société”. “Les forces du changement doivent agir sur le terrain. Au FFS, nous avons repris les actions car nous avons pris conscience qu’il faut être du côté de la société. Nous devons faire notre bilan et investir le terrain. Les forces du changement ne doivent plus, par exemple, se taire lorsqu’un journaliste est convoqué au tribunal”. Cette nécessité d’occuper le terrain est motivée essentiellement par les rapports de force nés de la dernière élection, mais aussi par les sombres perspectives qui se dessinent à l’horizon pour les citoyens algériens, selon le vieux parti d’opposition algérien. “L’élection a laissé des séquelles graves et confine la société au désespoir. Le pouvoir a réussi à figer la société au moment où lui s’arrange en haut. La campagne de Bouteflika a été menée par la pègre locale. C’est une opération d’immoralité politique et sociale. Elle a pris les allures d’une structuration mafieuse de l’État”, dit-il. “Bouteflika est un schizophrène politique. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans une logique de confrontation avec l’opposition, mais de négation de l’opposition. Bouteflika considère qu’il est seul”, ajoute-t-il. “Il y a une nouvelle structuration mafieuse de l’État au niveau local. Nous sommes dans un État voyou”, lâche-t-il encore. Mais il n’y a pas que cela. La rentrée sociale risque également d’être explosive. Et rien de plus emblématique, selon le FFS, que ces émeutes qui viennent d’éclater dans de nombreuses wilayas de l’est du pays. “La rentrée sociale sera déterminante. Les Algériens sont en colère”. Parallèlement aux actions envisagées, le parti s’est engagé depuis quelques mois dans l’opération de restructuration. Dans cette optique, des regroupements ont été organisés ce week-end à Bordj Bou-Arréridj et à Oran. À Alger, ce sont les maires du parti qui ont été conviés à une conférence sur le management et la gestion donnée par le professeur Tayeb Saïd. Le 1er mai prochain, une session ordinaire du conseil national du parti est prévue pour évaluer la dernière élection. Le lendemain, une conférence sur la démocratie et l’inventaire des forces démocratiques sera organisée au siège du parti dans le cadre de l’école de formation. Elle sera animée par l’avocat Me Bouchachi. Cette école, qui a réussi à capter déjà quelque
2 000 inscrits, se veut, aux yeux du FFS, un terreau qui conduira à terme à la constitution d’un grand mouvement de jeunes qui va faire de l’action sur le terrain. Des directions au niveau de chaque wilaya seront installées à cet effet le 8 mai prochain. Quant aux congrès des fédérations, ils sont prévus pour fin mai. Interrogé, par ailleurs, sur le retard mis par le Président pour désigner un nouvel Exécutif, Karim Tabbou a puisé dans la rhétorique qui a toujours caractérisé le parti. “Le jeu politique continue à être l’otage des services de renseignements. Ce sont eux qui vont désigner le prochain gouvernement et ce sont eux qui vont désigner les ministres. Il y a un contrat entre eux et la Présidence. Ils vont faire la répartition en fonction des services rendus d’autant que ce sont eux qui ont joué le plus grand rôle dans l’élection”.