Bouira: Deux marches, des interpellations et des dépassements
BOUIRA
Deux marches, des interpellations et des dépassements
Le Soir d’Algérie, 21 avril 2013
A Bouira, la célébration du double anniversaire du Printemps berbère 1980 et du Printemps noir 2001, n’a pas dérogé à la règle des années précédentes : comme d’habitude, d’un côté il y a eu le RCD qui a été au rendez-vous en organisant sa propre marche avec l’itinéraire habituel et de l’autre, les étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj, très proches des thèses du MAK de Ferhat Mhenni, qui ont opté pour leur propre itinéraire avec leurs propres slogans. De son côté, le FFS a encore une fois brillé par son absence à cet événement.
Yazid Yahiaoui – Bouira (Le Soir) – Ainsi côté RCD, même si la marche n’a pas drainé les grandes foules d’il y a quelques années seulement, il reste que l’événement a été bien marqué. Des centaines de militants du parti mais aussi ceux de la cause amazighe ont convergé dès la matinée à la place des Martyrs, avant que la marche ne s’ébranle vers 10 heures pour emprunter le boulevard principal jusqu’au siège de la wilaya. Tout au long de la marche, des banderoles revendiquant «Tamazight langue nationale et officielle» et certaines citations démocratiques du parti, sont déployées. Des slogans hostiles au pouvoir ont été entonnés à gorge déployée par les centaines de marcheurs, qui scandaient également l’inoubliable slogan «Assa, Azekka, Tamazight Tella, tella» (Aujourd’hui, demain, Tamazight, existe et existera). Arrivés devant le rond-point qui fait face au siège de la wilaya, des prises de paroles ont été faites par le nouveau président du bureau régional du RCD, Mebarki Abderrahmane qui a tenu à rappeler l’engagement du RCD à combattre la corruption et à lutter pour un pays des droits de l’Homme, pour que Tamazight soit langue nationale et officielle. Il a rappelé qu’aussi longtemps que persistera le pouvoir dans sa négation, les militants du RCD poursuivront le combat des aînés et ne lâcheront jamais jusqu’à ce que cette revendication soit pleinement satisfaite. De son côté, le maire de Haizer, Méziane Chabane, a pris la parole pour fustiger le pouvoir et appeler le président Bouteflika à partir, en rappelant le combat des aînés et les sacrifices consentis par les martyrs de Tamazight comme Mammeri, Matoub Lounès, et les dizaines de martyrs du Printemps noir 2001 et tant d’autres. Après ces prises de paroles, les manifestants se sont dispersés dans le calme, laissant le terrain aux étudiants dont la marche avait emprunté un itinéraire opposé avant de converger vers la même place devant le siège de la wilaya. Cependant, dans cette marche à laquelle ont participé également des centaines de jeunes, étudiants, mais également des jeunes venus de plusieurs contrées de la wilaya, les slogans revendiquant le statut d’autonomie pour la Kabylie sont clairement scandés par les marcheurs. Arrivés devant le siège de la wilaya, un message de Ferhat Mhenni, en sa qualité de président du gouvernement provisoire de la Kabylie, a été lu. Après les prises de paroles, les marcheurs, plutôt que de se disperser, ont poursuivi la marche pour emprunter le boulevard principal menant vers le pont Sayah où est érigée depuis plusieurs années, la statue de l’Emir Abdelkader, objet de polémique depuis son installation. Arrivés sur les lieux, les manifestants ont pris cette statue à partie en l’arrosant de jets de pierres, dont certains ont fini leurs courses sur des vitres de véhicules qui ont été brisées. Après ces scènes de violence, les forces anti-émeutes de la police ont intervenu et procédé à des arrestations tous azimuts. Au point où même le journaliste d’El Watan, Ali Chrarak fut embarqué au commissariat, alors qu’il ne faisait que son travail. Au total, une quinzaine de jeunes ont été interpellés.
Y. Y.