Le G5 ciblé

L’attaque au Burkina Faso le confirme

Le G5 ciblé

Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 4 mars 2018

La situation se détériore à vue d’œil au Sahel où une spectaculaire attaque, ciblant visiblement une réunion du G5, a été perpétrée ce week-end.
Abla Cherif – Alger (Le Soir) – Cette offensive est même considérée comme étant les représailles les plus importantes jamais enregistrées depuis le déploiement du G5 dans la zone.
Vendredi matin, l’état-major burkinabé est ainsi violemment attaqué par un groupe terroriste. Une voiture piégée fonce vers le bâtiment qui abrite, à cet instant, une réunion des responsables militaires des pays concernés. Le bilan est lourd. Trente-huit morts, parmi lesquels sept membres des services de sécurité burkinabé, sont à déplorer.
Selon un haut responsable militaire de ce pays, le groupe armé avait probablement eu vent de la réunion qui se déroulait à ce moment-là. «Au départ, explique-t-il, la séance de travail devait se dérouler dans une salle où les plus grands dégâts ont été enregistrés. Quelques minutes avant l’ouverture des travaux, décision a été, en effet, prise de changer d’aile. Imaginez les dégâts autrement.»
Selon de nombreuses sources, parmi lesquelles le correspondant de l’AFP, des menaces très sérieuses planaient au même instant sur l’ambassade et l’Institut français à Ouagadougou. Depuis les débuts même timides du déploiement des soldats africains du G5 au Sahel, de fréquentes attaques ciblent les zones où les dispositifs ont été mis en place. Il y a près d’un mois, un véhicule transportant des civils se rendant à une foire hebdomadaire a explosé en sautant sur une mine au Mali central, où le premier dispositif du G5 avait été déployé.
Une autre attaque s’est déroulée deux semaines plus tard à Niamey, au Niger, où venait de se clôturer un sommet des chefs africains représentant les pays du G5. L’entrée en action de l’organisme destiné à faire face à la montée terroriste au Sahel a été, il faut le dire, accueillie avec scepticisme par les opinions africaines qui y perçoivent une nouvelle manière de se plier aux volontés françaises.
On se souvient qu’au Mali, des intellectuels se sont mobilisés par voie de presse pour dénoncer cet état de fait qui, disent-ils, intervient au moment où l’Union africaine se bat pour se débarrasser des entraves coloniales en s’autofinançant.
Le G5, doit-on le rappeler, est une création française datant de 2014 réactivée par Emmanuel Macron qui promettait, encore candidat, d’extirper les troupes françaises engluées au Mali. L’une de ses premières visites à l’étranger s’est d’ailleurs déroulée au Mali pour booster le G5. Avant de se rendre à Bamako, le Président français a eu deux entretiens téléphoniques avec son homologue algérien.
Le pays, considéré comme «partenaire incontournable» dans la région, refuse toutefois de s’impliquer dans une opération contraire à ses principes de non-ingérence. Alger se dit notamment tenue par ses textes fondamentaux lui interdisant toute action militaire hors de ses frontières.
A. C.