Timide mobilisation à Alger Plus de policiers que de manifestants !

Marche de soutien pour Ghaza

Timide mobilisation à Alger Plus de policiers que de manifestants !

El Watan, 5 juin 2010

La marche, hier, dans la capitale pour la levée du blocus israélien sur Ghaza n’a finalement pas drainé beaucoup de monde.

Se voulant une réaction de la rue algérienne, cinq jours après, à l’attaque meurtrière commise lundi dernier par l’armée israélienne contre la flottille humanitaire pour Ghaza, la manifestation n’a attiré que quelques dizaines de fidèles, une vingtaine, selon la police, essentiellement sortis, après la prière de vendredi, de la mosquée Saïf Allah de Belouizdad. Comme tête de file, l’imam Abdelfettah Zaraoui Hemdèche, président de l’association religieuse algéroise Sahouet Massajid El Djazaïr et également membre de l’organisation internationale antisioniste. D’autres personnes dont des jeunes ont rejoint les premiers manifestants en cours de trajet qui les a conduits jusqu’au siège de l’Assemblée populaire nationale (APN), situé au boulevard Zighout Youcef, au centre d’Alger. Chauffés à blanc, les manifestants scandaient des slogans contre l’occupation israélienne des territoires palestiniens et dénonçaient la dernière attaque de l’Etat hébreu contre la flottille humanitaire en route vers Ghaza, qui s’est soldée par 16 morts dont 8 Turcs et 1 Américain.

Arborant le drapeau palestinien, les manifestants ont appelé les peuples arabes à sortir pour exiger de leurs gouvernements des actions concrètes en faveur de la levée du blocus imposé par Israël. « Nous demandons à toutes les nations arabes de se mobiliser pour exiger la levée du blocus sur nos frères ghazaouis qui vivent dans le dénuement total, sans nourriture ni médicaments », lance un manifestant avant que d’autres lui emboîtent le pas pour, cette fois-ci, exiger des sanctions contre l’Egypte qui, selon eux, a aggravé le blocus en fermant sa frontière avec Ghaza. Abdelfettah Zaraoui Hemdèche a vertement critiqué la Ligue arabe dans une déclaration lue devant les manifestants rassemblés devant l’APN. « La Ligue arabe, la pauvre, ne travaille plus pour concrétiser les objectifs de la nation arabe et musulmane ni pour faire aboutir ses revendications justes. Elle est devenue une sorte de phénomène sonore qui se limite à produire des discours sans lendemains », fulmine-t-il, appelant par là même les « peuples musulmans libres » pour qu’ils prennent leur destin en main et jouent leur rôle dans « la renaissance et la réforme » de leurs pays.

Il estime qu’il est temps pour ces peuples de créer « une ligue » qui sera dirigée par des « hommes libres, honnêtes et dignes », capables de faire valoir « leurs exigences » qui consistent notamment en la « levée immédiate et définitive » du blocus sur Ghaza et en la « rupture des relations avec l’Etat sioniste » et la « fermeture de ses ambassades dans les pays musulmans ». Dépêchés en force, les policiers se sont contentés de surveiller la manifestation pour éviter d’éventuels débordements. La protestation s’est déroulée sans heurts. Les manifestants se sont dispersés dans le calme. A souligner que 32 Algériens ont participé à la flottille humanitaire interceptée par la marine israélienne lundi dernier. La communauté internationale a condamné cette agression meurtrière. Un navire irlandais faisant partie de cette flottille, qui a fait un retard pour des raisons mécaniques, devrait arriver dans deux jours dans les eaux internationales où a eu lieu, la semaine dernière, l’opération sanglante israélienne. Mis en garde par Israël, le navire maintient son cap vers Ghaza.

Il est baptisé au nom de l’humaniste américaine Rachel Corrie, écrasée en 2003 par un bulldozer israélien à Ghaza, et semble résolu à acheminer à bon port les 1200 tonnes d’aides humanitaires (nourriture, habillement et médicaments) destinées aux populations de Ghaza. Plusieurs organisations humanitaires à travers le monde ont exprimé leur volonté d’organiser une deuxième Flottille de la Liberté pour briser le blocus israélien sur Ghaza, malgré les avertissements de l’Etat hébreu.

Par M. A. O.