Terrorisme au sahel : Bamako libère quatre éléments du GSPC

Terrorisme au sahel : Bamako libère quatre éléments du GSPC

El Watan, 20 février 2010

La veille de l’expiration de l’ultimatum imposé par le GSPC, et alors que le monde entier était braqué sur le putsch au Niger, Bamako libère, loin des caméras, les quatre terroristes réclamés par l’organisation terroriste en contrepartie de la libération de Pierre Camatte, l’otage français qu’elle détient depuis des mois. A l’issue d’un simulacre de procès, les quatre terroristes réclamés par la branche d’Al Qaîda au Maghreb, ont retrouvé leur liberté.

Les conditions dans lesquelles leur jugement a eu lieu tôt dans la matinée d’hier (à 6h30), par un tribunal à Bamako, laissent perplexe et suscitent des interrogations. Selon des informations obtenues auprès de certains journalistes locaux, l’audience extraordinaire a été consacrée uniquement aux quatre terroristes, arrêtés au mois d’avril 2009, en possession d’armes à feu et de munitions, à la suite d’une opération de recherches qui a suivi l’embuscade contre un convoi militaire qui a fait plus d’une vingtaine de morts et non pas ceux qui étaient impliqués dans l’assassinat du colonel Lamana l’été dernier. Lors de leur arrestation à Tadhac (60 kilomètres de Tessalit, dans la région de Kidal) et sans aucune résistance, ils étaient armés entre autres d’un pistolet-mitrailleur PKM, d’un fusil lance-roquettes, d’un fusil-mitrailleur d’assaut, d’un lot important de munitions et des appareils électroniques.

Selon nos interlocuteurs, le tribunal a déclaré les quatre accusés coupables de… détention illégale d’armes et de munitions, et les a donc condamnés à neuf mois d’emprisonnement ferme. Une manière de couvrir leur détention et de leur permettre de retrouver la liberté. Il s’agit de Mohamed Ben Ali, un célibataire algérois âgé de 40 ans, anciennement cheminot. Depuis son arrestation, l’Algérie n’a cessé de demander son extradition pour son implication dans plusieurs attentats et assassinats en Algérie.

Il en est de même pour son acolyte Tayeb Naïl. Les deux autres sont Beib Ould Nafa, un Mauritanien âgé de 25 ans et Houd Karifo, un Burkinabé agé de 26 ans. Lors de leur interrogatoire par le tribunal, ont révélé nos sources, les quatre accusés ont affirmé avoir pris les armes « non pour combattre le Mali ou les Maliens, mais les mécréants sur commandement du saint Coran », avant de demander la grâce. Ils ont été condamnés à une peine 9 mois de prison ferme, avant qu’ils ne soient transférés, la tête encagoulée, vers une destination inconnue par les militaires. Pour nos interlocuteurs, ce simulacre de procès, montre que le régime de Bamako a fini par céder aux pressions de Paris, qui avait dépêché son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à deux reprises, dont une fois en compagnie du plus proche collaborateur du Président français, le secrétaire général de l’Elysée, en moins de deux semaines.

Ces visites vues du côté d’Alger comme une incitation au paiement de rançon et à la libération des terroristes. Jusqu’à hier soir, aucune information sur le sort de Pierre Camatte n’a été donnée. Certains observateurs n’excluent pas le paiement d’une rançon, en plus de la libération de ces quatre terroristes, pour laquelle Bamako est tenu de rendre des comptes à son voisin, Alger, sachant que ces élargis vont poursuivre leurs activités criminelles contre les Algériens.

Par S. T.