Le socialiste français Frèche en flèche pour Israël

Le socialiste français Frèche en flèche pour Israël

par M. Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 23 juin 2009

La dernière initiative du très arabophobe président de la région Languedoc-Roussillon, une région française du sud de la France, George Frèche, membre éminent du parti socialiste, crée des remous. Le président de cette région, qui a pour capitale Montpellier, a annoncé le 5 mai dernier dans une interview au journal régional le Midi Libre, la mise en application d’une convention avec la centrale agroalimentaire israélienne Agrexco qui prévoit l’installation d’un terminal au port de Sète destiné à recevoir des fruits et légumes en provenance d’Israël. Il s’agit, pour ce militant sioniste de longue date, de faire, selon ses propres termes, de ce pays un «allié commercial pour la région». L’élu socialiste, qui peut compter sur le vote massif des pieds-noirs très présents dans cette partie méridionale de la France, met en avant les bénéfices, en termes de création d’emplois et d’impulsion de l’activité dans un contexte de crise. En investissant 200 millions d’euros, la région espère créer 200 emplois dans le cadre d’un projet plus vaste de coopération avec Israël qui concède notamment à ce pays une présence sur le marché européen de Perpignan. Le projet a pour ambition de faire de la ville Montpellier, un des pôles mondiaux de l’eau en s’appuyant sur les technologies israéliennes et de permettre l’installation en Languedoc-Roussillon de l’Institut international de recherche agronomique, dont le siège est actuellement à Washington, avec l’aide de l’Etat israélien.

Le choix d’AGREXCO est loin d’être innocent. Cette entreprise spécialisée dans les fruits, les légumes et les fleurs, est l’un des instruments de la politique sioniste de colonisation. Directement rattachée au ministère israélien de l’Agriculture qui la contrôle à 50 %, AGREXCO met en oeuvre les politiques de spoliation du gouvernement de Tel Aviv. Le directeur-général de cette entreprise a reconnu, lors d’un procès à Londres en 2006, que 70 % de ses exportations proviennent des colonies, en particulier de celles de la vallée du Jourdain. Dans ces colonies, 7.000 colons se sont appropriés 95 % des terres et contrôlent 98 % de l’eau, contraignant à l’exil ou à la misère les agriculteurs palestiniens des zones où sévit cette entreprise.

Scandale

La décision de George Frèche fait scandale quelques mois à peine après l’agression contre la ville de Ghaza, toujours soumise à un blocus criminel. La coopération avec Israël, au moment ou l’Union européenne a décidé le gel du «rehaussement» de ses relations, est l’expression claire d’un soutien politique inconditionnel à un pays qui ne respecte aucune règle et qui continue son processus de colonisation de la Cisjordanie.

Dans une lettre ouverte, l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) de la région Alès-Cévennes reconnaît la légitimité de l’action pour le développement économique, mais s’indigne qu’elle se fasse «au prix de la violation du droit international et des textes qui régissent les accords entre l’UE et Israël, en particulier ceux qui ont trait au respect des droits de l’Homme (art. 2, 76 et 79) et à la règle d’origine qui proscrit les produits des colonies».

Plusieurs associations ont appelé à une manifestation le 25 juin à Montpellier contre le projet de Georges Frèche qui s’inscrit à contre-courant de la campagne mondiale de boycott des produits israéliens. Le soutien affiché à un Etat responsable de la mort de 1.300 personnes à Ghaza est révélateur du tropisme anti-Arabe d’un parti socialiste qui est largement l’héritier de la SFIO de sinistre mémoire.

L’idéologie raciste et néocoloniale qui imprègne de larges secteurs d’un parti «de gauche» trouve son expression achevée dans un président de région qui n’a jamais caché ses inclinations revanchardes et sa nostalgie de l’Algérie coloniale. George Frèche et consorts ont trouvé en Israël une terre d’élections – à tous les sens du mot – à la mesure de leur échec historique. Le développement de la coopération avec Israël, à contre-courant de l’Histoire et du Droit, se heurte à la détermination des nombreux militants progressistes – authentiques ceux-là – français, ceux qui défendent les droits de l’Homme et ceux qui ont pris le parti de la justice pour le peuple palestinien.