Elections sans politique

Elections sans politique

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 28 avril 2007

Une élection démocratique, c’est, en théorie, une confrontation ferme et sévère entre les programmes et les idées.

Les élections législatives du 17 mai, affirme-t-on, vont se jouer entre les trois partis formant «l’alliance». Et d’emblée, avant même le scrutin, le MSP et le RND ont concédé que le FLN de Belkhadem sera bon premier et qu’ils ne feront que «se disputer» la deuxième place.

Le problème se corse quand on sait que ces trois partis sont, pour des raisons sur lesquelles il n’est pas nécessaire de revenir, tenus par le programme du président de la République. Même s’ils font mine de se distinguer les uns des autres, cela ne donne que ce qu’il y a: trois partis défendant le même programme. Et le choix de ceux qui votent ne peut donc se faire sur la base des idées ou des programmes. Il se fait sur les personnes ou, au mieux, sur le souvenir de ce que ces partis ont pu représenter à un moment en tant que courant, avant la mise en hibernation dans l’alliance.

La législature qui vient de prendre fin a été très décevante car fonctionnant totalement à l’ombre d’une coalition présidentielle qui a gelé les différences et transformé les parlementaires en fonctionnaires de la politique. Il ne s’est presque rien passé au cours de cette législature. Le plus marquant a été cette valse en deux temps où les députés de l’alliance ont approuvé dans le même élan une loi lourde sur les hydrocarbures et son contraire. Même la pseudo-tempête menée par les députés du FLN pour justifier le renvoi d’Ahmed Ouyahia de la chefferie du gouvernement n’avait pas fait illusion.

Que sera la prochaine Assemblée populaire nationale ? A l’évidence, guère différente de celle de la législature en question. Plus triste même si l’on prend en compte l’élimination, juridiquement discutable, d’un Abdallah Djaballah qui jouait à l’intérieur à l’opposant velléitaire. Ses successeurs paraissent dans la pente de l’alliance et même le RCD, sur le retour, ne rejette pas l’idée d’une participation au gouvernement.

Bien entendu, les appareils font ce qu’ils veulent ou ce qu’ils peuvent, mais n’allons pas chercher plus loin les raisons du désintérêt des citoyens pour la politique en général et pour les élections en particulier. Car, dans ce domaine, il ne s’agit pas d’inventer l’eau chaude. La politique n’a de sens que si elle est une compétition ouverte et libre entre un gouvernement et une opposition. On n’est pas dans ce cas de figure, même avec les efforts laborieux et vains d’un MSP pour suggérer qu’il est au gouvernement tout en étant l’opposition.

Chawki Salhi, du PST, n’a pas tort de constater qu’il existe une coalition gouvernementale «élargie à ceux qui font allégeance à la personne du Président» et «aux personnes qui attendent de rentrer dans le gouvernement». Cela fait beaucoup de monde, cela ne fait pas un débat politique. Cela ne constitue pas un motif d’intérêt pour les citoyens.