Les Palestiniens ne perdent pas espoir

Entre occupation et divisions internes

Les Palestiniens ne perdent pas espoir

Pris entre le marteau de l’occupation israélienne, qui depuis plus de 60 ans use de tous les moyens pour le priver de ses droits les plus élémentaires et l’enclume des profondes divisions entre les différentes factions, surtout entre le Fatah et le mouvement islamiste Hamas, les deux principales forces au sein de la scène politique qui, sur le terrain, ont conduit a une division effective du pays en deux parties avec deux gouvernements différents, l’un formé par le mouvement Hamas dans la bande de Ghaza, depuis juin 2007, suite à un coup de force qui a mis fin à la présence des institutions militaires et civiles de l’Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, et un autre gouvernement à Ramallah, en Cisjordanie occupée, contrôlé par l’Autorité palestinienne et le mouvement Fatah, le peuple palestinien traverse l’une des étapes les plus tristes et les plus dangereuses de son histoire.

Ghaza De notre correspondant, El Watan, 29 avril 2009

D’un côté, Israël s’est doté d’un gouvernement formé par des partis encore plus extrémistes qui tentent de changer les règles du jeu en se démarquant de tous les accords conclus avec les Palestiniens. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou, le chef du Likoud, s’oppose à la création d’un Etat palestinien indépendant, sur les territoires occupés en 1967, contre l’avis de la communauté internationale. Mais ce qui inquiète le plus les Palestiniens aujourd’hui, c’est cette division profonde créée au sein de la société et parfois au sein d’une même famille, à cause de la confrontation entre Fatah et Hamas qui n’arrivent toujours pas à trouver un terrain d’entente près de deux années après les événements sanglants de la bande de Ghaza. La population palestinienne garde toujours un espoir, même s’il est mince, qu’ils pourraient conclure un accord, lors de la 4e étape des négociations de réconciliation qui se tient dans la capitale égyptienne.

Ces négociations devaient commencer lundi dernier, mais ont été retardées d’une journée pour plus de consultations préliminaires. Les trois premiers rounds de discussions n’avaient abouti qu’à des accords partiels, insuffisants pour une réunification véritable des rangs. Le problème majeur réside au niveau de la formation d’un gouvernement d’entente nationale. Le mouvement Fatah veut qu’il soit constitué de personnalités indépendantes acceptables par la communauté internationale et donc capables de lever l’embargo israélien imposé à la bande de Ghaza, d’entamer la reconstruction de ce qui a été démoli au cours de la dernière guerre israélienne contre Ghaza et de préparer les élections législatives et présidentielles prévues en janvier 2010. Le mouvement Hamas accuse le Fatah de se plier aux exigences d’Israël et des États-Unis et veut former un gouvernement dont ses hommes occupent les postes-clés, sans présenter de solutions à la façon de lever l’embargo ou de la reconnaissance de ce gouvernement par la communauté internationale, condition principale au lancement des travaux de reconstruction.

Contrôlant la bande de Ghaza d’une main de fer, le mouvement Hamas ne paraît pas pressé d’aller vers une solution acceptable par la majorité des pays arabes et du Quartette, (formé par les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’ONU), mais qu’il considère mauvaise pour son parti, dont l’influence au niveau de la population risque de baisser davantage.

Par Fares Chahine


Abbas refuse de reconnaître Israël comme État juif

Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé, lundi, qu’il refusait de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, comme l’a exigé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. « État juif, c’est quoi ça ? Vous pouvez vous faire appeler comme ça vous plaît, mais moi je ne l’accepte pas et je le dis publiquement », a déclaré M. Abbas dans une allocution à Ramallah, en Cisjordanie.

