Plus de 59 martyrs: L’Algérie qualifie le massacre de Ghaza de crime de guerre

Plus de 59 martyrs: L’Algérie qualifie le massacre de Ghaza de crime de guerre

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 16 mai 2018

Plus de 100 Palestiniens, de tous âges, sont morts depuis le début de la préparation de la Commémoration de la Nakba, il y a quelques semaines. Le plus gros des pertes en vies humaines a été enregistré entre hier mardi, jour de la Commémoration de la Nakba et lundi, avec plus de 59 Palestiniens, dont des enfants, assassinés par l’armée israélienne.

Hier mardi, les milliers de manifestants palestiniens, dans la bande de Ghaza, ont manifesté pour surtout, rappeler au monde qu’ils ont, eux également, droit au retour sur leurs terres dont leurs parents en ont été chassés par les derniers empires coloniaux, qui y ont installés les juifs et créé l’entité sioniste. Les tirs de soldats israéliens à balles réelles n’ont pas dissuadé les Palestiniens qui affluaient par milliers, vers la frontière, et essayaient symboliquement de la passer. A seulement quelque 150 km où se déroulait la cérémonie marquant l’inauguration, réprouvée par 128 pays sur les 198 que comptent les Nations unies, de l’ambassade US à Al Qods occupée, des dizaines de Palestiniens tombaient sous les balles des soldats israéliens. Pourtant, pour marquer ce jour de triste mémoire, la ‘Nakba’, des milliers de Ghazaouis, affluaient vers la frontière, en famille, en bus ou a moto mais surtout à pied par groupes, pour commémorer «la marche du grand retour», entamée le 30 mars dernier, et qui devait s’achever, hier, mardi 15 mai. Cette marche formidable de milliers de Palestiniens, outre l’objectif essentiel, qui est de réclamer les terres attribuées aux juifs, lors de l’Exodus et de la création d’Israël, en 1948, a d’autre part comme objectif la fin du blocus imposé à la bande de Ghaza, par l’entité sioniste et le régime militaire, en vigueur en Egypte. Fatalement, le bilan de cette journée, d’hier mardi, dépasse les 58 morts, le plus important depuis le début du mouvement, il y a quelques semaines. Parmi les victimes de cet «énième» crime contre l’Humanité perpétré, sans grand remord, par l’entité sioniste, il y avait beaucoup d’enfants, et plus de 2.400 blessés, tous par balles. En une semaine, l’armée israélienne a tué plus de 100 Palestiniens. Mais, c’est le prix que sont prêts à payer les Ghazaouis pour défendre leurs droits spoliés 2 fois : la première fois en 1948 lorsque les terres de leurs parents ont été données aux juifs pour la création d’un état qui va par la suite les terroriser et les massacrer, et la seconde fois lorsqu’ils ont été enfermés et isolés du monde par un mur infranchissable, étroitement surveillé par l’armée israélienne, qui y a stationné plusieurs brigades lourdement armées contre des jeunes armés de pierres et de courage. Le sacrifice des Ghazaouis pour leur terre se déroule au moment où Américains et Israéliens fêtent l’ouverture, en grandes pompes, de l’ambassade US à Al Qods occupée. Mais, en même temps, ils considèrent les manifestants palestiniens, dans la bande de Ghaza, comme des terroristes, manipulés par le Hamas. Une sorte de droit de tuer. «Dire que le Hamas est derrière la marche, c’est de la propagande israélienne qui leur donne une excuse pour nous tuer», affirme Ayman, un jeune Ghazaoui militant du Fatah. Après le massacre de lundi, l’Algérie, ainsi que plusieurs pays ont réagi, et condamné le massacre en cours à Ghaza.

L’Algérie a appelé dans la soirée de lundi le Conseil de sécurité des Nations unies «à assumer toutes ses responsabilités à l’égard du peuple palestinien, en vue d’assurer sa protection, conformément aux normes du droit international humanitaire, et de réparer l’injustice qui lui est faite». L’Algérie, qui «condamne avec la plus grande vigueur» le bain de sang, perpétré à Ghaza, par les forces d’occupation israéliennes contre des manifestants palestiniens sans défense, interpelle, également, la Communauté internationale pour dénoncer et faire cesser «cet abominable crime de guerre». Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU Zeid Ra’ad Al Hussein a souligné que «la mort choquante de dizaines de personnes, les centaines de blessés par les tirs à balles réelles, à Ghaza, doivent cesser immédiatement», appelant à ce que les responsables de ces violations flagrantes des droits de l’Homme doivent rendre des comptes». Pour le Premier ministre turc Binali Yikldirim, « les Etats unis se sont placés du côté du gouvernement israélien dans ce massacre de civils et sont devenus complices dans ce crime contre l’Humanité. «Nous condamnons vigoureusement, ce vil massacre», a-t-il ajouté, tandis que le Koweït a appelé à une réunion publique d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Proche-Orient.

