Une vingtaine de harragas interceptés à Annaba

Il y aurait parmi eux des jeunes filles

Une vingtaine de harragas interceptés à Annaba

Par : Salim KOUDIL, Liberté, 23 avril 2007

Une vingtaine de harragas ont été interceptés par les garde-côtes, hier matin, à 35 miles des côtes de Annaba. C’est ce qu’ont révélé des sources sûres qui ajoutent que les jeunes qui étaient sur trois embarcations de fortune d’une longueur de 5 à 6 mètres, étaient en panne sèche. Une embarcation a été découverte à 8h30, et les deux autres à 11h30. Toujours selon nos sources, il y aurait au moins une jeune fille parmi la vingtaine de harragas interceptés. Ce qui n’est d’ailleurs pas la première fois puisque depuis la fin de l’année dernière, d’autres jeunes filles ont été interceptées sur des embarcations. En ville, on parle même de quelques-unes qui auraient réussi à rejoindre les côtes italiennes.
En ce qui concerne les embarcations d’hier, les gardes-côtes ont été surpris par le manque flagrant de moyens que les harragas utilisent dans leur aventure : les aventuriers utilisaient des boussoles qu’on trouve sur… des porte-clés. Nos sources ajoutent que les jeunes avaient embarqué à Annaba, exactement de la cité Seybouse à Joineau, la nuit d’avant, et avaient l’intention de rejoindre les côtes de la Sardaigne, en Italie. Cette nouvelle interception de harragas survient quelques jours après la découverte d’un cadavre non loin du port de cette ville. En effet, jeudi dernier, le corps d’un jeune homme a été découvert par les gardes-côtes, et l’enquête a révélé qu’il s’agissait d’un harraga qui s’était noyé. Aussi, cette vingtaine de jeunes s’ajoutent aux 17 autres interceptés par les gardes-côtes depuis le début du mois d’avril. Elle démontre aussi que le phénomène prend de l’ampleur à Annaba et ses alentours. Devant la vigilance des gardes-côtes, les jeunes harragas sont en train de jouer avec le corps de l’ANP au chat et à la souris en changeant à chaque fois de lieu d’embarcation. Ce qui accentue à chaque fois la difficulté du travail des gardes-côtes, surtout devant leur manque de moyens. Retrouver des embarcations dans l’obscurité de la nuit relève de la gageure. Ce qui explique qu’à chaque fois qu’il y a interception, c’est toujours la matinée.
Cette situation suscite aussi beaucoup de réactions de la part des Annabis. Alors que les pères et mères de famille redoutent de plus en plus que leurs enfants tentent l’aventure avec tous les risques que cela entraîne, les jeunes, de leur côté, ne cachent pas leur intention de tenter le tout pour le tout, surtout que le chômage bat son plein dans la région.

Salim KOUDIL