Situation en Syrie: Le mouvement de contestation continue malgré la répression

Situation en Syrie

Le mouvement de contestation continue malgré la répression

El Watan, 19 avril 2011

Le mouvement de contestation du régime de Bachar Al Assad s’est poursuivi hier en Syrie malgré la répression qui continue à sévir. Répression qui a fait dimanche dernier 11 morts, dont 7 à Homs à 160 km au nord de Damas.

Les 4 restants sont recensés à Telbisseh, ville proche de Homs. En plus de ces deux villes, des manifestations ont eu lieu hier dans plusieurs villes du pays. A Deraa, au sud de Damas, environ 500 personnes, dont 150 avocats, ont manifesté en appelant à la chute du régime. Ils ont réclamé la libération des détenus et dénoncé le monopole du Baas sur la vie politique. Dans la localité de Jisr Al Choughour près d’Idleb au nord-ouest, environ 1500 personnes ont manifesté après les obsèques d’un manifestant tué à Banias, plus au Sud. Samedi dernier, Bachar Assad, arrivé au pouvoir depuis 2000 après la mort de son père, a annoncé l’abrogation de la loi d’urgence «dans une semaine maximum». Pour l’avocat et défenseur des droits de l’homme, Haytham Maleh, une telle mesure constitue «un pas qui n’est pas suffisant». De son côté, le président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel Rahmane, a demandé «l’abolition des tribunaux d’exception.

Washington a financé l’opposition

Dans son édition d’hier, le quotidien américain Washington Post, citant les télégrammes diplomatiques diffusés par WikiLeaks, a rapporté que les Etats-Unis ont financé en secret des groupes de l’opposition syrienne ainsi qu’une chaîne de télévision. Il s’agit de la chaîne Barada TV installée à Londres. Opérationnelle depuis avril 2009, elle s’intéresse entre autres aux mouvements de protestation que vit la Syrie. Selon le Washington Post, la chaîne Barada TV est proche du Mouvement pour la justice et le développement, un réseau d’opposants syriens exilés. Le département d’Etat américain a financé ce mouvement à hauteur de 6 millions de dollars depuis 2006. Washington a commencé à financer des figures de l’opposition sous la présidence de George Walker Bush quand ce dernier a rompu ses relations avec Damas en 2005. Les financements ont perduré avec le président Barack Obama. Des diplomates américains, cités dans les télégrammes, proposent d’infléchir cette politique de financement de l’opposition. «Une refonte des programmes actuels de financement américain de factions, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Syrie, pourrait être productive», écrit un diplomate dans un télégramme. L’Occident suit avec intérêt ce qui ce passe en Syrie.

D’autant que Damas entretient des relations étroites avec Téhéran. Les deux capitales sont accusées de soutenir le Hezbollah au Sud-Liban. En plus, le pouvoir en Syrie est dominé par la minorité alaouite qui est de confession chiite. Damas n’a pas signé d’accord de paix avec Israël et exige entre autres préalables pour autant la restitution par Tel-Aviv du plateau du Golan occupé depuis juin 1967 et annexé en décembre 1981. L’enjeu du Golan est important. Il domine la plaine du Horan en Syrie, la vallée de la Galilée en Israël et donne sur une partie du Liban. En plus, il renferme de grandes réserves d’eau. Pour Damas, le Golan est un territoire occupé. Il n’est pas question de compromis quant à sa souveraineté sur le plateau. De son côté, Tel-Aviv voit en le plateau un point stratégique sur le plan militaire. Comme il est inconcevable de céder à la Syrie et de surcroît un pays ennemi, ce territoire riche en eau. A cela, s’ajoutent la question palestinienne et la situation politique au Liban. Dossiers complexes qui attendent en vain depuis des années une issue.

Amnay idir