Le BDS continue malgré tout

Le BDS continue malgré tout

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 12 novembre 2015

Depuis le 20 octobre, il est désormais illégal et par conséquent interdit en France d’appeler au boycott d’un pays pour des raisons politiques. C’est en tout cas ce qu’il faut déduire des deux arrêtés rendus à cette date par la Cour de cassation française par lesquels elle a confirmé la condamnation par la Cour d’appel de Colmar de 14 militants du mouvement Boycott Désinvestissement, Sanctions (BDS) poursuivis par des associations pro israéliennes pour avoir lancé un appel au boycott de l’Etat sioniste. Il reste maintenant à savoir si les arrêtés de cette juridiction ont posé une jurisprudence qui s’appliquerait aux appels de même nature visant d’autres Etats qu’Israël. En principe, sont désormais illégaux les boycotts décrétés par l’Etat français contre des Etats tiers avec lesquels il a des différends d’ordre politique. Il ne faut pas rêver, la cour de justice française n’a pas eu l’audace de frapper d’illégalité le principe même du boycott aux motivations politiques mais parce que celui auquel ont appelé les 14 militants du BDS concerne l’Etat d’Israël.

Il est clair qu’ils ont mis la défense de l’Etat sioniste, qu’ils ont considéré menacé par les appels à son boycott qui se multiplient en France, au-dessus de la sacralité de la liberté d’expression censée primer sur tout autre considération. Le sous-entendu des arrêtés de la justice française est que les militants du BDS ont lancé leur appel parce que anti juif et nullement un acte de solidarité avec les Palestiniens désarmés face à un Etat qui occupe leur territoire et pratique à leur encontre la pire des politiques déshumanisées qui soit.

L’instance juridique française a prononcé des arrêtés qui, bien entendu, ont réjoui les organisations pro israéliennes qui ont poursuivi les militants du BDS et l’Etat sioniste a applaudi. Il n’en résultera pas pour autant que ses décisions vont dissuader les initiateurs du mouvement BDS et ses militants de poursuivre leur lutte pour le boycott de l’Etat voyou et criminel qu’est Israël et dont la montée en puissance lui fait réellement peur. Tout ce qui peut s’apparenter à une forme de boycott de l’Etat sioniste fait brutalement réagir ses autorités et leurs relais. C’est ce qu’ils ont fait hier par exemple à l’annonce par l’Union européenne qu’elle exige désormais l’étiquetage des importations israéliennes en provenance des territoires palestiniens occupés. Le boycott et les sanctions sont parmi les armes les plus efficaces que la communauté internationale peut mettre en œuvre pour contraindre l’Etat sioniste à respecter et à se soumettre à la légalité internationale. Cet Etat et tous ceux qui le défendent en France et en Europe réagissent pour en prévenir les survenues en taxant d’anti juif et antisémite toute décision ou mesure s’apparentant à une forme de boycott d’Israël. A force d’avoir été utilisé contre quiconque tente de rompre avec la servilité inconditionnelle à l’égard de l’Etat sioniste, l’anathème auquel ils ont recours n’est plus efficace, comme le prouve la montée en puissance de la désapprobation et de la dénonciation de la politique et des pratiques de l’Etat d’Israël à l’encontre des Palestiniens.