Prévu pour être paraphé le 15 avril : Des Maliens disent non à l’accord d’Alger

Prévu pour être paraphé le 15 avril : Des Maliens disent non à l’accord d’Alger

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 12 avril 2015

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) ne signera pas finalement « l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » mettant ainsi fin à un suspense qui aura duré plus de 40 jours. Dans un communiqué de presse rédigé à Nouakchott vendredi et signé par Mossa Ag Attaher, le porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la CMA tient à informer l’opinion nationale ainsi qu’internationale qu’elle ne pourra pas parapher l’accord d’Alger du 1er mars 2015 « dans son état actuel et à la date indiquée ». Le communiqué explique que la Coordination avait été saisie par courrier officiel du chef de file de la Médiation, le 6 avril dernier, l’informant de l’organisation du paraphe de l’accord, le 15 avril 2015 à Alger. La CMA, qui a fini par rendre la réponse que tout le monde appréhendait, se dit être à l’écoute d’autres propositions à même «de prendre en compte les préoccupations issues de la volonté du peuple de l’Azawad» et réaffirme «son engagement à poursuivre le dialogue». La même source d’information fait état d’amendements «qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad» remis à la mission internationale qui s’était déplacée, le 17 mars 2015, à Kidal, dans le nord du Mali, pour la convaincre de signer le projet d’accord. La Médiation s’était signifiée un non catégorique de la CMA qui fait de l’autonomie de l’Azawad une condition sine qua non pour signer l’accord. Le 1er mars dernier, un accord de paix et de réconciliation par Bamako et certains mouvements politico-militaires du nord engagés dans la plateforme d’Alger avait été paraphé dans la capitale algérienne sous la supervision d’une médiation internationale présidée par l’Algérie. Les négociations de paix avaient été lancées en juillet dernier à Alger et le dialogue a connu cinq rounds. La Médiation, comprenant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, l’Union africaine, les Nations unies, l’Union européenne et l’Organisation de la Coopération islamique ainsi que le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, a souligné que cet accord d’Alger concrétise l’engagement de mettre fin à la crise au Mali et de sceller la réconciliation nationale «dans le plein respect de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et du caractère laïc et de la forme républicaine du Mali». Pour Moncef Mongi, chef de la Minusma, cet accord, même s’il ne répond pas, selon lui, à toutes les demandes et ne satisfait pas toutes les parties, a l’avantage de constituer «une bonne base pour une paix durable et la réconciliation». Il précisera pourtant que la réussite de cet accord dépendra «de la capacité des parties à transcender les barrières idéologiques, culturelles et politiques». Pourtant, et dès le départ, la CMA, qui regroupe essentiellement le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA), le MNLA et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), a refusé de parapher la déclaration d’Alger en demandant du temps pour expliquer à ses militants réfractaires ces accords. Sur le terrain, à Kidal, à Ber ou à Ménéka, les pro-Azawad ont souligné les limites du texte qui n’intègre ni l’autonomie ni le fédéralisme dans le projet d’accord de paix. Des manifestations avaient eu lieu quelques heures plus tard dans plusieurs localités du nord du Mali.