Moncef Marzouki tente de rassurer Alger sur la profondeur des relations algéro-tunisiennes

Moncef Marzouki tente de rassurer Alger sur la profondeur des relations algéro-tunisiennes

Maghreb Emergent, 12 Janvier 2012

Le Chef d’Etat tunisien a rappelé, dans un entretien accordé au quotidien tunisois El Sabah, le caractère « stratégique » des relations algéro-tunisiennes et s’est défendu de vouloir juger la politique intérieure algérienne. Ces propos sont une tentative de « défroisser » Alger suite à une déclaration qu’il a faite lors de sa récente visite en Libye et dans laquelle il a mis en garde contre la réédition de l’expérience algérienne de refus de la victoire des islamistes.

Dans une interview parue hier dans le journal tunisois Essabah, le président tunisien Moncef Marzouki a déclaré qu’il se rendrait bientôt en Algérie pour affirmer que « les deux pays ont besoin d’un de l’autre ». Il a ajouté qu’il accordait un « intérêt particulier » aux « relations stratégiques tuniso-algériennes », évoquant même la perspective d’unification des économies algérienne et tunisienne.

Se défendant de vouloir porter un jugement sur les autorités algériennes, Moncef Marzouki a expliqué qu’en évoquant, lors de sa récente visite à Tripoli, l’exemple de l’annulation des législatives de décembre 1991 en Algérie, il entendait simplement rappeler les graves conséquences du refus de résultats des urnes. « Il faudra à l’avenir (les) accepter et nous verrons ce que feront (chez nous) les islamistes. Nous verrons s’ils pratiqueront la démocratie réelle et s’ils accepteront l’alternance électorale. C’est ce que je souhaite personnellement », a-t-il ajouté.

En visite à Tripoli le 2 janvier dernier, le président tunisien avait mis l’accent sur la nécessité de respecter la victoire électorale des islamistes dans les pays arabes pour ne pas « voir se répéter un incident à l’algérienne dans les années 1990 ». Il avait estimé que si les « Algériens avaient accepté les résultats du vote (de décembre 1991, NDLR), le pays n’aurait pas sombré dans la violence et les bains de sang ». Ces propos ont froissé Alger selon, a jugé une partie de la presse libérale tunisienne lui reprochant de s’exprimer moins comme un chef d’Etat que comme un militant. Le journal électronique Business News a même crû déceler une réponse implicite à Moncef Marzouki dans une déclaration du ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, soulignant que l’Algérie n’avait de « leçons à recevoir de personne » et qu’au cours de la « décennie noire », elle « n’avait reçu d’aide d’aucune partie ».

A la veille d’une visite annoncée du président Abdelaziz Bouteflika à Tunis, les déclarations de Moncef Marzouki à Essabah ressemblent à une tentative de rassurer l’Algérie sur les intentions fraternelles du nouveau pouvoir tunisien. Elle a été précédée, lundi dernier, d’un communiqué de la Présidence tunisienne s’étonnant « des articles et commentaires (…) qui ont dénaturé la teneur du discours du président (…) en Libye, insinuant une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie ».