Bouteflika, Ahmadinejad et l’AG de l’ONU

Les relations algéro-iraniennes et le dossier nucléaire

Bouteflika, Ahmadinejad et l’AG de l’ONU

Par : AZZEDDINE BENSOUIAH, Liberté, 20 septembre 2010

Justement, l’Algérie reste l’un des rares pays à soutenir le droit de l’Iran de disposer de la technologie nucléaire à des fins civiles. Le rôle de l’Algérie, dans ce qui est convenu d’appeler la diplomatie de l’ombre, n’est pas négligeable.

L’escale du président iranien, Mahmoud Ahmadinedjad, samedi à Alger, fera date. Cette escale technique du dirigeant iranien, en route pour New York, n’est pas comme les autres escales. Elle intervient au moment où le régime iranien fait face à un pressing occidental sans pareil, en raison du programme nucléaire iranien. Toutes les sanctions prises et toutes les menaces occidentales n’ont pas réussi à faire fléchir la position iranienne.
Justement, l’Algérie reste l’un des rares pays à soutenir le droit de l’Iran de disposer de la technologie nucléaire à des fins civiles. Le rôle de l’Algérie, dans ce qui est convenu d’appeler la diplomatie de l’ombre, n’est pas négligeable, dans la mesure où elle a toujours essayé de faire l’intermédiaire entre Téhéran et les capitales occidentales, pour tenter de rapprocher les vues et éviter l’irréparable.
Contrairement au président Abdelaziz Bouteflika, le chef d’état iranien prendra part à la 65e édition de l’assemblée générale de l’ONU. C’est Mourad Medelci qui représentera l’Algérie. La diplomatie algérienne étant grippée ces derniers mois, en attendant de voir le résultat du mouvement dans le corps diplomatique annoncé depuis des mois, tout porte à croire que l’Algérie compte se redéployer sur la scène internationale à travers une nouvelle approche, dont les contours restent à clarifier.
Le président Bouteflika ne sort plus, ou très rarement. Hormis sa participation, passée inaperçue, au dernier G20, il brille par son silence sur la scène internationale, et avec lui, tout l’appareil diplomatique de l’Algérie, donnant l’air que le pays se replie sur lui-même, au moment où les ennuis ont commencé, d’abord en raison du climat économique jugé en défaveur des investisseurs étrangers, mais aussi des brouilles, notamment avec Paris, le principal et traditionnel partenaire économique. Et ce n’est pas par hasard que Rabat sort ses griffes pour enclencher une vaste opération diplomatique visant à imposer sa solution d’autonomie au Sahara occidental, profitant de la léthargie de la diplomatie algérienne. Et ce n’est pas non plus par hasard que des pays occidentaux profitent des difficultés que connaissent les pays du Sahel pour y prendre pied, sous le couvert de la lutte contre le terrorisme et autres versements de rançons. En déroulant le tapis rouge au président iranien, pour une escale technique, avec fanfare, en présence du chef de l’état, du Premier ministre, du chef de la diplomatie et du président de l’APN, c’est la relation entre les deux pays que l’on hisse à un niveau supérieur, tranchant particulièrement avec la tiédeur d’antan. L’Iran, de son côté, vient de nommer une grosse pointure pour occuper le poste d’ambassadeur à Alger, preuve que Téhéran compte développer davantage sa coopération avec l’Algérie. En recevant le président iranien, en ce moment précis, Alger tient à afficher clairement qu’elle compte peser dans le dossier nucléaire iranien, mais pas seulement. Les capitales occidentales savent qu’elles doivent passer par Alger pour traiter avec Téhéran.