Des listes et des interrogations

Dépôt des dossiers de candidatures à la députation

Des listes et des interrogations

El Watan, 8 mars 2017

La première liste non définitive des participants aux prochaines législatives laisse perplexe. Trois partis, FLN, RND et Taj, et une alliance MSP-Front du changement occupent le peloton, avec des listes pour les 52 circonscriptions électorales. L’ascension fulgurante de très jeunes partis, comme Taj et le Front El Moustakbel (qui se présente dans 50 circonscriptions), suscite de nombreuses interrogations, surtout quand on voit que le PT n’a pu avoir de listes que dans 42 circonscriptions, le FFS dans 35 et le RCD dans 13.

Annoncés par le ministère de l’Intérieur, les premiers résultats des dépôts des dossiers de candidatures aux législatives donnent une idée sur les moyens utilisés par les partis, alliances et les indépendants, pour être présents dans le maximum de circonscriptions électorales, et augmenter les chances d’accès à l’APN. Ainsi, trois partis politiques et une alliance occupent le peloton avec des listes au niveau des 52 circonscriptions électorales (48 à l’intérieur du pays et 4 à l’étranger). Il s’agit du Front de libération nationale (FLN), Rassemblement national démocratique (RND) et Tajamoue Amel El Jazaïr (Taj), et de l’alliance Mouvement pour la société et la paix (MSP)-Front du changement.

Si pour le FLN et le RND, on peut comprendre le recours probable à l’«administration» pour remplir les listes au niveau de l’ensemble des circonscriptions électorales, vue leur proximité avec celle-ci, il est difficile de comprendre la percée surprenante du Taj, un parti de trois ans d’existence, qui se lance pour la première fois dans les élections législatives. Sorti des entrailles du MSP, qui avait fait de lui un ministre durant presque 15 années, son président et fondateur, Amar Ghoul, avait étonné les plus avertis en déclarant, il y a quelques mois, qu’il ferait le plein lors des législatives de 2017 et en lançant des appels à candidature pour la députation.

Personne n’avait prévu que ce parti, qui compte bon nombre d’entrepreneurs, de commerçants et de petits businessmen, allait pouvoir présenter des candidats pour des sièges de députés au niveau des 48 wilayas ainsi que ceux de nos ressortissants vivant à l’étranger. Comment ce tout jeune parti, et sans aucune alliance avec d’autres formations politiques, a-t-il pu collecter 250 signatures pour chaque siège à pourvoir en Algérie, et 200 signatures pour chacun de ceux réservés à la communauté algérienne à l’étranger ? Une question que se posent de nombreux observateurs.

Juste après le premier peloton, vient le Front El Moustakbel (FM), que dirige un jeune médecin, le Dr Belaid, issu de l’école FLN. Lui aussi a étonné par ses capacités à présenter des candidats dans 50 circonscriptions électorales, occupant ainsi la 2e place sur la liste. Il est suivi de l’alliance de l’Union pour la justice, le développement et l’édification (UJDE), composée de trois formations politiques d’obédience islamiste, à savoir le mouvement Ennahda, le Front pour la justice et le développement (FJD) et le Mouvement pour l’édification nationale (MEN), avec des listes pour 49 circonscriptions électorales.

Le Mouvement populaire algérien (MPA), jeune parti d’à peine quatre ans et qui avait obtenu 6 sièges lors des législatives de 2012, se lance dans la course électorale avec des listes dans 48 circonscriptions, alors que le Parti des travailleurs (PT) occupe la 5e place avec des listes pour 42 circonscriptions (et non pas 41 comme annoncé hier par erreur) seulement, en dépit de son importante base militante, le nombre de ses élus et le taux de plus de 4% de l’électorat dans de nombreuses circonscriptions électorales qui lui permet d’être exempté de la collecte de signatures.

Ce qui démontre toute la difficulté à se mettre sur la ligne de départ des législatives et suscite des interrogations sur la facilité avec laquelle certaines formations politiques, qui ont à peine quelques années de vie, peuvent sortir du lot et devancer celles qui ont des années de lutte politique. Le FFS, qui avait obtenu 26 sièges en 2012, a présenté des listes dans 35 circonscriptions, occupant ainsi la 7e place, devançant l’ANR d’une circonscription, avec 34 listes.

Le Front national algérien (FNA) a présenté des listes dans 34 circonscriptions, et le parti El Islah, l’a fait dans 32. L’alliance El Feth se présente dans 27 circonscriptions, suivie du Parti Fedjr El Jadid (PFJ) avec 26 circonscriptions, du Parti de liberté et de justice (PLJ), avec 21 circonscriptions, du Front national pour la justice sociale (FNJS) et El Karama, avec 20. Le Mouvement El Infitah et Ahd 54 ont présenté des listes dans 17 circonscriptions, alors que le Parti des jeunes (PJ) a déposé des candidatures dans 16 circonscriptions et le Front de l’Algérie nouvelle (FAN) et le Mouvement de l’entente nationale l’ont fait pour 15 circonscriptions.

Quand au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui s’est absenté durant les deux dernières législatives, il a déposé des listes dans 13 circonscriptions, suivi du Rassemblement patriotique républicain (RPR) avec des listes dans 12, puis du Front national pour les libertés (FNL), d’El Itihad (Union des forces démocratiques et sociales) et du Front de la bonne gouvernance (FBG) avec des candidats dans 11 circonscriptions.

Le Parti du renouveau algérien (PRA) et le Parti de la victoire nationale (PVN) seront présents dans 10 circonscriptions.
Le Mouvement démocratique et social (MDS), le Mouvement des citoyens libres (MCL), le Mouvement national pour la nature et le développement (MNND), le Front des Algériens démocrates (FAD), le Parti socialiste des travailleurs (PST) ont tous déposé une seule liste pour une circonscription. Pour ce qui est des indépendants, ils ont présenté 163 listes, à en croire le ministère de l’Intérieur. Ce qui donne un total de 1088 listes. Il est à préciser que ces chiffres ne sont pas définitifs, puisque les dossiers doivent être validés par le ministère de l’Intérieur, et ce, avant le 19 mars, et que les partis ont le droit d’introduire des recours en cas de rejet.

Salima Tlemçani