Pour sa part, un porte-parole de la Première ministre britannique Theresa May a déclaré que «nous nous inquiétons des informations faisant état de violences et de pertes humaines à Ghaza. Nous appelons au calme et à la retenue pour éviter des actions destructrices pour les efforts de paix». A Paris, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, dans une déclaration, indiqué que «la France appelle de nouveau, les autorités israéliennes à faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force», soulignant «le droit des Palestiniens à manifester pacifiquement». A Dublin, l’ambassadeur d’Israël, en Irlande, a été convoqué hier mardi, au ministère des Affaires étrangères, a indiqué le ministère. «Il a été convoqué ce matin», a déclaré un porte-parole à la presse, après que le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney, avait qualifié de «choquants» et «tragiques» les événements à Ghaza. Selon Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l’ONU, «ce massacre s’est tenu, au moment où les Etats-Unis ouvraient de manière illégale, unilatérale et provocatrice, leur ambassade» à Al Qods. «Il est vraiment tragique qu’ils célèbrent une action illégale, au moment où Israël tue et blesse des milliers de civils palestiniens», a estimé le diplomate. «Nous utiliserons tous nos droits au Conseil de sécurité pour le voir endosser ses responsabilités, pour arrêter ce massacre, le condamner et traduire ses responsables en justice», a-t-il ajouté, avant d’annoncer que l’Autorité palestinienne tente d’obtenir une réunion d’urgence du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, à Genève, pour déclencher une enquête indépendante sur les évènements survenus à Gaza. La Russie estime, par ailleurs, que «la situation, et surtout la mort de plusieurs dizaines de Palestiniens, ne peut pas ne pas provoquer la préoccupation la plus profonde». Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré que «nous suivons attentivement, la situation et estimons, toujours, que toutes les parties, surtout les membres du Quartet, doivent éviter toute action pouvant provoquer de tels accès de tension». Pour sa part, l’Arabie Saoudite, à travers le Conseil des ministres, réuni mardi sous la présidence du roi Salmane, a rejeté le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, alors que la Ligue arabe a déclaré qu’ «Israël est une entité oppressive et meurtrière et ses politiciens et militaires doivent être traduits devant la Cour pénale internationale». L’appel de la Ligue arabe intervient à la veille d’une réunion d’urgence qu’elle a convoquée, quant à la décision de Washington de transférer son ambassade en Israël, à Al Qods occupée.

De son côté, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme Rupert Coville a estimé, mardi à Genève, que tout «Palestinien manifestant à Gaza, qu’il représente une menace imminente ou non, pouvait être «tué» par les forces israéliennes.» «Il semble que n’importe qui peut être tué», a-t-il déclaré, avant d’expliquer aux médias que «ce n’est pas acceptable de dire : il s’agit du Hamas, donc c’est ok», rejetant la justification présentée par Israël qui accuse Hamas d’être à l’origine de la manifestation et affirme, donc, qu’il n’a fait que défendre son territoire. D’autres pays comme la Belgique ou l’Afrique du Sud ont convoqué les ambassadeurs d’Israël et ont appelé à une enquête internationale, sur le massacre des Palestiniens. Devant la grave situation à Ghaza, et les nombreuses réactions internationales de condamnation de l’assassinat des manifestants palestiniens, le Conseil de sécurité de l’ONU devait se réunir, en urgence, hier mardi, à la demande du Koweït. Et, si l’Autorité palestinienne souhaitait obtenir une condamnation de l’ONU et une enquête indépendante et transparente sur le rôle de l’armée israélienne, dans le bain de sang à Ghaza, les Etats-Unis s’y sont opposés. Dans un texte transmis aux médias, le Conseil de sécurité exprimait son «indignation, sa tristesse et la nécessité de lancer une enquête indépendante et transparente pour traduire les auteurs de ces violences en justice». Le communiqué entendait exprimer «l’indignation et la tristesse du Conseil, face à la mort de civils palestiniens, exerçant leur droit à manifester pacifiquement». Mais les Etats-Unis, comme, ils le font depuis sept semaines s’y sont opposés, empêchant ainsi toute expression officielle du Conseil de sécurité, depuis le début de la crise.


