Le ministre malien de la Défense en visite à Alger

Sécurité aux frontières et lutte antiterroriste

Le ministre malien de la Défense en visite à Alger

El Watan, 4 juin 2008

Les frontières algéro-maliennes n’ont eu de cesse de constituer matière à souci aux deux Etats voisins qui multiplient les initiatives pour faire converger leurs méthodes de lutte contre l’insécurité dans la région.

La présence à Alger depuis hier, et pour une visite de deux jours, du ministre malien de la Défense et des anciens combattants Natié Plea s’inscrit en droite ligne de cette nécessité de coordonner les efforts bilatéraux en vue d’assainir le point de contact géographique entre les deux pays de toute velléité de déstabilisation. Accompagné, selon certaines sources, d’une délégation des services des renseignements de son pays, le ministre malien a été reçu par le ministre algérien délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia.

Si la cellule de communication du ministère de la Défense inscrit les entretiens entre les deux responsables dans le cadre du renforcement de la coopération militaire, il est aisé de désigner du doigt les principaux axes de la collaboration militaire entre l’Algérie et le Mali. La sécurité aux frontières et dans la région du Sahel a été fortement secouée par l’activité terroriste qui depuis ces dernières années a pu se frayer des points de passage entre les pays de la région et de constituer des bases arrière et des zones de repli et d’attaque.

L’épisode de l’enlèvement des touristes allemands en 2003 a signé le début de la « transnationalisation » du GSPC algérien qui a tissé sa toile dans la sphère maghrébine et « sahélienne ». Dernier forfait en date dans la région du Sahel de ce groupe terroriste, baptisé Al Qaïda au Maghreb, l’enlèvement le 22 février dernier de deux touristes autrichiens dont la libération demeure suspendue à une rançon.

L’affaire des touristes autrichiens – se trouvant aujourd’hui au Mali après avoir été kidnappés en Tunisie – pose fortement le problème de la porosité des frontières dont l’étendue complique la surveillance. Les Etats-Unis avaient d’ailleurs justifié leur volonté d’installer un commandement militaire dans la région par la recrudescence de l’activité terroriste dans le Sahel amplement favorisée par la perméabilité des frontières entre les pays voisins. Les pays de la région, notamment l’Algérie et le Mali, se sont élevés contre une telle initiative en mettant la souveraineté de leur territoire au-dessus de toute autre considération, fusse-t-elle dictée par la meilleure des intentions. Aujourd’hui, la venue du ministre de la Défense malien à Alger confirmerait la volonté commune entre les deux pays d’opérer ensemble pour la sécurisation des frontières et des populations. La contrebande qui s’est alliée au trafic d’armes accroît la nécessité de coordonner les efforts des institutions militaires des deux pays. Autre axe de coopération bilatérale, remontant pour sa part à des décennies de collaboration, le règlement du conflit entre le gouvernement malien et les rebelles touareg. L’Algérie campe depuis toujours un rôle de médiateur pour le rétablissement de la paix dans la région nord du Mali et compte avec le dernier accord d’Alger, signé en juillet 2006, un autre jalon parmi d’autres en faveur d’un règlement équitable du conflit.
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Par Nadjia Bouaricha