Coup de froid dans les relations avec la Mauritanie

Coup de froid dans les relations avec la Mauritanie

Medelci condamne la violation des règles constitutionnelles

El Watan, 16 août 2008

Un coup de froid vient de souffler sur les relations algéro-mauritaniennes après le coup d’Etat militaire qui a destitué le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

La réaction algérienne, qui s’était exprimée d’abord par le refus du président Abdelaziz Bouteflika de recevoir l’envoyé spécial de la junte, le général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, ainsi que par le communiqué du ministère des affaires étrangères condamnant les changements de pouvoir en violation des règles constitutionnelles, a été confortée encore une fois par la déclaration faite jeudi dernier par le chef de la diplomatie, Mourad Medelci. « La position de l’Algérie par rapport au coup d’Etat en Mauritanie est claire, elle condamne les changements de pouvoir en violation des règles constitutionnelles », a souligné M. Medelci, invité d’une émission de la Radio Internationale. Le ministre délégué chargé des Affaires africaines et Maghrébines, Abdelkader Messahel, avait été chargé mercredi dernier d’exprimer la position algérienne à l’envoyé spécial mauritanien, en lui rappelant « la nécessité pour la République sœur de Mauritanie de renouer avec l’ordre constitutionnel en rétablissant, dans leurs fonctions et prérogatives, toutes les institutions du pays ». M. Messahel avait souligné que la position algérienne « se confond avec celle des organisations internationales, particulièrement celle de l’Union africaine qui, à travers son acte constitutif et sa résolution 142 adoptée à Alger lors du Sommet de l’OUA de 1999 et confortée par le sommet de Lomé en 2000, a clairement et sans équivoque condamné tout changement politique en violation des règles constitutionnelles ». Membre de l’Union du Maghreb arabe, la Mauritanie n’a pas reçu les faveurs de ses pairs suite à l’acte de destitution forcée dont a été victime le président mauritanien. « Le guide libyen Maâmar El-Gueddafi a immédiatement dépêché, en sa qualité de président de l’UMA, son secrétaire général qui a pris contact avec des responsables mauritaniens et a établi son rapport », indique Mourad Medelci au sujet de la position de l’UMA, en notant que ce regroupement régional « va continuer de travailler dans le sens du raffermissement du dialogue et est extrêmement soucieux de la préservation de la démocratie en Mauritanie ».

Détenus en Libye : l’accord sera appliqué dans les prochaines semaines

En restant dans la sphère maghrébine, M. Medelci a évoqué la question des détenus algériens en Libye et affirmé que sur la base de l’accord signé en mai dernier entre les deux pays, « l’Algérie commencera son application graduellement dans les semaines à venir ». Quant au dossier du Sahara occidental, le chef de la diplomatie algérienne a exprimé le vœu de l’Algérie de voir se poursuivre « les négociations qui ont débuté depuis un an » et attend la décision du secrétaire général de l’ONU d’établir l’agenda des négociations pour le 5e round et de désigner celui qui le représentera.

Les pays du Sahel se réuniront en octobre

Une date a enfin été fixée pour la tenue de la conférence des pays de la région subsaharienne sur la paix et la sécurité. Annoncée pour le mois de juillet dernier, cette conférence se déroulera finalement en octobre prochain. Le ministre des affaires étrangères a annoncé, via les ondes de la radio nationale, que cette conférence « sera une opportunité pour évaluer le système de coopération entre les pays de la région et dégager des pistes nouvelles pour le consolider et l’améliorer ». Et d’ajouter : « il s’agit d’une action permanente qui doit évoluer qualitativement et être améliorée, afin de trouver des solutions aux problèmes des populations pour les mettre davantage à l’abri des terroristes ou des tentations condamnables. » Le même responsable a indiqué, en outre, que la coopération entre les pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme existe déjà ; il a affirmé que « l’Algérie est partie prenante d’un système de collaboration qui permet à tous les pays de la région de coopérer pour prévenir et traiter la question sécuritaire ». Interrogé, par ailleurs, sur le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale contre le président soudanais Omar Hassan El Bachir, accusé de génocide, Mourad Medelci estime qu’« il s’agit d’une situation extrêmement fâcheuse ». Tout en souhaitant que « ce précédent ne dure pas », Medelci affirme que « le président El Bachir et l’ensemble des institutions déploient des efforts méritoires pour arriver à une accalmie sur le front du Sud afin qu’ils puissent traiter, de manière efficace, la question du Darfour ». Revenant sur le sommet constitutif de l’Union pour la Méditerranée, Mourad Medelci a souligné que l’Algérie reste un acteur important de cet espace méditerranéen. Contrairement au processus de Barcelone, note le chef de la diplomatie algérienne, « le principe de la parité est inscrit au frontal de l’UPM et cette parité va s’exprimer à double niveau ». L’invité de la radio note qu’il s’agit, d’abord, du niveau présidentiel puisqu’un chef d’Etat du sud de la Méditerranée co-présidera pendant deux ans l’UPM et, ensuite, d’une parité au niveau du secrétariat devant prendre en charge les projets. « Le sommet de Paris a décidé que les modalités de fonctionnement du secrétariat doivent faire l’objet d’un examen au niveau des hauts fonctionnaires et des propositions seront faites aux ministres des Affaires étrangères qui doivent se réunir à Marseille en novembre », a précisé le ministre, notant qu’il sera question de « situer d’une manière plus précise le format de ce secrétariat, son organisation, sa localisation et les moyens de son financement ». Interrogé sur le dossier du nucléaire iranien, M. Medelci a réaffirmé la position algérienne soutenant le développement nucléaire à des fins pacifiques et s’opposant à la politique de deux poids deux mesures « qui fait que certains pays peuvent avoir des possibilités ou des degrés de liberté, alors qu’on les refuse à d’autres ». Le ministre a estimé que le dialogue autour du dossier entre les pays 5+1 en présence d’un représentant américain « constitue un élément d’espoir qu’il faut développer pour rétablir, dans les semaines qui viennent, les rapports de confiance et arriver à une solution politique acceptable pour les différentes parties ».

Par Nadjia Bouaricha