70e anniversaire de la Nakba palestinienne

Le message des Palestiniens aux Israéliens et aux Américains

Ghaza
De notre correspondant, El Watan, 16 mai 2018

A peine leurs martyrs enterrés, les Ghazaouis ont repris hier la direction des zones frontalières avec Israël pour protester, réclamer le droit au retour sur leurs terres des réfugiés palestiniens et condamner le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers la ville sainte d’Al Qods. Aussi nombreux que lundi, les manifestants ont commémoré également, à leur façon, le 70e anniversaire de la Nakba, la catastrophe qui renvoie à la proclamation en 1948 de la naissance de l’Etat hébreu sur les terres de la Palestine historique. Une proclamation programmée par les Britanniques et qui a forcé plus de 70% de la population palestinienne à quitter leurs terres, leurs villes et villages.

En revenant protester pacifiquement en nombre à la frontière avec l’Etat hébreu, les manifestants ont surtout voulu adresser un message à Israël, disant que ses massacres n’auront pas raison de leur mobilisation. Dans les villes de Cisjordanie occupée, particulièrement à Ramallah, Naplouse et Al Khalil paralysées par la grève générale, les manifestations ont été également nombreuses. Les heurts avec les soldats de l’occupation se sont multipliés tout le long de la journée d’hier.

Plusieurs blessés par balles ont été signalés un peu partout. Les manifestations ont repris après l’enterrement des Palestiniens tués la veille. C’est dans des scènes d’une extrême tristesse que les Ghazaouis ont accompagné hier à leur dernière demeure les 61 Palestiniens assassinés par l’Etat israélien avec la complicité active de Washington. Ils brandissaient des drapeaux palestiniens ainsi que des bannières des différentes factions palestiniennes et scandaient des slogans appelant à la vengeance.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, avait dénoncé, lundi soir, le massacre israélien dans la bande de Ghaza et décrété un deuil de trois jours en hommage aux victimes innocentes abattues de sang-froid par des snipers israéliens postés à la frontière, parmi lesquelles figurent plusieurs enfants, un nourrisson âgé de 8 mois qui a inhalé des gaz lacrymogènes toxiques, un agent de la Protection civile et un citoyen amputé des jambes. Il a également appelé à la poursuite des manifestations populaires pacifiques et à une grève générale dans l’ensemble des Territoires palestiniens occupés, en commémoration du 70e anniversaire de la Nakba. La Direction palestinienne, réunie lundi au siège de la présidence à Ramallah, a pris des décisions qui auront sûrement des conséquences sur les relations palestino-américaines et celles de l’Autorité palestinienne avec Israël.

Où est l’ONU ?

L’Autorité palestinienne a décidé également de se rapprocher de la Cour pénale internationale pour y déposer le dossier de la colonisation israélienne et refuser aux Etats-Unis le rôle d’intermédiaire ou de parrain unique dans tout processus de paix futur. Les Palestiniens rejettent tout plan de paix américain après les décisions de l’administration de Donald Trump de reconnaître la ville d’Al Qods (Jérusalem) comme capitale de l’Etat hébreu. Furieux contre le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Al Qods, le président palestinien a dit qu’il s’agit d’une «colonie américaine qui vient s’ajouter aux colonies israéliennes dans la ville sainte».

La Direction palestinienne a annoncé en outre avoir mis en place une commission chargée de l’application des décisions du Conseil central et du Conseil national palestiniens qui réclament l’arrêt de la coordination sécuritaire avec l’Etat hébreu prévue par les Accords d’Oslo, ainsi que la révision du protocole de Paris qui réglemente les relations économiques entre Israël et l’Autorité palestinienne. Ces dernières décisions peuvent avoir des conséquences sur l’existence même de l’Autorité palestinienne née des Accords d’Oslo, signés par Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1993 sous le parrainage américain.

La voie de la résistance

Les manifestations de protestation populaire et pacifique et les victimes des balles israéliennes de lundi ne sont pas les premières du genre. Les 61 victimes et les 2400 blessés s’ajoutent aux 52 Palestiniens tués dans les mêmes conditions et de la même manière depuis le 30 mars, jour du lancement de la «Grande marche du retour». A ceux-là, il faut ajouter 11 000 autres blessés.

