Libération de Serge Lazarevic: Les aveux de Bamako

Libération de Serge Lazarevic

Les aveux de Bamako

El Watan, 15 décembre 2014

Le ministre malien de la Justice, Mohamed Ali Bathily, a reconnu vendredi que quatre prisonniers avaient été libérés en échange du Français Serge Lazarevic, relâché mardi après trois années de captivité aux mains des terroristes d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI).

«L’évidence est là. Je confirme que votre chiffre est bon, quatre prisonniers ont été libérés des prisons maliennes pour que Serge Lazarevic recouvre la liberté. Pour les détails, c’est autre chose», a déclaré le ministre à la presse.
De son côté, un responsable malien de la sécurité a précisé qu’il s’agissait d’un «échange de prisonniers», réalisé «à la demande de Paris». «Ce n’est pas de gaieté de cœur que le Mali s’engage dans de telles décisions», a souligné le ministre de la Justice dans une interview, vendredi, à la chaîne de télévision France 24, insistant toutefois sur «la réalité d’une négociation». «C’est un fait, tout le monde le sait, il ne sert à rien de nier la réalité», a répondu M. Bathily, interrogé sur la véracité de ces informations.

«Sauver la vie a été une constante dans l’attitude des autorités maliennes chaque fois que des innocents sont menacés, y compris lorsqu’il s’est agi de Maliens», a-t-il expliqué, indiquant que 38 militaires, préfets ou policiers maliens ont déjà été libérés «de la même manière et avec le même type d’échange». «Le Mali ne peut pas faire moins pour les ressortissants de pays qui l’ont aidé que ce qu’il a fait pour ses propres fils», a-t-il ajouté.

Outre Mohamed Aly Ag Wadoussène, «organisateur principal de l’enlèvement» de Serge Lazarevic et de son compatriote Philippe Verdon, retrouvé tué en juillet 2013, ainsi que son complice présumé Haïba Ag Acherif, les autorités maliennes ont relâché un djihadiste tunisien et un autre originaire du Sahara occidental. Une source malienne proche des services de sécurité a fait savoir que les quatre prisonniers ont été transférés à Niamey, capitale du Niger, impliqué dans les négociations, avant d’être conduits dans le nord du Mali, où ils ont été remis aux ravisseurs de Serge Lazarevic.

La libération de ces quatre terroristes s’est-elle accompagnée d’un paiement d’une rançon à AQMI ? Invité hier au journal de 20 heures de France2, l’ex-otage français Serge Lazarevic a estimé que ses ravisseurs l’avaient capturé pour obtenir une rançon et a réfuté être un mercenaire. «Je pense que c’étaient des hommes qui attendaient une rançon. ça, la religion, je ne sais pas…», a déclaré M. Lazarevic. Celui-ci témoignait pour la première fois sur ses conditions de captivité, après son retour en France mercredi. A la question de savoir ce qui avait déclenché sa libération, il a répondu : «Oui, je crois que c’est l’argent, les gens qui prennent des gens en otages, c’est pour de l’argent, c’est financier.»

Encore trois otages étrangers détenus au Mali

S’il n’y a plus de Français détenu au Mali, il reste trois autres otages étrangers : un Suédois, un Britannique (qui a aussi la nationalité sud-africaine) et un Néerlandais enlevés il y a trois ans à Tombouctou. Le Néerlandais, Sjaak Rijke, est apparu dans la même vidéo que Serge Lazarevic, le 17 novembre dernier. C’est à Tombouctou, le 25 novembre 2011, que les trois personnes ont été enlevées lors d’une opération violente et spectaculaire. Cela s’est passé le lendemain du rapt de Serge Lazarevic et Philippe Verdon ; leurs ravisseurs ont attaqué en plein jour la terrasse de leur hôtel. Un Allemand qui tentait de résister a été tué sur le champ. Une cinquième personne, la femme du Néerlandais Sjaak Rijke, a réussi à se cacher et à échapper aux ravisseurs. (R. I.)

Aniss Z.