Lettres aux députés français

Comité de soutien à M’hamed Benyamina
11, square Yves Farges
78 190 TRAPPES
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Madame, Monsieur,

Permettez nous d’attirer votre attention quant aux graves conséquences découlant de l’arbitraire dont est victime une famille française, celle de Mme Nadia Benyamina et ses quatre enfants.

Le père de cette famille, M. M’hamed Benyamina, résident de nationalité algérienne, s’était rendu, en compagnie d’un neveu de nationalité française, en vacances dans son pays. Le 9 septembre 2005, les deux hommes sont arrêtés à l’aéroport d’Oran, d’où ils s’apprêtaient à regagner la France, après un mois de vacances.

Au bout de quatre jours, le neveu de nationalité française est relâché et rentre en France, tandis que M’hamed sera détenu au secret. Sa femme, ses enfants ainsi que sa famille en Algérie resteront sans aucune nouvelle de lui pendant plus de cinq longs mois. Ce n’est donc pas sans raison qu’Amnesty international, avait exprimé des craintes quant aux risques de torture et de mauvais traitements dont il pouvait faire l’objet.

C’est aussi pour ces mêmes craintes que la famille Benyamina, avait déposé, le 15 décembre 2005 à Paris, une plainte contre X avec constitution de partie civile visant les chefs d’« enlèvement et séquestration, complicité par instructions données, renseignements ou directives ayant facilité la commission de l’infraction ».

En effet les appréhensions de la famille, pour la vie de M’hamed et pour son intégrité physique, se trouvaient pleinement justifiées par les rapports alarmants de différentes organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme, quant au sort réservé, en Algérie, aux personnes arrêtées dans le cadre des affaires visant la sécurité.

M’hamed Benyamina aurait, dans les conditions de détention et d’interrogatoire que l’on peut facilement imaginer, avoué qu’il appartenait à un groupe en phase de préparer des attentats en France. Sur la base de ces prétendus aveux, plusieurs personnes ont été interpellées entre le 26 septembre et le 7 octobre 2005. Aucune preuve matérielle, aucune arme, aucun document, aucun plan… aucun fait saisissant n’est venu, à ce jour, corroborer les informations des services de renseignements algériens sur lesquelles repose toute l’affaire.

Notons, que M.Sarkozy, déclara lors d’une émission de télévision (« Pièces à Conviction » sur France 3 du 26/09/2005) que les forces de sécurité, s’apprêtaient, à l’heure où il parlait, à interpeller des individus qui avaient pour projet de commettre des attentats. Une déclaration enregistrée, plusieurs jours avant sa diffusion. Comme d’aucuns l’auront noté les journalistes étaient arrivés sur les lieux des arrestations, avant les forces de l’ordre.

Mme Benyamina et sa famille sont en droit de s’interroger sur les motifs réels d’une affaire qui semble relever de l’effet d’annonce et du jeu médiatique. De même, comme tout citoyen, elles s’interrogent sur les suites que la justice aura à donner quant à la divulgation de ce qui relève du secret de l’instruction et de la sécurité des françaises et français.

M’hamed Benyamina fut élargi le 4 mars 2006, au bénéfice de l’amnistie générale prônée par le président Bouteflika. Physiquement éprouvé, il se reposera quelques jours dans le domicile familial en Algérie, mais sans manquer de contacter la presse locale (qui sera reprise par la presse française) et de déclarer qu’il allait regagner la France pour se mettre à la disposition des juges.

Curieusement, c’est à la suite de ces déclarations que les services de sécurité algériens l’arrêtèrent à nouveau. Son transfert à la prison de Bouira (100 km d’Alger), loin de sa famille et de ses défenseurs semble relever, de toute évidence, d’une intention manifeste de l’isoler. Le ministre de l’intérieur algérien, M. Zerhouni, déclara, alors, que cette arrestation était due à un mandat d’arrêt international émanant d’un juge la Français, qui le visait.

Or à ce jour, il apparaît que la France n’a vraisemblablement émis aucun mandat d’arrêt international. La détention de M’hamed Benyamina relève donc du pur arbitraire.

Mme et M. Benyamina n’ont aucun antécédent judiciaire. Ils sont appréciés et respectés par tous leurs voisins. Dans la ville de Trappes, tous les commerçants connaissant cet ouvrier boucher qu’est M’hamed ont déjà signé la pétition qui demande que justice lui soit rendue à lui et à sa famille. Des milliers de personnes ont, à ce jour, apporté leurs signatures. Il n’y a d’autre raison à un tel soutien que la défense des principes de justice et d’équité de la république.

M. Benyamina souhaiterait être entendu par les juges français. Si un mandat d’arrêt existe, qu’on l’applique et qu’on transfert M. Benyamina en France. Ou alors qu’on le relâche pour lui permettre de regagner par ses propres moyens la France.

La famille Benyamina interpelle votre grand sens d’humanisme et de justice pour l’aider à faire cesser ces souffrances et épreuves d’une injustice que les principes de la France ne sauraient accepter.

Le Comité de soutien à M’hamed Benyamina