Malgré les morts qui se comptent par dizaines et le nombre incalculable de blessés, la communauté internationale a montré encore une fois son incapacité à agir lorsque le mis en cause est Israël. Ce pays est un Etat voyou qui se situe au-dessus de la loi. Bénéficiant d’une impunité totale au niveau international, il fait ce qu’il veut du peuple palestinien qu’il fait souffrir depuis 70 ans.

Une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur demande du Koweït a eu lieu hier, mais aucun résultat pouvant rendre justice aux Palestiniens n’était perceptible. Lundi, les Etats-Unis, alliés et protecteurs d’Israël, ont mis en échec l’adoption par ce même Conseil d’un simple communiqué dénonçant les crimes israéliens et appelant à une enquête indépendante sur les événements sanglants de Ghaza. La Ligue arabe, dont les membres n’ont jamais été aussi faibles, doit se réunir aujourd’hui en urgence pour évoquer les crimes israéliens. Des réunions qui se suivent et se ressemblent, mais qui généralement n’aboutissent à rien.

Les Etats-Unis ont adopté la position israélienne et fait porter la responsabilité de tout ce qui se passe dans l’enclave palestinienne au mouvement Hamas, ajoutant qu’Israël a le droit de se défendre. Certains pays européens ont timidement réagi, tels la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. On ne peut pas dire plus de la réaction de la Chine ni de celle de la Russie. Seuls l’Afrique du Sud et la Turquie ont pris des mesures sérieuses en retirant leurs ambassadeurs de l’Etat hébreu.

Tel-Aviv utilise sa supériorité militaire pour faire abdiquer les Palestiniens. Mais bien qu’ils les côtoient depuis 70 ans, il est évident que les Israéliens n’ont pas réussi à connaître les Palestiniens. Le peuple palestinien demeure plus que jamais attaché à sa terre. Une terre qu’il s’est promis de défendre quoi qu’il lui en coûte. Et le message s’adresse aussi bien à Benyamin Netanyahu qu’à son allié américain Donald Trump.
Fares Chahine


Massacre de civils palestiniens à Ghaza : Israël au banc des accusés

De nombreux pays de divers continents ont condamné hier avec véhémence le massacre de 61 civils palestiniens perpétré lundi par l’armée israélienne dans la bande de Ghaza.

L’enclave palestinienne est depuis le 30 mars le théâtre d’une protestation pacifique massive appelée «Grande marche du retour», dont l’objectif est de réitérer le droit des Palestiniens à retourner sur les terres desquelles ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948, jour de la Nakba (la catastrophe) pour les Palestiniens.

Il s’agissait aussi pour les Palestiniens de dénoncer le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Al Qods et le blocus imposé depuis plus de dix ans à Ghaza par Israël et l’Egypte.

Le mouvement a drainé des dizaines de milliers de Palestiniens, hommes, femmes et enfants, le long de la frontière de sécurité. Malgré le caractère pacifique de la protestation, le gouvernement israélien n’a pas hésité à ordonner à ses soldats de tirer sur les civils désarmés. Depuis le 30 mars, 115 Palestiniens ont été tués et 11 000 autres blessés par les tirs israéliens.

En plus des condamnations, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont soutenu l’idée d’investigations lancées par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fin mars, quand a commencé la mobilisation ghazaouie par une première journée sanglante. La Turquie, qui a qualifié de «génocide» le massacre israélien, a, quant à elle, demandé à l’ambassadeur israélien «de retourner dans son pays pour un certain temps».

Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a appelé également les pays musulmans qui entretiennent des relations avec Israël à les «reconsidérer». Il a, en outre, appelé à la tenue vendredi en Turquie d’un «sommet extraordinaire» de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui compte 57 membres. «Les pays musulmans doivent reconsidérer leurs relations avec Israël. Le monde musulman doit agir d’une manière collective et parler d’une seule voix face à ce massacre», a déclaré M. Yildirim.

Décision incendiaire

Pour sa part, la Ligue arabe a appelé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête sur «les crimes de l’occupation israélienne». Sur le continent africain, l’Afrique du Sud a dès lundi soir rappelé son ambassadeur. Dans un communiqué rendu public hier, l’Algérie a aussi condamné «le bain de sang perpétré par les forces d’occupation israélienne» et réitéré son soutien «total» à la cause palestinienne et au «droit inaliénable» du peuple palestinien d’établir son Etat indépendant avec Al Qods pour capitale. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et Amnesty International ont, quant eux, évoqué des «crimes de guerre».

