Opposition vs opposition

Opposition vs opposition

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 4 novembre 2014

L’opposition est en marche aujourd’hui… contre elle-même. Un constat quoique subjectif qui se construit sur un sentiment de déjà vu tant les démarches pour unifier l’opposition en Algérie se sont toutes heurtées contre un mur d’incompréhension cimenté avec un ego armé surdimensionné de ses propres initiateurs. Pourtant, ces tentatives d’unification, emballées dans du papier de bonne volonté politique, sont vouées à chaque fois à l’échec faute d’un consensus national. Un minimum syndical qui peine à se mettre en place malgré l’émergence d’une opposition en ordre de marche après la dernière présidentielle d’avril 2014.

La conférence nationale sur la transition de juin dernier, qualifiée peut-être un peu prématurément d’«historique», a permis de réunir cette opposition tant voulue, toutes tendances politiques comprises. Démocrates, républicains, islamistes ou sans chapelle politique, l’opposition algérienne avait alors réussi le pari de transcender toutes les divergences idéologiques et personnelles qui ont depuis toujours fait le lit du pouvoir en place. Le message de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) et des autres personnalités et partis présents à ce rendez-vous était clair et sans ambages : le changement par la transition. Pourtant, la réponse du système n’interviendra pas directement et c’est par ricochet que la riposte aura lieu, la CNLTD parle elle de «méthodes détournées».

Ainsi, la scène politique se dirige vers une dualité dans l’opposition dont seuls les pays totalitaires ont le secret… et le monopole. Sans verser dans l’invective ni dans la complotite primaire, la proposition du FFS de tenir «sa» conférence nationale du consensus sonne étrangement comme une réponse à la conférence nationale sur la transition de la CNLTD. C’est en tout cas le sentiment de nombreux observateurs de cette scène politique qui donne l’impression de courir en cercle cherchant à se mordre la queue. Malgré tous les gages de bonne volonté donnés par le FFS, sa démarche est inévitablement perçue comme une tentative de créer un «maquis» parallèle pour ébrécher la nouvelle vitrine de l’opposition.

La CNLTD se sentant directement visée par cette initiative a refusé l’invitation du FFS à participer à sa conférence du consensus. La Coordination dénoncera même la démarche de ce parti l’accusant de faire le jeu du pouvoir qui cherche «à traîner la classe politique à de nouvelles concertations qui ne servent à rien». Pour les patrons de la CNLTD, il s’agit de simples manœuvres, accusant le parti de Hocine Aït Ahmed de vouloir sauver le pouvoir. Le FFS ne désarme pas pour autant après le refus d’autres partis de s’asseoir à la table des consultations et estime que le dialogue «reste ouvert». Il reste persuadé que le consensus constitue une «réponse adaptée aux exigences de la situation actuelle pour nous mener vers des horizons plus sûrs». Maintenant, plus que jamais, l’opposition est au carrefour de son histoire. Faire front commun ou se dissoudre dans un verre de compromissions.