Les négociateurs du vent

LES NEGOCIATEURS DU VENT

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 14 septembre 2013

Si des Palestiniens ont fêté le vingtième anniversaire des accords d’Oslo, ils ne doivent pas être nombreux et l’ont fêté en cachette. Les plus lucides se désolent que les mises en garde répétées n’aient pas été entendues. Le spectacle est en effet terrible. La «percée historique» présumée du 13 septembre 1993 censée aboutir à un Etat palestinien en cinq ans est un exemple même de marché de dupes. Les seules «percées» ont été faites dans les territoires réduits devant être ceux de l’Etat de Palestine. Ce territoire est en effet percé de toute part de colonies sionistes destinées à devenir une «réalité» avec laquelle les responsables palestiniens doivent tenir compte.

Ainsi, pendant que «l’Autorité palestinienne» négociait du vent, Israël avec l’appui permanent des Etats-Unis changeait la «réalité» du terrain. Ceux qui ne ferment pas les yeux le constatent : il n’existe déjà plus de possibilité territoriale même d’un mini-Etat palestinien. Bien entendu, les Etats arabes, obéissants à Washington, ont laissé les Palestiniens seuls face aux Américains et aux Israéliens. Car, à aucun moment de ce faux processus, pas même sous Obama à ses débuts, les Américains n’ont été médiateurs. Ils ont été constamment et de manière la plus perfide qui soit du côté d’Israël. En contrepartie, l’Autorité palestinienne a apporté une coopération «sécuritaire» honteuse et zélée qui assure la tranquillité à un occupant expansionniste.

Les graines de la division inter-palestinienne à venir ont été semées par l’application unilatérale des accords d’Oslo par l’Autorité palestinienne. Yasser Arafat a résisté à la tendance jusqu’à sa mort. Après lui, la «caste des négociateurs», une vraie création d’Oslo, a appliqué sans retenue son rôle de répression contre les Palestiniens. Le souci, servile et politiquement absurde, de se faire «accepter» par les Américains est devenu la ligne «politique» alors qu’il était manifeste que Washington ne fera rien qui déplairait à Israël. Tous les Palestiniens des territoires occupés comme de la diaspora le constataient et le disaient, seuls les «négociateurs», enfermés dans leur bulle, flattés comme des enfants d’être «reçus» chez les grands ne le voyaient pas. Ou faisaient mine de ne pas le voir. Encouragés par les monarchies du Golfe et l’Egypte de Moubarak qui assurait le gardiennage de Ghaza.

PLUS PERSONNE NE DOUTE PLUS QU’OSLO, C’EST DU VENT. MEME LES DIPLOMATES DES MONARCHIES DU GOLFE ! TOUT LE MONDE A FINI PAR DIRE AVEC AU MOINS QUINZE ANS DE RETARD QUE LES ACCORDS D’OSLO SONT MORTS. LE PLUS FRAPPANT EST DE CONSTATER QU’UNE FOIS DE PLUS, POUR NE PAS DEPLAIRE AUX AMERICAINS, MAHMOUD ABBAS ENVOIE SON «NEGOCIATEUR EN CHEF» COURIR DERRIERE LE VENT. OSLO EST MORT, MAIS L’ILLUSION QUI L’A PERMIS EST ENCORE EN ŒUVRE. AGGRAVEE PAR LE SOUCI D’UN MAHMOUD ABBAS FINISSANT D’ABOUTIR A QUELQUE CHOSE AVANT DE «PARTIR». QUITTE A CE QUE CE QUELQUE CHOSE SOIT DU RIEN ! CERTES, ON FAIT DIRE QUE MAHMOUD ABBAS «NEGOCIE» AUJOURD’HUI SANS CONVICTION, JUSTE POUR APPORTER LA «DEMONSTRATION» AUX AMERICAINS QU’IL N’EST PAS UNE SOURCE DE BLOCAGE. OR, C’EST BIEN CE QUI EST DEMANDE AUX DIRIGEANTS DE L’AUTORITE PALESTINIENNE DEPUIS VINGT ANS : FAIRE SEMBLANT DE NEGOCIER, COOPERER AU PLAN SECURITAIRE ET «DELEGITIMER» LA RESISTANCE SOUS TOUTES SES FORMES. DANS CES NEGOCIATIONS FUMEUSES, CE QU’OBTIENT ISRAËL, SOUTENU PAR LES ETATS-UNIS, N’EST PAS DU VENT.