Dans leur sillage, l’Irlande a convoqué hier l’ambassadeur israélien. La Belgique a fait de même avec l’ambassadrice Simona Frankel, après que la diplomate eut qualifié de «terroristes» toutes les victimes de Ghaza.

Malgré cette importante vague de réprobations, les Etats-Unis ont continué à soutenir Israël. Washington est allé jusqu’à s’opposer au Conseil de sécurité de l’ONU à la condamnation des crimes commis par Israël à Ghaza. Le soutien américain n’est d’ailleurs pas allé sans susciter l’ire de l’opinion internationale. De nombreux grands médias dans le monde ont qualifié le président américain, Donald Trump, d’«incendiaire» et de «provocateur» en transférant son ambassade à Al Qods occupée.

La décision américaine a même été perçue comme un acte d’abandon du projet d’un Etat palestinien. Il est reproché au successeur de Barack Obama d’avoir ouvert une ambassade américaine dans une ville dont la moitié Est est toujours considérée par la communauté internationale comme «occupée» par Israël depuis 1967. De nombreuses ONG de défense des droits de l’homme ont déploré en outre qu’entre «ses promesses de campagne et les risques d’embrasement de toute une région du monde, voire de la planète entière, Donald Trump n’a aucune hésitation».

En France, par exemple, le quotidien Ouest-France a qualifié le transfert de l’ambassade américaine de «geste incendiaire». «La décision américaine de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Al Qods, sans aucune contrepartie à ce jour connue, n’est pas seulement contraire à l’esprit de sept décennies de diplomatie.

C’est un geste incendiaire dans une région qui ne manque déjà pas de braises», écrit le journal, soulignant que Trump «a écrit l’histoire» mais «dans le sang».
Zine Cherfaoui


Carnage de Ghaza

La réaction timide des Etats arabes

L’Algérie, qui a toujours soutenu la cause palestinienne, a vivement condamné le massacre perpétré par les forces d’occupation israéliennes contre des manifestants palestiniens sans défense. Dans un message adressé au président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, le président Bouteflika a qualifié ce carnage de «crime abject».

Le chef de l’Etat a réitéré dans ce message la position «constante» de l’Algérie au côté du peuple palestinien et rappelé le droit inaliénable de ce peuple à établir son Etat indépendant avec Al Qods pour capitale. De son côté, le ministère des Affaires étrangères a condamné avec «la plus grande vigueur» ce bain de sang perpétré à Ghaza par les forces d’occupation israéliennes contre des manifestants palestiniens sans défense, qualifiant le carnage de Ghaza de «crime de guerre abominable».

La Ligue arabe a appelé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir rapidement une enquête sur les crimes de l’occupation israélienne contre les Palestiniens. «Israël est une entité oppressive et meurtrière et ses politiciens et militaires doivent être traduits devant la Cour pénale internationale», a indiqué, dans un communiqué, le président de la Commission permanente des droits de l’homme de cette organisation panarabe. L’Arabie Saoudite, qui a condamné le carnage hier, affirme qu’elle ne reconnaîtra pas le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Le Koweït aussi a condamné le massacre de Ghaza. Mais au-delà de ces condamnations par communiqué de presse, les réactions des Etats arabes aux derniers massacres perpétrés par l’armée d’occupation israélienne à Ghaza mais aussi à la barbarie israélienne n’ont pas été à la hauteur de la place qu’occupe la cause palestinienne dans la politique de ces pays.

Ces Etats ont fait preuve de frilosité face à un Etat sioniste galvanisé par le va-t-en guerre du président américain qui transfère l’ambassade de son pays à Al Qods (Jérusalem). La réaction des Etats arabes est loin de refléter la colère de la rue arabe, qui connaîtra des manifestations le vendredi prochain.

L’Arabie Saoudite et l’Egypte, qui renforcent leur domination de la Ligue arabe après la destruction de la Syrie et de la Libye et l’instabilité chronique de l’Irak, semblent atténuer leur langage face à Israël. Les Saoudiens sont allés loin, en considérant qu’Israël fait partie de leur plan contre l’Iran qu’ils voient comme une menace. Cette alliance tacite entre l’Arabie Saoudite et Israël contre l’Iran semble se faire au détriment de la cause palestinienne.
Mokrane Ait Ouarabi