Les organisations algériennes racontent leur Forum social mondial de Tunis

Les organisations algériennes racontent leur Forum social mondial de Tunis

Nejma Rondeleux, Maghreb Emergent, 3 avril 2013

De retour du FSM « Dignité » tenu du 26 au 30 mars dans la capitale tunisienne, les organisations algériennes ont dressé un bilan plutôt positif de leur participation, s’estimant « très satisfaites de leurs échanges et des liens établis » malgré l’interdiction de sortie du territoire d’une partie de la caravane. « Il nous faut à présent continuer la construction d’une dynamique algérienne forte », ont-elles insisté lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée aujourd’hui à Alger.

Les associations algériennes qui ont assisté au Forum Social Mondial de Tunis estiment qu’elles ont atteint leurs objectifs. Le but principal du Forum est de créer des liens partout dans le monde, pour essayer d’avancer ensemble, a rappelé Idir Achour, porte-parole du syndicat Conseil des Lycées d’Alger. Dans cette optique, le résultat est satisfaisant, a-t-il déclaré mercredi, au lendemain du retour des délégués algériens.

« En tant qu’Algérien et Maghrébin, ce forum était plus important pour nous que les précédents, car il nous a permis d’aller vers un travail de réseau, notamment au sein des mouvements de jeunesse maghrébins et des militants des Droits de l’homme dans la région », a déclaré Abdelouhab Fersaoui, président de l’association Rassemblement Action jeunesse (RAJ). Le syndicat a ainsi présenté deux activités lors du FSM : une conférence autour du « défi de la jeunesse algérienne dans la construction d’un état de droit », ainsi que le documentaire « Avant de franchir la ligne d’horizon », de la réalisatrice algérienne Habiba Djanine, dressant un panorama des mouvements militants en Algérie.

Mais « la participation au Forum social mondial n’est pas une fin en soi », a précisé Abdelouhab Fersaoui, « il nous faut maintenant travailler ensemble, en dépassant nos divergences, pour construire un mouvement social fort en Algérie ». Une conclusion partagée par Ourida Chouaki, membre de l’association Tharwa Fadhma N’Soumeur, qui a insisté sur la nécessité pour l’Algérie d’organiser des forums thématiques afin d’asseoir sa présence au sein de la région. « Lors du conseil international du Forum social mondial réuni samedi et dimanche dernier à Tunis, des propositions ont été faites pour que la prochaine rencontre du Conseil se tienne à Alger », a-t-elle indiqué.

La mésaventure de la caravane algérienne

Revenant sur l’épisode de l’interdiction de franchir la frontière tunisienne opposée à une partie de la caravane algérienne réunissant 96 participants, Hasen Ferhat, membre de SOS Disparus, a démenti l’information relayée par la presse tunisienne suivant laquelle six jeunes repris de justice faisaient partie de la délégation. « Nous sommes restés bloqués pendant des heures, dans un froid glacial et des conditions déplorables, sans aucune explication, malgré nos demandes insistantes » a-t-il dit, précisant qu’une plainte avait été déposée auprès de l’ONU et du comité africain des droits de l’homme pour obtenir des éclaircissements de la part du « ministre de l’intérieur ou de la DGSN ».

« L’Algérie n’est pas contre le Forum social mondial, mais contre certaines dynamiques qui dérangent », a pour sa part précisé Idir Achour. « La preuve, l’Etat algérien a envoyé deux délégations, CNES et UGTA, qui ont eu à leur disposition tous les moyens nécessaires », a-t-il indiqué, déplorant cette interdiction qui visait des délégations algériennes autonomes. « Je n’arrive pas à comprendre, car il n’y a aucun enjeu fondamental dans le forum social en lui-même ». Malgré tout, « l’envie de construire pour l’avenir est bien présent », a conclu Ourida Chouakri, qui voulait terminer sur une note d’espoir.