Mali : Des forces spéciales mixtes pour sécuriser le Sahel

Mali : Des forces spéciales mixtes pour sécuriser le Sahel

par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 1er septembre 2008

Les négociations d’Alger, tenues jeudi et vendredi entre la rébellion touarègue et le gouvernement malien, ont ouvert la voie au retour de la paix et de la sécurité au nord du Mali, dans la région rebelle de Kidal. Selon des négociateurs des deux parties, ces discussions sur la base de l’accord de juillet 2007 d’Alger ont incité les deux parties à mettre en place dans cette partie du Nord-Mali de forces spéciales mixtes chargées de maintenir l’ordre et la sécurité. Et de favoriser, dans la même foulée, le développement d’une région en proie au chômage, à la famine et à l’instabilité.

Avant fin septembre, une première unité spéciale composée d’ex-rebelles touarègues et de soldats de l’armée malienne sera installée à Kidal, selon un membre de la délégation malienne présente à Alger. Cette information, capitale pour le retour de la sécurité dans cette partie du Mali, par ailleurs infestée de brigands et de groupes terroristes, a été confirmée par Amada Ag Bibi, un des principaux représentants de l’ex-rébellion touarègue aux pourparlers d’Alger, qui a évoqué des unités de forces spéciales mixtes. «Oui, c’est vrai. Avant la fin du mois de septembre, nous allons installer à Kidal les premières unités spéciales», a-t-il précisé.

A Alger (28-30 août 2008), les discussions entre la délégation du gouvernement malien et celle de l’Alliance démocratique du 23-Mai pour le changement (au Mali), qui réunit les différents groupes de touarègues maliens, ont été menées sous les auspices de l’Algérie qui a encouragé les deux parties à aller de l’avant vers le rétablissement de la paix et de la sécurité dans le pays, particulièrement au Nord. Les discussions ont notamment porté sur l’arrêt des combats, l’échange de prisonniers, le déminage de la région et le développement social et économique. Un point d’ombre a régné, cependant, dans la réunion d’Alger, même si elle a donné lieu à la prochaine création de forces spéciales mixtes chargées de contrôler et de sécuriser la région nord-est du pays : l’absence de Ibrahim Ag Bahanga, un des chefs de la rébellion touarègue. Au moment des discussions d’Alger, il se trouvait à Tripoli, et beaucoup se demandaient quelle signification donner à cette absence des pourparlers de paix qui engageaient tous les mouvements rebelles touarègues. D’autant qu’une partie des prisonniers de l’armée malienne est détenue par le groupe de Ag Bahanga. Un responsable de l’ex-rébellion touarègue a indiqué à ce propos que «Nous, au total, nous avons libéré tous les 32 militaires maliens détenus par les différents groupes», laissant entendre que les autres otages (quelques dizaines) sont détenus par Ibrahim Ag Bahanga. Selon le même responsable, Ag Bahanga n’aurait pas tenté de doubler les négociations d’Alger, précisant que pour les différentes tendances politiques maliennes, «il n’y a qu’un seul médiateur, c’est l’Algérie». «Maintenant, si la Libye peut participer à la libération des otages que Ibrahim (Ag Bahanga) détient, c’est une bonne chose», ajoute le même responsable malien.

Les négociations d’Alger entre le gouvernement malien et la rébellion touarègue ouvre, d’autre part, la voie à une meilleure sécurisation de cette région du Sahel avec la mise en place prochaine de forces spéciales mixtes, où l’élément touareg jouera un rôle capital dans la prévention et la gestion des menaces, terroristes et autres, qui pèsent dans cette vaste partie du Sahel. C’est là, en réalité, une des missions de ces forces spéciales de l’accord de paix entre la rébellion et le gouvernement de Bamako.