Kouchner à Alger : L’Union pour la Méditerranée et le reste

Kouchner à Alger : L’Union pour la Méditerranée et le reste

par H. Barti, Le Quotidien d’Oran, 12 mai 2008

Après la restitution des archives audiovisuelles de l’INA, en février dernier, un processus est engagé par la France pour mettre à la disposition de l’Algérie des archives de l’ECPAD, l’ancien service cinématographique des Armées françaises, a indiqué le ministre français des Affaires étrangères et européennes, M. Bernard Kouchner, à la veille de sa visite à Alger prévue aujourd’hui. Une visite, placée désormais sous les signes du «renouveau» et du «partage». Dans ce travail de mémoire, la question délicate des sites d’essais nucléaires français, au Sahara, sera également prise en charge à travers la mise en place d’un groupe de travail franco-algérien, a également annoncé M. Kouchner, dans un entretien mis en ligne hier par l’APS. La question «cruciale» de l’Union pour la Méditerranée (UPM) sera, par ailleurs, l’un des sujets phares des discussions entre Alger et Paris à l’occasion de la visite du Chef de la diplomatie française.

Bernard Kouchner a affirmé, à ce propos, que l’Algérie et la France sont «aujourd’hui d’accord sur la philosophie générale de ce projet : privilégier une véritable approche partenariale et mettre l’accent sur des sujets concrets, afin de ne pas retomber dans les écueils du processus de Barcelone». Dans cette optique, souligne Kouchner, «l’Algérie fait, évidemment, partie des partenaires majeurs sur lesquels nous comptons beaucoup. C’est ce que je vais redire à mes interlocuteurs, et c’est le sens du message que le président de la République m’a chargé de remettre à son homologue algérien». Pour Kouchner, la France reste «très attachée à la réussite de ce projet qui sera au coeur de la Présidence française de l’Union européenne, à partir du 1er juillet prochain». Le président Sarkozy, a-t-il indiqué, «souhaite que l’ensemble des pays concernés par ce projet ambitieux, tant au sein de l’Union européenne que sur la rive sud de la Méditerranée, soient pleinement associés à sa conception : il s’agit là d’une condition sine qua non du succès de cette entreprise». Bernard Kouchner, qui s’est dit « très heureux de pouvoir effectuer cette visite», a indiqué que l’Algérie est un partenaire majeur pour la France, un pays ami avec lequel «nous avons énormément en partage». «C’est dans cet esprit de renouveau que je me rends, aujourd’hui, à Alger, pour parler des nombreux projets que nous avons encore à accomplir ensemble», a-t-il ajouté. La visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger sera, également, une occasion pour évoquer, avec son homologue algérien, M. Mourad Medelci, d’autres sujets d’intérêt commun comme les relations de l’Algérie avec l’Union européenne» que la France souhaite contribuer à faire progresser pendant la période de sa présidence. Les discussions, entre les deux chefs de la diplomatie, porteront également, a indiqué M. Kouchner à l’APS, sur la question du Proche- Orient qui «préoccupe beaucoup» des deux côtés de la Méditerranée et sur laquelle, a-t-il précisé, les deux pays partagent «l’objectif de voir naître le plus tôt possible l’Etat palestinien viable que nous appelons de nos voeux».

Dans le volet de la coopération bilatérale, M. Kouchner n’a pas omis de rappeler la signature, en décembre dernier, de deux textes qui permettent de fixer un cadre ambitieux au développement de cette coopération. «La Convention de partenariat et le Document cadre de partenariat tracent des perspectives pour les cinq prochaines années.

Ils vont nous permettre d’inscrire les projets existants dans la durée, mais aussi de lancer de nouvelles pistes. Ce dispositif constitue le coeur de nos relations bilatérales : c’est à travers lui que pourra se développer l’amitié entre nos deux pays et entre nos deux peuples», a-t-il expliqué. Dans ce domaine essentiel, a dit M. Kouchner, les deux pays souhaitent adopter une approche fondée sur la concertation et le dialogue. «Les projets sont définis ensemble et répondent aux besoins de l’Algérie d’aujourd’hui», a-t-il souligné. Et d’expliquer: «nous travaillons beaucoup dans le domaine de l’éducation et de la formation, notamment à travers la mise en place d’un important programme de bourses, ou la formation de plus de 2.000 doctorants de français. Nous poursuivons, également, les projets liés à la modernisation de l’administration algérienne à laquelle nous sommes associés à travers la formation des cadres». Bernard Kouchner a, dans ce même ordre, mis l’accent sur de nouveaux domaines dans lesquels les deux pays souhaitent progresser, à l’instar «de la coopération décentralisée qui est devenue très dense et permet de tisser des réseaux de partenaires solides et durables, l’appui aux médias, et, enfin, la coopération en matière de sécurité intérieure et de sécurité civile, c’est-à-dire de protection civile». Des thèmes que la dernière visite de Mme Michèle Alliot-Marie a permis de confirmer l’intérêt que portent les deux pays à leurs développements.