La bague du général Souleïmane

La bague du général Souleïmane

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 29 novembre 2007

Les choses se débloqueraient-elles au Liban ? La crise institutionnelle (absence de président de la République et gouvernement à la légitimité contestée) est devenue une réelle menace pour la paix civile au pays. L’incapacité des différents protagonistes à s’entendre sur le nom du président a créé un vide qui pouvait mener vers le chaos.

Chacune des parties s’est cependant évertuée à en faire un « vide calme » et s’est abstenue de jeter de l’huile sur le feu. Faut-il y voir l’effet des pressions externes pour éviter que la conférence d’Annapolis soit perturbée par un clash au Liban ? Certains le pensent, mais on préfère croire que toutes les parties ont compris que le clash en question risque d’être définitif et de mettre en péril jusqu’à l’existence du Liban.

Mais un vide est dangereux par essence, il est l’antithèse du calme et de l’ordre. Il faut y mettre fin si le Liban veut éviter le chaos. Apparemment, c’est en cours, si des interférences externes ne viennent pas perturber la solution qui se dessine. Cette solution a pour nom le général Michel Souleïmane, le commandant en chef des forces armées. L’homme avait l’assentiment de l’opposition mais suscitait des réserves, voire des oppositions chez le groupe du 14 Mars ou « Courant du Futur ». Il semble que ces réserves commencent à être levées et que l’on s’oriente vers une révision de la Constitution pour permettre au général Michel Souleïmane d’être le candidat du consensus.

Cette révision est nécessaire, la loi fondamentale prévoyant que les fonctionnaires de haut rang doivent quitter leurs fonctions deux ans avant de pouvoir briguer la fonction présidentielle. En acceptant ouvertement l’amendement de la Constitution pour parvenir à un accord sur le général Michel Souleïmane, le groupe qui entoure Saad Hariri admet qu’il ne peut se permettre d’élire le président sans un consensus avec l’opposition. Il était techniquement possible de jouer l’élection sur la base de « 50+1 », elle était politiquement difficile à tenir. Une telle option signifiait que l’on déclenchait résolument la dynamique néfaste de l’implosion.

Pour l’opposition qui a fait du général Michel Aoun son candidat, l’alternative Michel Souleïmane est acceptable. L’homme avait fait des déclarations remarquées en mettant en garde les politiques contre la situation de vide. Il a réussi aussi, ce qui est tout aussi remarquable, à préserver la cohésion de l’armée dans un contexte libanais dangereusement volatile. C’est cette cohésion de l’armée qu’il faut préserver et qui rend nécessaire d’aller rapidement à une solution consensuelle.

Michel Souleïmane n’est pas la solution aux très graves problèmes que connaît le Liban, mais il a l’avantage de résoudre l’équation du vide sans qu’aucun des protagonistes n’ait le sentiment d’être vaincu.