Une mission européenne pour la sécurité au sahel

Une mission européenne pour la sécurité au sahel

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 21 mars 2012

Une «mission de sécurité» au Niger devrait être approuvée par l’Union européenne, lors de la réunion de ses ministres des Affaires étrangères, jeudi et vendredi, à Bruxelles. Certainement sous l’impulsion du Quai d’Orsay, six Français figurent parmi les 12 Européens retenus au Sahel par ‘’Aqmi » et un groupe dissident, cette mission au Sahel, avec comme priorité le Niger, aura pour rôle d’améliorer les moyens de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, dans la région à travers notamment, une aide à la formation des forces de sécurité, en particulier des gendarmes, grande spécialité française. Ainsi, cette mission prise dans le cadre du concept de gestion de crises de l’UE, et devant débuter avant l’été, justifiera la présence de forces militaires étrangères, sous le parapluie bruxellois. Cette intrusion militaire, toute européenne qu’elle est, semble plutôt favorable à Paris dont la présence, qui a été considérablement renforcée à partir de 2010, dans de nombreux pays de la région comme le Niger, la Mauritanie ou encore le Mali, a été fortement critiquée par l’Algérie, particulièrement.

Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia avait déclaré, à ‘’France 24 », en février 2011 que «la coopération régionale en matière de lutte opérationnelle marche mal, parce que les moyens sont disproportionnés. L’Algérie peut mettre beaucoup de moyens, ces pays-là peuvent en mettre beaucoup moins», a-t-il dit. «Ces pays-là ont des accords avec d’autres puissances», comme la France, a-t-il poursuivi. «Cela ne nous dérange pas, mais ça peut nous créer des problèmes d’une autre nature, si l’Algérie s’associe avec un pays non concerné directement et qui ne partage pas les mêmes valeurs, religieuses en particulier ; cela veut dire que l’Algérie musulmane s’associe avec un pays non musulman pour combattre des musulmans», a ajouté Ould Kablia. «Cela peut se retourner contre nous et contre vous», a-t-il ajouté, en soulignant que «ça peut accentuer le sentiment de rancœur des populations locales contre la présence française ou celle d’unités étrangères, dans leur pays». Le Niger, frontalier avec l’Algérie, a été particulièrement ciblé par cette mission européenne parce qu’il est confronté, à la fois à des problèmes sécuritaires et aux menaces de famine. 12 millions de personnes sont menacées par la famine au Sahel, et selon l’Unicef, jusqu’à 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans risquent de souffrir, cette année, de malnutrition aiguë, sévère, si rien n’est fait pour lutter contre le spectre de la famine.

Par ailleurs, et concernant le front nord malien, le mouvement islamiste armé touareg «Anssar Dine» a affirmé contrôler le nord-est du pays et vouloir libérer au moins 110 prisonniers civils et militaires qu’il détient. Dans un communiqué adressé, hier, à l’AFP, le Mouvement indique contrôler Tinzaouatine, Tessalit et Aguelhok. Combattant aux côtés du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, le MNLA, contre l’armée malienne, depuis le 17 janvier dernier, cette entente pourrait être remise en cause pour objectifs divergents recherchés par les deux factions terguies. En effet, ‘’Anssar Dine », créé par une figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, Iyad Ag Ghaly, veut appliquer la Charia’ au Mali par la lutte armée, alors que le MNLA veut une République.

Cette divergence «officielle» pourrait conduire à une lutte pour le contrôle du Nord malien, si d’aventure les Touaregs parvenaient à faire sécession de Bamako et créer une zone de tension à la frontière algérienne. Alger a clairement affiché son refus à un quelconque démantèlement de ses pays voisins, la Libye ou le Mali, menacés par une telle option.