Washington n’a pas usé de son véto: Le Conseil de sécurité exige l’arrêt de la colonisation israélienne

Washington n’a pas usé de son véto: Le Conseil de sécurité exige l’arrêt de la colonisation israélienne

par R.N., Le Quotidien d’Oran, 25 décembre 2016

  Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi une résolution exigeant d’Israël l’arrêt immédiat des activités de colonisation à El-Qods Est et en Cisjordanie occupée.

Le vote de la résolution a enregistré 14 voix pour et une seule abstention, celle des Etats-Unis qui a cependant refusé d’apposer son veto au texte proposé par l’Egypte au nom des pays arabes. Intervenant juste après l’adoption, Samantha Power, la représentante des Etats-Unis auprès de l’ONU a précisé que son pays « n’avait pas approuvé tous les termes utilisés dans ce texte ». Mais elle a indiqué que les Etats-Unis ont refusé d’exercer leur droit de veto car ils ont jugé que « le texte ne représentait pas une menace pour la sécurité d’Israël ». «Nous bloquons toute résolution qui représente une menace pour Israël», a-t-elle dit.

L’administration américaine s’est déjà prononcée par le passé contre les activités de construction de colonies menées par Israël qui érodent, selon elle, les espoirs de paix au Moyen Orient mais a estimé qu’un projet de résolution pareil «risquait d’inciter les parties à ne pas revenir à la table des négociations». Le projet de résolution a suscité jeudi la réaction du président élu, Donald Trump, qui a pris une position en faveur de l’occupant israélien en demandant à l’administration américaine d’apposer son veto à ce texte. Son adoption qui devait intervenir jeudi après midi a été reportée à vendredi à la demande de l’Egypte. Malgré les appels de l’ONU à cesser la colonisation, des responsables onusiens ont constaté une augmentation des constructions israéliennes ces derniers mois et certains responsables israéliens voient l’élection de Donald Trump comme une opportunité d’étendre la colonisation.

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé vendredi qu’Israël ne se conformera pas à la résolution. «Israël rejette cette résolution anti-israélienne honteuse des Nations unies et ne s’y conformera pas», ont fait savoir les services de M. Netanyahu dans un communiqué.

Donald Trump a fait savoir vendredi que «les choses seront différentes à l’ONU» après son arrivée à la Maison Blanche dans un mois, réagissant à l’adoption d’une résolution au Conseil de sécurité contre les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens. «Concernant l’ONU, les choses seront différentes après le 20 janvier», a simplement tweeté le président élu des Etats-Unis. M. Trump, dont l’une des promesses de campagne est de reconnaître Al Qods comme «capitale indivisible» d’Israël, avait très vite plaidé pour un veto américain dans une rare prise de position pour un président élu. «Des responsables israéliens ont pris contact avec des membres de l’équipe de transition de M. Trump pour demander l’aide du président élu», avait affirmé vendredi un responsable israélien sous couvert d’anonymat cité par l’AFP.

Hamas salue une «évolution importante» dans les positions internationales

Le mouvement palestinien Hamas a salué samedi l’adoption d’une résolution de l’ONU réclamant la fin de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés, se félicitant de l’»évolution importante» dans les positions internationales. «Le Hamas apprécie la position des Etats qui ont voté au Conseil de sécurité pour le droit du peuple palestinien (à vivre) sur ses terres et ses propriétés», a affirmé le porte-parole du mouvement, Fawzy Barhoum. «Nous saluons cette évolution importante dans les positions internationales», a-t-il indiqué, demandant «davantage de prises de positions comme celle-ci» pour permette «la fin de l’occupation» israélienne. Le Conseil de sécurité a adopté pour la première fois en 38 ans une résolution pour condamner la politique de colonisation israélienne, présentée au vote vendredi à l’initiative de la Nouvelle-Zélande, du Sénégal, de la Malaisie et du Venezuela.


Résolution de l’ONU contre Israël : la compromission d’Al Sissi, la victoire significative de la Palestine

Tewfik Abdelbari, TSA, 26 décembre 2016

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté, vendredi 23 décembre, une résolution condamnant la colonisation israélienne en Palestine. La surprise réside dans l’abstention des USA, détenteurs du droit de veto, empêchant habituellement toute initiative à l’encontre de la politique israélienne. (Crédit photo : DR)

Le gouvernement israélien ne décolère pas. À la suite de l’adoption, vendredi soir, d’une résolution de Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation en Palestine, la partie israélienne réagit avec véhémence.
Réaction de colère en Israël

Le gouvernement de Benyamin Netanyahu a convoqué les ambassadeurs de 10 pays à la suite du vote de l’ONU, rapportent plusieurs sources médiatiques. Un dimanche et jour férié, cette réaction dénote de la colère de Benyamin Netanyahu.

Par ailleurs, Israël a décidé de rappeler pour « consultations » ses ambassadeurs en postes dans les pays à l’origine de la présentation de la résolution. Cette décision concerne la Nouvelle Zélande et le Sénégal, tandis que le Venezuela et la Malaisie n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec Israël.
La forfaiture de l’Égypte

Avant le vote de la résolution, Israël et le futur président américain Donald Trump, ont tout fait pour empêcher l’adoption du texte par le Conseil de sécurité. Tout d’abord en faisant pressions sur l’administration Obama afin que les USA usent de leur droit de veto. Il n’en fut rien.

Cela dit, la résolution devait être originellement présentée par l’Égypte. Seulement, le dirigeant égyptien Abdelfatah Al Sissi a retiré le texte (avant que le groupe de pays ne le présente finalement). La cause ? Sissi a cédé au lobbying d’Israël et de Trump, selon le quotidien américain The New York Times (NYT).

Fait rare. Ce dernier ne bénéficie d’aucune fonction officielle encore. Il est tout de même intervenu sur une question diplomatique sensible. Mais le plus inquiétant est qu’un dirigeant arabe commette une telle compromission.

Sissi a même appelé le futur président américain pour discuter avec lui d’une « solution de paix durable au Moyen-Orient », rapporte le NYT. Un signe de faiblesse difficilement justifiable.
Une victoire significative pour la Palestine

Et de l’aveu d’un diplomate israélien, son gouvernement s’est reçu une gifle inattendue. S’exprimant dans les colonnes du journal français Le Monde, il avoue que la résolution constitue « l’architecture légale pour des sanctions » à l’encontre d’Israël.

Surtout, l’adoption de la résolution entre-ouvre une porte judiciaire pour les autorités de la Palestine. En effet, selon le diplomate, les Palestiniens pourront désormais utiliser ce texte pour déposer plainte auprès des instances internationales.