Il a affirmé que l’exigence d’Israël d’obtenir une reconnaissance palestinienne de son caractère juif avait été « longuement discutée » et rejetée par les Palestiniens lors de la conférence d’Annapolis aux Etats-Unis ayant relancé le processus de paix israélo-palestinien, en novembre 2007. « Vous pouvez vous faire appeler la République sioniste, hébraïque, nationale socialiste si ça vous plaît, ça ne me regarde pas. Moi, je sais qu’il existe un Etat d’Israël sur les frontières de 1967 (avant l’occupation des territoires palestiniens, ndlr) et pas un centimètre de plus ou de moins », a ajouté le dirigeant palestinien. M. Netanyahu avait réclamé le 16 avril que les Palestiniens reconnaissent Israël comme Etat juif, lors d’une rencontre avec l’émissaire américain George Mitchell. Le 20 avril, son bureau avait toutefois indiqué qu’une telle reconnaissance n’était pas une condition pour une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens. Les Palestiniens craignent notamment que la reconnaissance d’Israël comme l’Etat des juifs revienne pour eux à renoncer au « droit au retour » des réfugiés palestiniens.

Israël se définit selon une loi fondamentale comme « État juif et démocratique », tout en comptant 1,3 million de citoyens arabes. Il s’agit des descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l’Etat juif. Ils représentent aujourd’hui 20% de sa population. M. Abbas a en outre critiqué le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, l’ultranationaliste Avigdor Lieberman, qui a notamment affirmé que son pays n’était pas lié par le processus lancé à Annapolis et que l’initiative de paix arabe lancée en 2002 constituait un danger pour Israël. « Lieberman, c’est un cas à part. Il n’a pas encore appris la politique et ne l’a pas suffisamment pratiquée. C’est un adversaire, il est venu pour dire non et je rejette, et à chaque fois il nous sort un nouveau refrain », a déclaré M. Abbas.


La création d’un État palestinien minée par la colonisation

La poursuite au rythme actuel de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée risque d’anéantir les chances de création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël, a mis en garde, lundi, l’ONG israélienne Ir Amim. « Si la colonisation continue, il sera bientôt trop tard pour une solution au conflit basé sur deux États. Ce sera l’impasse absolue », a averti l’avocat Me Daniel Seidemann, à la tête de cette ONG, qui s’est spécialisée dans le suivi de la colonisation de la partie orientale d’El Qods, annexée par Israël après sa conquête en juin 1967.

Il a indiqué lors d’un colloque à El Qods que des appels d’offres avaient été lancés depuis la conférence d’Annapolis (États-Unis), en novembre 2007, pour près de 2000 logements pour des juifs dans la partie orientale. Me Seidemann, qui est fréquemment consulté par des responsables l’Administration américaine, s’est toutefois déclaré persuadé que sous la présidence de Barack Obama, Washington va faire pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu pour donner un coup d’arrêt à la colonisation. Chaque nouvelle maison construite dans les implantations rend encore plus difficiles les chances d’un accord israélo-palestinien, a déclaré pour sa part Hagit Ofran, porte-parole du mouvement anticolonisation la Paix maintenant. Elle a dénoncé le « double jeu » de l’ancien gouvernement d’Ehud Olmert du parti centriste Kadima, lui reprochant d’avoir « poursuivi la colonisation à un rythme intensif, particulièrement en 2008, tout en affichant sa volonté d’aboutir à un accord de paix basé sur deux Etats ».

A El Qods est, 2400 appels d’offres supplémentaires ont été lancés entre 2006 et 2009, selon la même source. Des travaux sont en cours pour la construction d’une soixantaine de logements juifs dans le quartier d’Arab Al Sawahra d’El Qods est, a révélé, lundi dernier, la Paix maintenant. Selon Mme Ofran, « ils visent à compléter la ceinture de quartiers juifs qui entourent la partie orientale arabe d’El Qods et nous nous élevons contre ce projet qui nuit aux espoirs de paix ». Selon la municipalité de la Ville sainte, ces plans ont été approuvés en 2000 et le chantier en question ne constitue pas un nouveau projet de colonisation. Les limites municipales d’El Qods, unilatéralement fixées par Israël, n’ont jamais été reconnues par la communauté internationale et suscitent des critiques, notamment de l’Administration américaine.

Les Palestiniens, qui veulent faire du secteur oriental de Jérusalem la capitale de leur futur Etat, font valoir que la colonisation israélienne est le principal obstacle sur la voie de la paix. Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a affirmé, lundi, que l’Autorité palestinienne envisageait « de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Assemblée générale » pour faire arrêter la colonisation israélienne. Quelque 190 000 Israéliens vivent dans une douzaine de quartiers de colonisation à El Qods est où vivent 270 000 Palestiniens.