Un député italien dénonce «l’invasion» de harraga algériens

Route maritime Algérie-Sardaigne: Un député italien dénonce «l’invasion» de harraga algériens

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 7 novembre 2017

Mauro Pili, député et fondateur d’Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde, est revenu derechef sur «l’invasion» de Sulcis, un territoire de la Sardaigne, par les harraga algériens, sujet qui lui tient apparemment à cœur. Dans une nouvelle déclaration reprise par la presse transalpine, il n’a pas hésité à qualifier le couloir maritime reliant l’Algérie à la Sardaigne de porte d’entrée de délinquants algériens. «La route algérienne-Sulcis est de plus en plus la porte d’entrée des délinquants algériens et pas seulement», dira-t-il, en soumettant, dimanche matin, un nouvel interrogatoire au ministère de l’Intérieur sur ce qu’il appelle «le nouveau débarquement criminel sur les côtes de Sulcis». Pili évoque, à titre d’exemple, la nuit de samedi lorsque un clandestin algérien, débarqué à Calasetta, une commune située dans la province du Sud-Sardaigne, sur l’île de Sant’Antioco, a été identifié comme étant un fugitif, recherché selon des accords internationaux. Le député précisera qu’il s’agit de L. Ali, condamné à 12 ans de réclusion criminelle par un tribunal français pour vol aggravé et tentative d’homicide. L’homme a été transféré à la prison d’Uta où il est mis à la disposition de la justice. «Ce trafic de criminels doit cesser», a notamment déclaré Pili qui indique qu’après avoir déjà dénoncé, ces dernières semaines, «le débarquement des terroristes», il «confirme» qu’il y a un plan pour noyer la Sardaigne de «criminel de toutes sortes». Rendant hommage au travail des forces de l’ordre, il appelle Rome à agir «sans perdre plus de temps.». Début septembre 2016, Mauro Pili avait dénoncé une véritable invasion de Sulcis après la mise à l’eau de 70 embarcations, à partir des côtes de Annaba, transportant quelque 350 à 400 clandestins algériens en route vers Teulada, une commune côtière de la province de Cagliari dans la région de la Sardaigne. Pour lui, cette «invasion» a été organisée en détail suivant un calendrier basé sur quelques uns des moyens les plus sophistiqués pour les prévisions météo. Il affirme que ces vagues d’immigration clandestine sont orchestrées par une organisation criminelle qui gère le passage de ces hommes. Il s’interroge sur le rôle des hommes politiques italiens et balaye d’un revers de la main l’hypothèse qui veut que la route entre l’Algérie et la Sardaigne soit occasionnelle et autogérée. En décembre de la même année, 158 harraga ont débarqué sur la côte italienne de Sardaigne, un débarquement massif qualifié par la police de bien organisé et révélant une nouvelle route de migration entre l’Algérie et l’Italie. Elle qui était habitué à faire face à des arrivées de migrants Nord-africains par des groupes ne dépassant pas les 20 personnes, note que c’est le premier débarquement de masse dans une nuit, depuis le début de l’année. Cet épisode consacre un peu plus la thèse d’une nouvelle voie maritime tracée par les trafiquants qui se concentrent sur la route entre l’Algérie et la Sardaigne.

Le fait même que les harraga aient rejoint la côte à bord de petits bateaux en fibre de verre serait la preuve pour les enquêteurs d’un trafic bien organisé par des réseaux de passeurs et que les migrants sont arrivés près de l’île à bord de plus gros bateaux, comme un bateau de pêche ou même un navire, puis répartis sur de plus petites embarcation pour faire le reste du voyage. Une thèse difficilement envisageable à partir de l’Algérie alors que la piste d’une organisation criminelle activant à partir du pays reste à étudier sérieusement. «Ce qui s’est passé aujourd’hui nous fait comprendre que derrière ce phénomène il y a une organisation énorme, ce qui suggère que ces arrivées de migrants, aujourd’hui, ne se sont pas produites par hasard», a commenté le secrétaire du syndicat de police de Cagliari Sap, Luca Agati. En 2009 déjà, Giampaolo Cantini, l’ambassadeur italien en Algérie, avait reconnu l’implication de réseaux criminels dans ce trafic humain des temps modernes. Il n’a pas hésité à lier le phénomène des harraga à des réseaux criminels de blanchiment d’argent et de recyclage illégal de fonds, qui exploitent la détresse humaine à des fins strictement financières.