E-Gouvernement : l’Algérie dernier d’un Maghreb à la traîne

E-Gouvernement : l’Algérie dernier d’un Maghreb à la traîne

Abdelkader Zahar, Maghreb Emergent, 06 Mars 2012

L’enquête des Nations unies sur le e-gouvernement pour l’année 2012 révèle davantage le creux de la vague dans lequel se trouve l’Algérie en matière de services gouvernementaux liés aux TIC en direction des citoyens. Dans un Maghreb qui ne se porte pas tellement mieux. Ici, une lecture non exhaustive du rapport.

L’Algérie est classée à la 132e place mondiale dans l’« United Nations E-Government Survey 2012 » sur un ensemble 159 pays étudiés. Elle perd une place par rapport aux résultats de l’enquête de 2010, mais améliore de 13% son index de e-gouvernement.

Comme en 2010, l’Algérie ne figure pas parmi les dix premiers (Top Ten) en Afrique. Dans cette liste, les Seychelles arrivent en tête des dix pays africains, avec un classement de 84e rang mondial. Suivis de Maurice (93e place mondiale), de l’Afrique du Sud (101e), de la Tunisie (103e), de l’Egypte (107e), du Cap-Vert (118e), du Kenya (119e), du Maroc (120e), Botswana (121e), et la Namibie (123e).

En Afrique du Nord, la première place revient à la Tunisie, suivie de l’Egypte, du Maroc, de l’Algérie, et de la Mauritanie (181e).
A noter que la Libye ne figure pas dans ce classement mondial de 2012 puisqu’au moment de l’enquête le pays était en situation d’affrontements militaires. Mais dans l’enquête de 2010, la Libye avait occupé la 114e place.

Dans cette enquête, ont été pris en compte plusieurs paramètres liés aux TIC et au e-gouvernement. Parmi eux : l’« e-participation », l’« e-information », l’« e-consultation », l’« e-prise de décision », les « services en ligne », les « infrastructures de télécommunications », le « capital humain ».

Mais globalement ce qui est pris en charge dans cette étude c’est la capacité des Etats à développer le e-gouvernement dans le sens d’un renforcement de la citoyenneté et des entreprises, en permettant un plus grand accès à des informations de service public et une plus grande transparence dans la gestion des gouvernements.

 

L’Algérie doit améliorer plusieurs paramètres

 

Dans l’ensemble des éléments étudiés par l’enquête des Nations Unies sur le e-gouvernement pour l’année 2012, l’Algérie obtient des notes médiocres dans les volets services et infrastructures, mais reste assez bonne en matière « capital humain ».
De l’évolution de l’ensemble de ces paramètres, l’index de développement du e-gouvernement (EGDI) de l’Algérie pour l’année 2012 est de 0,3608 contre 0,3181 en 2010. Cette légère augmentation de son EGDI n’a pas permis à l’Algérie d’améliorer son classement, mais de perdre une place (132e contre 131e un an plus tôt). Ceci s’explique par le fait que d’autres pays on fait mieux que l’Algérie en matière d’amélioration de leur EGDI.

La valeur de l’EGDI est obtenue par trois éléments : « service en ligne », « infrastructures de télécommunications » et « capital humain ». C’est dans ce dernier élément que l’Algérie obtient le meilleur index (0,6463), derrière la Tunisie (0,6841) et devant l’Egypte (0,5588) et le Maroc (0,4430).

L’Index « infrastructures de télécommunications » de l’Algérie (0,1812) est le plus faible en Afrique du Nord, derrière respectivement la Libye, la Tunisie, le Maroc et l’Egypte.
L’enquête de l’ONU estime le nombre d’internautes en Algérie à 12,50 pour 100 habitants, et le taux d’abonnement Adsl à 0,58 / 100 hab. Le taux de pénétration du téléphone fixe est de 8,24 / 100 hab, contre 92,42 / 100 hab pour le GSM.

 

Le portail du gouvernement tunisien, un exemple

 

Dans le chapitre « Etendue de l’e-participation », les pays sont classés en trois groupes. Avec un index d’e-participation de (0,0526) l’Algérie arrive à l’avant dernière place du 3e groupe des pays aux résultats compris entre 1 à 33%. Les deux premiers ont des taux de e-participation respectivement supérieurs à 67% et compris entre 34 et 66%. Toujours dans ce chapitre, qui comprend trois éléments, l’Algérie est créditée de résultats médiocres. Elle a zéro « 0 » point en « e-information » et en « e-prise de décision », et 5 points en « e-consultation », soit une notre moyenne de 4 sur l’ensemble du chapitre. Globalement, le document montre qu’il reste beaucoup à faire en matière de e-gouvernement en Algérie.

Par contre, le rapport des Nations Unies consacre une mention particulière au Portail du gouvernement tunisien http://www.tunisie.gov.tn qui fournit une panoplie de services allant de la « Recherche d’emploi », au « Paiement des factures en ligne », en passant par la « Demande de prêts de logement », la consultation à distance des « infractions routières », aux documents de l’état civil et au « suivi des affaires en justice ». Ce site gouvernemental n’a pas d’équivalent au Maghreb, en Afrique du Nord et dans l’ensemble des pays d’Afrique. Ce qui explique le bon classement de la Tunisie dans la région, mais qui doit faire encore mieux pour jouer dans la cour des grands où l’on trouve, par ordre décroissant d’EGDI : la Corée du Sud, les Pays Bas, le Royaume Uni, le Danemark, les USA, la France, la Suède, la Norvège, la Finlande, et le Singapour.