Législatives: On prend les mêmes et on recommence

Législatives: On prend les mêmes et on recommence

par Z. Mehdaoui, Le Quotidien d’Oran, 6 mai 2017

Comme il fallait, s’y attendre, le changement n’a pas eu lieu au niveau de l’hémicycle Zighout Youcef. Le parlement sera encore une fois, contrôlé par les partis du système, le FLN et le RND, avec respectivement 164 et 97 sièges, soit la majorité absolue.

En dépit du taux d’abstention qui s’élève à plus de 60%, le parlement algérien ne changera pas de couleur ni de stratégie. On a pris les mêmes et on recommence pour 5 autres longues années. Le rejet massif des Algériens de ce scrutin n’empêchera pas le système d’avoir une légitimité, même relative, de rester, encore au pouvoir, en contrôlant la chambre basse, vitrine d’une démocratie de façade.

Djamel Ould-Abbès, qui avait déclaré lors d’un meeting que le FLN restera, encore, au pouvoir un siècle, est désormais plus proche de la réalité. L’alternance au pouvoir ne signifie rien en Algérie. Sans sombrer dans le défaitisme, il est vain d’espérer un quelconque changement, du moins les cinq prochaines années. Une « minorité », élue avec à peine 38% de taux de participation va, encore, décider du sort des Algériens, sans contre-pouvoir, ni réel contrôle de l’opposition.

Le faible score enregistré, lors de ces élections législatives montre bien que la société sera, médiocrement, représentée au sein de l’APN. Les partis républicains et démocrates ainsi que les islamistes qui ont un ancrage dans la société et qui promettaient un « ras de marée électoral » à l’occasion de ce 4 mai 2017, vont, encore une fois, contester les résultats du scrutin. Comme à l’accoutumée, on assistera à des conférences de presse pour dénoncer des cas de fraude présumée. Comme à l’accoutumée, chaque parti politique apportera des arguments, pour justifier sa débâcle à ces élections législatives. Comme à l’accoutumée le Conseil constitutionnel, à quelques nuances près, validera les chiffres rendus publics, hier, par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales. Comme à l’accoutumée, certains vont continuer à espérer, alors que d’autres vont quitter ce pays par les airs ou des barques de fortune.

L’élection devrait pourtant être une délégation de Souveraineté. Elle constitue, au sein d’une société organisée, une « soupape de sécurité ». En effet, la possibilité pour les citoyens de pouvoir, régulièrement, exprimer leur mécontentement ou, au contraire, de donner un nouveau mandat au pouvoir sortant, évite que les désaccords politiques majeurs ne trouvent un autre terrain d’expression (la rue) et d’autres modalités (la violence). Par ailleurs l’opposition, a de tout temps, à travers le monde, constitué un contre-pouvoir : elle permet d’éviter que la majorité, une fois parvenue au pouvoir, n’ait la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés.

En Algérie, et c’est là, une spécificité bien algérienne, un seul parti, règne sans réel partage, depuis l’indépendance de l’Algérie, en passant, pour être maître dans l’art, de «faire démocratique» sans rien lâcher du pouvoir. Et c’est là où réside le danger, car cette situation est, de plus en plus, mal vécue par les nouvelles générations.